Les Randos de Fred & Paul

GR 65 : Aire-sur-l'Adour → Pimbo (27 km) - août 2018

Vers l’an 56 avant J.-C., Aire-sur-l'Adour s’appelait Vicus Julii. Au début du VIe siècle, sous les Wisigoths, le roi Alaric II y promulgua son « Bréviaire », un code inspiré du droit romain. La présence d’un représentant de l'évêque d'Aire-sur-l'Adour au concile d’Agde de 506 fait remonter très loin l’assurance d’un siège épiscopal en ces lieux.

Dans la ville basse, où résidaient les évêques, la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, souvent remaniée et curieuse par son aspect hétéroclite, n’a conservé du XIIe siècle que trois travées et une abside. La sévère façade du XIIIe siècle, surélevée d'une tour à toit d'ardoise, a pour portail une simple voussure en arc brisé.

Aire-sur-l'Adour, cathédrale Saint-Jean-Baptiste

Vers 8 h 20, après un bon petit déjeuner, nous quittons le gîte. Nous allons d’abord vers les halles où se tient le marché, le samedi matin, afin de faire quelques provisions pour les prochains jours. Le soleil, déjà bien présent, nous accompagnera toute la matinée ; l’après-midi sera plus nuageuse, mais restera sèche.

Nous commençons l’étape par une bonne côte (de 85 à 154 mètres d’altitude) et passons ainsi devant l’église Sainte-Quitterie. En suivant la rue du Mas, nous rejoignons, près du sommet, la D834. Nous empruntons brièvement cette route puis, au-delà d’un rond-point, nous traversons, durant un kilomètre, un quartier résidentiel.

Le tracé blanc et rouge descend à travers bois, mais toujours sur l’asphalte, rejoindre le lac de Brousseau (120 mètres d’altitude). Ce lac artificiel de 37 ha est situé dans un environnement boisé qui en fait une zone riche en biodiversité et une halte privilégiée pour les oiseaux migrateurs. Pendant 1,2 km, par des sentiers gravillonnés, et par endroits, des caillebotis, nous longeons ce lac.

GR 65 entre Aire-sur-l'Adour et Miramont-Sensacq, lac du Brousseau

Nous passons sous l’A65 (l’autoroute qui relie Langon à Pau depuis décembre 2010) et montons, via un chemin caillouteux, rejoindre le plateau agricole. Arrivés sur ce dernier, nous entamons un long tronçon campagnard, en faux-plat. Les lignes droites asphaltées succèdent aux allées rectilignes gravillonnées et ainsi de suite pendant neuf kilomètres !

GR 65 entre Aire-sur-l'Adour et Miramont-Sensacq

Si de temps à autre, le GR 65 progresse en lisière d’un bosquet généralement, ce sont d’immenses champs de maïs qui nous entourent. Dans certains, nous remarquons que la partie haute des épis a été coupée. Nous apprendrons plus tard que ce procédé, principalement exécuté dans le Gers et les Landes, s’appelle la castration (ou écimage) du maïs.

Plante dite « monoïque », le maïs possède sur un même plant, en deux endroits différents, les organes de reproduction féminin et masculin. La fleur mâle forme une panicule plumeuse tout en haut de la tige. La fleur femelle est située un peu plus bas sur la tige, à l'aisselle des feuilles ; c'est elle qui deviendra épi de maïs une fois fécondée. Grâce à la libération des pollens de la panicule mâle sur la fleur femelle, le maïs a la capacité de s'autoféconder.

La castration a pour but d'éviter l'autofécondation afin d’améliorer le rendement qualitatif et quantitatif des grains. On cherche à croiser des variétés mâles et femelles différentes, ce qui permettra un rendement du maïs semence bien plus élevé l'année suivante. L’opération, qui peut se faire manuellement ou par des procédés mécaniques, attire une main-d’œuvre saisonnière en été (fin juillet à début août) ; souvent des étudiants en quête d’un emploi au grand air.

GR 65 entre Aire-sur-l'Adour et Miramont-Sensacq GR 65 entre Aire-sur-l'Adour et Miramont-Sensacq

Nous quittons le plateau (188 mètres d’altitude) et descendons, à travers bois, franchir le ruisseau « Bahus » ; ce court tronçon est bien agréable, car il vient briser la monotonie du parcours. De l’autre côté du cours d’eau, nous montons, de nouveau dans les champs de maïs, en direction de Miramont-Sensacq.

GR 65 entre Aire-sur-l'Adour et Miramont-Sensacq

Vers 12 h 30, nous entrons dans ce village qui, après 18 km, marque pour de nombreux pèlerins la fin de l’étape. Miramont-Sensacq est le deuxième sommet des Landes avec ses 216 mètres d’altitude ; c’est pour nous le point culminant de l’étape.

Miramont-Sensacq

Depuis l’esplanade proche de l’église Saint-Martin, où nous trouvons un banc pour effectuer la pause pique-nique, nous profitons d’une belle vue sur toute la chaîne des Pyrénées, de la Bigorre au Pays Basque. Au loin, nous devinons Pimbo, et son imposante église, où nous serons dans trois heures.

En 1274, Miramont est érigé en bastide par le roi Edouard Ier d'Angleterre. À Paris, en février 1845, par ordonnance du roi Louis-Philippe, les communes de Sensacq et de Miramont sont réunies en une seule. En 1881, la commune comptait 841 habitants, elle en compte actuellement 372.

Miramont, église Saint-Martin

La pause est écourtée par l’arrivée d’un groupe de trois randonneurs, dont deux fumeurs. Nous descendons dans le village et le quittons en suivant, pendant 2 km, la D314 ; un parcours, peu passionnant, rendu pénible par la chaleur. Peu après le lieu-dit « Jamboué-de-la-Lande », le tracé blanc et rouge abandonne l’asphalte et passe au milieu d’une exploitation agricole.

GR 65 entre Miramont-Sensacq et Pimbo

Par un chemin de terre, nous descendons vers une forêt où nous franchissons, à gué, le ruisseau « Grand Bas ». À la sortie de la forêt, nous apercevons l’église de Sensacq vers laquelle nous nous dirigeons.

GR 65 entre Miramont-Sensacq et Pimbo

L'édifice a été construit entre le XIe et le XIIe siècle, sur l'emplacement d'un site antique dont il remploie les matériaux. L'église a subi des démolitions dues aux guerres de Religion avant d'être restaurée. Autrefois placée sous l'invocation de Saint-Jacques, elle est dotée d'un clocher-mur et de fonts baptismaux carolingiens par immersion. Si sa situation, isolée en rase campagne, étonne, c’est parce qu’elle est l’unique vestige d'un ensemble plus vaste.

Sensacq, église Saint-Jacques GR 65 entre Miramont-Sensacq et Pimbo

Nous empruntons une petite route, sur 700 mètres, et montons ensuite (de 131 à 189 mètres d’altitude), par un chemin empierré, rejoindre la D111. Le GR 65 ne reste pas longtemps sur cette route puisqu’après 100 mètres, il tourne à gauche et descend dans un bois. C’est pour nous le plus beau tronçon de cette longue étape.

GR 65 entre Miramont-Sensacq et Pimbo GR 65 entre Miramont-Sensacq et Pimbo

Vers 15 h 30, après une bonne petite côte, nous arrivons à Pimbo où nous avons réservé une chambre d’hôte à la « Maison Lisote ». En arrivant sur la terrasse, on comprend, grâce à la vue sur les Pyrénées, pourquoi Roxane, la nouvelle propriétaire des lieux, a eu le coup de cœur pour cette demeure. Après un rafraichissement, nous prenons possession de la chambre, située au rez-de-chaussée.

Nous nous rendons au centre d’accueil, à côté de l’église, et y dégustons une bière blonde locale : la Pègue, brassée à Arzacq-Arraziguet (où nous passerons demain). En gascon, Pimbo veut dire le « thym » et, pour les voisins béarnais « à Pimbo » équivaut à « au diable Vauvert ».

La collégiale aurait été fondée, en 778, par Charlemagne, de retour d’Espagne. Ce qui est certain, c’est qu’il y eut très tôt des bénédictins dans ce village surplombant la vallée du Gabas. Pimbo est la plus ancienne bastide des Landes (1268). La collégiale Saint-Barthélemy a été construite sur le site d’un ancien monastère. Le porche roman du XIIe siècle se compose de différentes voussures sculptées.

Celles-ci présentent des ornements géométriques et végétaux ainsi que six personnages assis et parfois enlacés. Le tympan a été partiellement détruit pendant les guerres de Religion. Le clocher-mur, très épais, surplombe le portail ; deux arcades abritent les cloches. Au sommet, côté nord, un rampant en escalier permet d’accéder au chemin de ronde, d’où les archers défendaient la collégiale.

Pimbo, collégiale Saint-Barthélemy

Depuis le jardin, situé à l’arrière de l’église, on remarque les différences que présente l’ensemble : les absidioles n’ont pas de contreforts et ne sont éclairées chacune que par une fenêtre très étroite en plein cintre, alors que l’abside, renforcée par des contreforts qui montent jusqu’à une corniche avec des modillons sculptés, possède trois larges fenêtres.

Pimbo, collégiale Saint-Barthélemy (vue arrière)

Nous prenons le repas du soir, sur la terrasse, en compagnie de la propriétaire et de deux randonneuses autrichiennes. Roxane nous a préparé une salade mixte, un magret de canard accompagné de pâtes et un sorbet ; le tout accompagné d’un rosé de pays. Après un digestif, nous regagnons notre chambre pour une bonne nuit de repos.

Plan du parcours