GR 65 : Miradoux → Lectoure (16 km) - juin 2017
C’est sur la terrasse du gîte que Stéphane, le propriétaire, a dressé la table du petit déjeuner. Comme d’habitude, nous sommes les derniers à quitter l’hébergement. Nous remercions notre hôte et entamons cette courte étape vers Lectoure, capitale de la Lomagne.
Le GR 65 quitte Miradoux en suivant la D953, pendant 1 km. Sur la droite, au milieu de la campagne, nous apercevons le château de Fieux. Au croisement avec la D23, nous empruntons cette dernière sans toutefois cheminer dessus, car récemment, un sentier parallèle y a été aménagé.
300 mètres plus loin, nous prenons, sur la gauche, un chemin montant le long de champs de tournesols. Après 600 mètres, nous redescendons de cette colline en suivant des chemins herbeux au milieu de la campagne.
À droite, dominant la vallée de l'Auroue, nous découvrons les ruines du château de Gachepouy. Il est implanté, à 175 m d'altitude, sur une motte circulaire ; le toponyme -pouy (latin podium) indique bien une position en hauteur. Un premier château aurait existé depuis une époque indéterminée.
Le château actuel aurait été élevé au XIVe siècle, dans un but défensif, mais avec les caractères propres au château gascon : pas ou très peu de défenses extérieures, rez-de-chaussée hermétique. Au XVIe siècle, on le dote de défenses adaptées : bouches à feu.
Entre 1579 et 1584, le château est presque entièrement reconstruit et aménagé en résidence par Anne d'Aydie, baronne de Pordéac. Au cours des siècles suivants, les propriétaires successifs procèdent à des aménagements de confort. Le château est encore habité et meublé au début du XXe siècle. Abandonné durant la Première Guerre mondiale, il tombe peu à peu en ruine et ses pierres servent à empierrer les chemins voisins.
Après avoir franchi la rivière l’Auroue, nous longeons, à nouveau, la D23, sur des sentiers aménagés. Vers 9 h 30, nous entrons dans Castet-Arrouy où nous effectuons une petite pause.
Le village aurait été, à l’origine, un fortin en terre et en bois. En témoigne la forme ovale ainsi que le nom donné au chemin qui le contourne au sud : « Les Baradasses », ce qui signifie le fossé. L’église Sainte-Blandine, d’époque gothique, renferme un décor et un mobilier de la fin du XIXe siècle. Le clocher, carré à la base, se termine par un étage octogonal ; une pierre gravée indique qu’il fut achevé le 26 mai 1546.
Par la D23, nous quittons Castet-Arrouy ; sur un peu plus de deux kilomètres, nous allons longer la départementale en empruntant la sente aménagée. Tantôt du côté droit de la route, tantôt du côté gauche, ce parcours, entre champs et sous-bois, est bien agréable.
À la fin de ce tronçon, nous prenons un chemin de terre passant près d’une ferme dite de « La Peyronelle ». Un panneau nous explique les origines du lieu qui serait un ancien petit hôpital de campagne sur le Chemin de Compostelle. Les vestiges actuels correspondent à la datation du XIIIe siècle que l’on trouve dans les textes.
Après La Peyronelle, le tracé blanc et rouge va suivre le ruisseau de Lesquère, qui serpente dans le vallon, et ses petits lacs. Progressivement, entre les champs de tournesols et de céréales, nous prenons de l’altitude. Nous passons au lieu-dit Pitrac où nous abandonnons les petits chemins pour une allée goudronnée.
Cette voie passe à côté d’une ferme où de nombreux légumes sont cultivés. Au sommet, au bord de la N21, une échoppe propose à la vente les divers produits issus de l’exploitation agricole.
De l’autre côté de la grand-route, nous apercevons Lectoure, qui semble si proche, mais il nous faudra encore marcher 4 kilomètres pour y parvenir. Dans le lointain, nous sommes surpris d’apercevoir les Pyrénées... Nous descendons un chemin herbeux, toujours entre les champs de céréales et de tournesols.
Un kilomètre plus loin, nous prenons, sur la droite, une petite route goudronnée montant vers un quartier résidentiel. Le GR 65 descend à nouveau dans les champs de céréales avant de retrouver le goudron qu’il ne quittera plus aujourd’hui.
C’est par une rude montée que nous entrons, peu avant midi, dans Lectoure. N’ayant pas prévu de pique-nique, nous nous mettons à la recherche d’un restaurant dans le centre-ville. Après quelques recherches, nous trouvons notre bonheur dans un établissement proposant un menu à 21 €. Nous partons ensuite découvrir la ville et quelques-uns de ses principaux monuments.
La situation géographique en « éperon barré » de Lectoure a toujours favorisé l'occupation humaine. Oppidum aquitain, puis occupée pacifiquement par les Romains, la cité s'étend alors dans la plaine et connaît une longue période de prospérité. Les invasions barbares successives obligent cependant les habitants à revenir sur la hauteur, à élever des remparts et à faire de Lectoure une place forte pendant plusieurs siècles.
Capitale du comté d'Armagnac, elle connaît plusieurs sièges, notamment celui de 1473 qui voit la capitulation et la mort de Jean V d'Armagnac, et une destruction presque totale. Réunie à la couronne de France, Lectoure renaît de ses cendres. Elle subit de nouveaux sièges lors des guerres de Religion. Les XVIIe et XVIIIe siècles sont une période calme où s'épanouit une société bourgeoise.
L’axe principal de la cité est constitué par la rue Nationale, ancienne rue Royale et rue Impériale, où se trouvent plusieurs hôtels particuliers des XVIIe et XVIIIe siècles tel « l’Hôtel des Trois Boules » qui se signale par son grand portail classique sommé de trois boules de pierre ; cet hôtel est aujourd’hui le presbytère.
Dans cette rue Nationale, nous découvrons aussi la tour d'Albinhac. Datant du XIIIe siècle, c'est la dernière des « maisons fortes » (ultimes refuges en cas d’invasion ou de prise de la ville) qui subsiste du Moyen Âge ; elle abrite aujourd’hui un café-bar et des logements.
Un peu plus loin, dans la même rue, on peut admirer le portail de l'église du couvent des Cordeliers. L’église, construite aux XIVe et XVe siècles, est vendue comme bien national à la Révolution. Sa destruction est entreprise dès la fin du XVIIIe siècle, mais, vers 1810, sa fonction de halle aux grains la sauve d'une destruction totale. Dans les années 1820, l'installation d'une maison d'arrêt dans ses murs entraine la modification du portail de l'église.
La tour d'Albinhac (gauche) et le couvent des Cordeliers (droite)
La cathédrale Saint-Gervais occupe l’emplacement d’un temple gallo-romain. On le sait par la découverte, lors de la reconstruction du chœur en 1540, d’un autel taurobolique (sacrifice de taureaux au sang purificateur). Édifiée au XIIIe siècle, l’église fut mutilée lors du siège de la ville par Louis XI.
En 1487, l’évêque fait appel à un maître d’œuvre tourangeau qui refait la nef, la façade et, son chef-d’œuvre, le clocher-donjon, qui, prolongé d’une flèche, avoisine les 90 mètres de hauteur ce qui en fait l'un des plus hauts édifices de l'époque. L’évêque décide, en 1540, de poursuivre la rénovation en remplaçant le chœur roman et en améliorant la nef.
Lors des guerres de Religion, la cathédrale, dont la reconstruction n’est pas terminée, voit ses voûtes abattues et le mur sud presque rasé. En 1742, on décide d'une grande campagne de travaux, mais les conflits incessants entre l’évêque et les consuls ainsi que la difficulté de réunir les sommes nécessaires réduisent le projet à quelques réparations aux moindres frais.
Faute d’engager 145 livres pour des réparations au clocher, on en arrivera, en 1782, à devoir dépenser plus de 10 000 livres pour démolir la flèche et l'étage octogonal qui la supportait.
Dans le bas de la ville, nous admirons la fontaine Hountélie, plus souvent appelée fontaine Diane. Celle-ci est alimentée par trois sources souterraines connues depuis l'Antiquité et sans doute aménagées dès cette époque. Sous sa forme actuelle, la fontaine date du début du XIIIe siècle. Au XVe siècle, on protège la fontaine par une grille et des canonnières sont percées à l'étage.
Ce niveau supérieur a accueilli un garde, puis le « fountenier » chargé de l'entretien. Au milieu du XVIIIe siècle, l'eau de la fontaine est utilisée par les artisans et notamment les tanneurs. Leurs ateliers étaient situés en contrebas, le long d’une ruelle appelée « carrelot merdous » (en raison des odeurs émanant de cette activité).
Si jusqu’ici, nous n’avons pas évoqué le gîte où nous logeons cette nuit, c’est parce qu’il ne mérite aucune publicité ! La propriétaire, peu accueillante, nous reçoit dans la salle à manger, encombrée d’un tas d’objets inutiles proposés à la vente. Elle préfère vanter les massages proposés par son mari plutôt que de s’intéresser un minimum à nous.
Les dortoirs, peu spacieux, mériteraient un bon rafraichissement. Si les douches (dont la température n’est pas réglable) fonctionnent sur minuterie afin d’économiser l’eau... les lavabos, par contre, ne sont pas équipés de bouchons !
Le gite ne proposant pas le repas du soir (ce qui est probablement préférable), nous nous rendons au restaurant « Le Rouge-gorge » où nous apprécions le menu à 18 € (soupe froide au concombre et à la menthe, hachis Parmentier de porc, fondant au chocolat). Vers 22 h 30, après une dernière promenade dans Lectoure, afin de profiter un peu de la fraicheur du soir, nous rentrons nous coucher.