Les Randos de Fred & Paul

GR 65 : Navarrenx → Aroue (19 km) - août 2018

Vers 8 h 30, après un bon petit déjeuner, nous quittons le gîte et remercions Maria et Fabian pour leur hospitalité. Nous effectuons quelques achats pour le repas de midi et traversons ensuite toute la bastide en direction du gave d’Oloron. Le tracé blanc et rouge pénètre dans le centre de Navarrenx en passant la porte Saint-Germain. Aussi appelée « porte de France », elle a été détruite en 1885 lors de travaux de voirie. Un pont dormant, muni de plusieurs arches, existe toujours sous la route actuelle.

Nous empruntons la rue Saint-Germain et tournons à gauche, après 300 mètres, sur la place des Casernes ; dénommée ainsi en raison de la présence des casernes. Celles-ci semblent avoir été construites vers 1550, soit quelques années après les fortifications. Au bout de cette place, nous passons sous la porte Saint-Antoine ; la seule des deux anciennes entrées dans la ville qui subsiste. Navarrenx possédait jadis une commanderie, un hôpital et une chapelle Saint-Antoine qui avaient été construits pour l’accueil des pèlerins. Lors de la construction des remparts, la porte a été édifiée sur les ruines de la chapelle et fut dénommée « Saint-Antoine » en souvenir de l’ancien édifice.

GR 65 : Navarrenx, porte Saint-Antoine

L'entrée, percée dans un flanc de bastion, est dissimulée derrière un orillon ; elle n’est donc pas visible depuis la berge opposée. La porte était autrefois défendue par un pont-levis dont on distingue encore les espaces longitudinaux destinés au passage des chaînes. Sous le passage, il est possible d'accéder à deux postes de tir qui défendaient l'entrée par des meurtrières. Le reste du volume intérieur de la porte est occupé par deux locaux dont l'un servait de prison, l'autre de poste de garde. La porte étant trop étroite pour permettre la circulation routière, une brèche a été créée, un peu plus loin, dans les remparts.

GR 65 : Navarrenx, porte Saint-Antoine

Nous franchissons le gave d’Oloron qui naît, à Oloron-Sainte-Marie, de la confluence du gave d'Aspe et du gave d'Ossau. À partir de sa confluence avec le gave de Pau, après 149 km, il prend le nom de « gaves réunis » ; ce dernier se jette dans l'Adour, à Peyrehorade (Landes). En 1188, pour faciliter la traversée de la rivière qui jusque-là se faisait à gué, le vicomte de Béarn Gaston VI octroie la charte dite du « Pont de Navarrenx ». Celle-ci prescrit la construction d’une passerelle en bois remplacée, un siècle plus tard, par un pont de pierre. Le pont, reconstruit en 1583, a été réparé plusieurs fois avant de voir sa largeur portée à 5,5 mètres en 1988.

GR 65 : Navarrenx, pont sur le gave d'Oloron

Sur l’autre rive, nous suivons, en légère montée, la D115 sur 1,3 km. Sur ce parcours, nous découvrons une chapelle dédiée à Saint-Joseph. Cet édifice a été érigé, en 1872, suite à un vœu du curé de Castetnau-Camblong qui s’était engagé à cette réalisation si le village était protégé de l’épidémie de variole qui sévissait alors. Nous quittons la départementale et grimpons, par un sentier, vers le centre de Castetnau-Camblong (156 mètres d’altitude).

GR 65 entre Navarrenx et Lichos

À la sortie du village, nous descendons un chemin gravillonné passant entre bois et prairies. Après la traversée du ruisseau « Lausset », nous montons une large allée forestière, puis redescendons, sur le même revêtement, vers un autre ruisseau : le Harcellane. Peu après ce cours d’eau, le GR 65 rejoint une petite route qu’il emprunte sur 1,3 km.

GR 65 entre Navarrenx et Lichos GR 65 entre Navarrenx et Lichos

Au terme de ce tronçon asphalté, nous prenons, sur la droite, un chemin de terre montant vers le coteau boisé. Bien dissimulé dans la végétation, nous découvrons un genre de mirador qui est en fait une palombière. Cette construction permet de voir arriver, au-dessus des arbres, la palombe (pigeon ramier) pour ensuite l’abattre à coups de fusil.

GR 65 entre Navarrenx et Lichos GR 65 entre Navarrenx et Lichos, palombière

Nous retrouvons Martine et Luc et cheminons quelques instants avec eux. Ensemble, nous descendons (de 177 à 140 mètres d’altitude) un chemin herbeux, en lisière de forêt, menant au ruisseau « Gassou dou Boué ». De l’autre côté de ce cours d’eau, nous grimpons, entre champs et prés, un chemin caillouteux aboutissant à la D115.

GR 65 entre Navarrenx et Lichos GR 65 entre Navarrenx et Lichos

Ayant déjà parcouru dix kilomètres, nous nous octroyons une pause boisson. De chaque côté de la grand-route, des haltes ont été aménagées pour permettre aux pèlerins de se reposer un peu. Nous optons pour l’abri d'un producteur de pâtés, foie gras et confits. Les différents produits sont proposés à la vente au sein même de ce petit abri. Selon le producteur, nous aurions effectué la partie la plus difficile de l’étape.

GR 65 entre Navarrenx et Lichos

Nous descendons du point culminant de l’étape (188 mètres d’altitude) en suivant, pendant trois kilomètres, la D343. Nous progressons essentiellement entre les champs de maïs où les arbres sont malheureusement assez rares. En cours de route, nous trouvons cependant une aire de pique-nique aménagée dans une petite zone boisée. La pause de midi, dans cet endroit ombragé, se passera très agréablement en compagnie de Martine et Luc, ainsi que de Léo et Benoit. Ce dernier effectue, en voiture, les étapes et rejoint le couple de Charleville-Mézières à différents endroits sur le Chemin.

GR 65 entre Navarrenx et Lichos

Après cette pause, de près d’une heure, nous atteignons le hameau de Cherbeis et prenons ensuite la direction de Charre. Un peu avant ce village, nous empruntons un passage souterrain permettant de traverser, en toute sécurité, la D23. Au cours des années 1920, une voie de chemin de fer longeait le Saison. À hauteur du village, sur la route qui mène à la rivière, une gare a été construite ; il y passait jusqu'à 10 trains par jour. Nombreux furent ceux qui empruntèrent ce moyen de communication pour aller soit à Mauléon, soit à Sauveterre. La voie ferrée a disparu à la fin des années 1960 et l’on a construit, sur son emplacement, la départementale qui permit de désenclaver le village.

Arrivés de l’autre côté de la D23, nous longeons la grand-route pendant 600 mètres et franchissons, sur celle-ci, le Saison. Cette rivière de 54 km, aussi appelée gave de Mauléon, est le principal affluent du gave d'Oloron. Le Saison marque ici la frontière entre le Béarn et le Pays basque. Du pont, on peut voir le vestige d’une digue ; c’est celle de l’ancien moulin, mais elle marquait aussi sans doute le gué primitif.

GR 65 entre Navarrenx et Lichos, le Saison

Nous atteignons rapidement Lichos, premier village basque que nous rencontrons. Nous effectuons un petit détour afin d’admirer l’église Saint-Grat qui abrite un buste reliquaire de saint Grat, premier évêque d'Oloron, natif de Lichos. Nous découvrons que l’église possède une galerie ou tribune ; nous en verrons de nombreux autres exemples dans les prochains jours...

Curiosités uniques en France, les églises basques à tribunes intérieures en bois se concentrent principalement en Basse Navarre et Labourd, près de la côte atlantique. Elles font leur apparition au XVIe siècle, en raison de la croissance démographique, dans le but d’augmenter la capacité d’accueil des fidèles dans les églises. Cette architecture théâtrale recouvre les murs sur un à trois étages pour certaines églises d’importance comme à Saint-Jean-de-Luz ou à Espelette. La sobriété de ces galeries sombres et aériennes contraste bien souvent avec l’exubérance des retables dorés et baroques qui ornent le chœur. Les tribunes étaient traditionnellement réservées aux hommes, les femmes et les enfants se tenant en bas durant l’office.

GR 65 : Lichos, église Saint-Grat

À la sortie de Lichos, nous traversons une départementale et entamons la dernière ascension de l’étape. Pendant 1,8 km, nous grimpons (de 114 à 177 mètres d’altitude) sur une petite route progressant entre les champs de maïs. Ce parcours est très pénible, car il s’effectue, en plein soleil, sous une chaleur écrasante.

GR 65 entre Lichos et Aroue

Au sommet, le tracé blanc et rouge tourne à gauche et continue, sur la même route, durant 700 mètres. Nous bifurquons à droite et descendons un chemin de terre qui se termine, à l’approche de la D11, par un raidillon. En suivant la départementale sur 400 mètres, nous arrivons à la ferme Bohoteguia, où se termine, vers 14 h, cette étape. Ce gîte se situe à un kilomètre du village d'Aroue.

GR 65 entre Lichos et Aroue

En l’absence de Simone, la propriétaire des lieux, l’accueil est effectué, de manière expéditive, par une employée. Le gîte, assez récent, est situé à l’emplacement de l’ancienne étable. Il dispose de plusieurs chambres, de 2 à 6 lits, et de sanitaires à partager (5 douches et 5 WC). Tout comme le gîte précédent, à Navarrenx, chaque soir, une lessive gratuite est proposée ; il suffit de mettre ses vêtements dans un bac et d’aller les récupérer, dans la soirée, sur le séchoir.

Vers 16 h 30, après avoir dégusté une bière régionale, nous faisons la connaissance de Simone. Habituée à parcourir le Chemin de Compostelle, elle dispense ses conseils pour les prochaines étapes : raccourci, ravitaillement,... C’est sur la terrasse du gîte, en compagnie de six autres randonneurs (dont certains déjà rencontrés précédemment), que nous prenons l’apéritif puis le repas : entrée, plat, fromage, dessert. Le vin est, comme bien souvent, à volonté ; pour ceux qui le souhaitent, une tisane à la verveine est proposée.

GR 65 : Aroue, ferme Bohoteguia