Les Randos de Fred & Paul

Groene Gordel : Lennik → Hal (20 km) - décembre 2015

Le village de Sint-Kwintens-Lennik s’étend au centre du Pajottenland, à égale distance de Bruxelles, Enghien et Ninove. L’église Saint-Quentin, édifiée aux XIIIe et XIVe siècles dans le style gothique rayonnant brabançon, devint, en 1858, la proie des flammes, mais sa reconstruction fut entamée quelques années plus tard. Lors de ces travaux, la tour s’effondra, détruisant le chœur sud. La tour, reconstituée ensuite, s’élève à 69 mètres et la flèche, avec ses 44 mètres, est la plus haute du Brabant.

Streek-GR Groene Gordel : Sint-Kwintens-Lennik, église Saint-Quentin

Sur la Grand-Place, servant malheureusement de parking, trône une gigantesque statue, de quatre mètres de haut, représentant un cheval de trait brabançon dénommé « Prins - La fierté du Brabant ». Cette statue de bronze de deux tonnes, érigée en 1992, a été en partie financée par la brasserie Palm. Nous reviendrons plus loin sur l’histoire du cheval de trait brabançon.

Streek-GR Groene Gordel : Sint-Kwintens-Lennik, statue du cheval de trait Prins

Nous quittons le village en empruntant un étroit sentier entre deux habitations. Celui-ci nous mène dans la Diepenbroekstraat que nous suivons sur 200 mètres. Le Streek-GR Groene Gordel prend ensuite la direction d’une imposante ferme « Hof te Ilingen », datant du XIXe siècle, mais dont l’origine remonterait au XIIe siècle. Après cette ferme, nous suivons des petites routes, au milieu des campagnes. Au loin, nous apercevons une imposante tour, près de laquelle nous passerons dans 14 kilomètres ! Nous longeons la ferme « Hof Walraevens », puis nous nous dirigeons vers Gaasbeek via la Donkerstraat, un chemin pavé entre les terres cultivées et les prairies.

Streek-GR Groene Gordel entre Sint-Kwintens-Lennik et Gaasbeek

Vers 11h30, nous atteignons le centre du village et, sur l’Arconateplein (du nom de la famille Arconati qui vécut longtemps dans le château), nous découvrons le pilori qui symbolisait jadis le pouvoir des seigneurs de Gaasbeek.

Streek-GR Groene Gordel : Gaasbeek, pilori

L’église Notre-Dame se dresse sur le côté est de la place. Ce bâtiment en briques, dont l’aspect actuel remonte au XVIIIe siècle, date de 1381 lorsque Sweder Abcoude, seigneur de Gaasbeek, éleva la chapelle locale au rang d’église paroissiale. Le lien avec les seigneurs de Gaasbeek était très fort, comme on peut notamment le voir, au-dessus de la porte d'entrée, avec les armoiries de la famille Schockaert qui vécut dans le château au XVIIIe siècle ; ainsi que sur les vitraux aux armoiries des Sweder d’Abcoude et des Arconati Visconti. L'intérieur de l’édifice est de style baroque et rococo. Le cimetière, entourant l’église, compte quelques pierres tombales intéressantes dont celles de la famille Arconati Visconti.

Streek-GR Groene Gordel : Gaasbeek, église Notre-Dame Streek-GR Groene Gordel : Gaasbeek, église Notre-Dame (vitraux)

En suivant l’Onderstraat, nous arrivons devant la grille du parc du château de Gaasbeek. Si le tracé ne pénètre pas dans la propriété, il est cependant intéressant d’évoquer son histoire :

Le château de Gaasbeek a été érigé, aux alentours de 1240, par le duc de Brabant, Godefroid de Louvain, afin de défendre son duché contre les comtés voisins de Flandre et de Hainaut. Au cours des générations suivantes, la seigneurie de Gaasbeek devint, par le biais de mariages et d’héritages, la propriété des familles de Horne et d’Abcoude. En 1388, le château est assiégé et ravagé par les Bruxellois en représailles à l’assassinat d’Éverard t'Serclaes (comme nous l’avons vu lors de l’étape précédente). L’histoire raconte que, lors de ce siège, les Bruxellois ont mangé une quantité si importante de poulets qu’ils ont été surnommés « Kiekenfretters ». La reconstruction du château, après ce saccage, a duré près de 150 ans.

En 1565, Lamoral d’Egmont acquiert le domaine de Gaasbeek, comprenant le château et dix-sept villages. Ce personnage est surtout connu pour sa mémorable arrestation par le duc d’Albe et sa décapitation sur la Grand-Place de Bruxelles, le 5 juin 1568, en compagnie du comte de Hornes. Durant la Guerre de Neuf Ans (1688 - 1697), le château est bombardé par les troupes françaises de Louis XIV ; l’aile sud-est est entièrement détruite. Lors de la conférence de paix qui met un terme à cette guerre, Louis Alexandre Schockaert intervient en tant que délégué du roi d’Espagne. Il restaure le château et le transforme en demeure résidentielle. L’aile détruite n’est pas reconstruite ; la fonction défensive est, en effet, devenue obsolète, étant donné que les murs du château ne font plus le poids face aux nouveaux canons.

Streek-GR Groene Gordel : Gaasbeek, château

La petite-fille de Louis Alexandre Schockaert épouse le marquis Giovanni Galeazzo Arconati Visconti, chambellan de l’impératrice autrichienne Marie-Thérèse à Bruxelles. En 1796, Paul Arconati, leur plus jeune fils, devient propriétaire du château ; cet extravagant marquis l'utilise comme résidence d’été. Fervent admirateur de Napoléon, il fait ériger un arc de triomphe dans le parc (l’objectif était de construire une route reliant directement Bruxelles et Paris le long de cet arc de triomphe). Le château en lui-même est quelque peu laissé à l’abandon.

Le dernier descendant de cette famille épouse, en 1873, Marie Peyrat. Ce mariage ne dure pas longtemps puisqu’il meurt trois ans plus tard. La marquise fait restaurer le château, alors dans un état pitoyable, dans le style néo-renaissance. L’architecte-décorateur bruxellois Albert Charles est responsable des travaux de rénovation. À l’extérieur, il conserve le caractère défensif, mais à l’intérieur, tout est transformé dans le style gracieux de la Renaissance. Pour la décoration des chambres et le mobilier, Albert Charles va chercher l’inspiration dans des châteaux et des musées, principalement français. En 1921, la marquise Marie Arconati Visconti fait don du château et d’une partie du mobilier à l’État belge pour qu’il en fasse un musée. Elle décède à Paris, trois ans plus tard, ne laissant aucun héritier.

En cheminant, le long des étangs, nous apercevons le flanc sud du château planté d’un vignoble et un peu plus loin, la chapelle Sainte-Gertrude.

Streek-GR Groene Gordel : Gaasbeek, chapelle Sainte-Gertrude

Nous nous dirigeons à présent vers Sint-Laureins-Berchem en empruntant un agréable sentier le long d’une prairie où paissent de beaux chevaux brabançons. Le trait belge, parfois encore nommé Brabant ou Brabançon, est une race de cheval née de la fusion de plusieurs races de chevaux de traction. Elle connaît un grand succès durant l'ère du cheval de trait, exportée dans de nombreux pays, dont les États-Unis où elle fait souche sous le nom de Belgian.

L'élevage de la race cheval de trait belge date du début du XVIIe siècle quand les diligences postales sont introduites. Sous le règne français et le Premier Empire, de nombreux chevaux sont utilisés pour la cavalerie et l'artillerie de Napoléon. En 1806, celui-ci créé à ces fins les haras impériaux. Durant la période hollandaise (1814 - 1830), l'élevage n'est plus encouragé. Voilà pourquoi, en 1830, la Belgique ne possède plus de chevaux de qualité. Le nouveau gouvernement prend immédiatement des mesures afin de stimuler l'élevage national. Le ministère de l'Agriculture introduit l'expertise obligatoire pour les étalons et investit 30 000 francs-or. Cette politique a du succès et bientôt, on voit d'excellents jeunes chevaux dans les champs.

L'introduction du chemin de fer, en 1835, constitue une nouvelle menace. Les diligences postales disparaissent et des centaines de chevaux de qualité se retrouvent sur le marché. L'agriculture ouvre un nouveau débouché, car il faut des chevaux puissants pour le travail des champs. C'est ce secteur économique qui est à la base du succès international du cheval de trait belge. Comme pour toutes les races de trait, la motorisation de l'agriculture a provoqué un net recul de son élevage.

Streek-GR Groene Gordel entre Gaasbeek et Sint-Laureins-Berchem

Jusqu'à la fusion des communes, Sint-Laureins-Berchem, avec une superficie de seulement 117 hectares, était la plus petite commune du Pajottenland. L'église, de style gothique, a été classée comme monument en 1938. Au-dessus de l'entrée, on peut voir, dans une niche, une statue de saint Laurent. À la sortie du village, nous laissons partir le GR 512 : Brabantse heuvelroute vers la gauche et suivons le balisage jaune et rouge en direction d’Oudenaken, situé un kilomètre plus loin.

Streek-GR Groene Gordel : église de Sint-Laureins-Berchem Streek-GR Groene Gordel : Sint-Laureins-Berchem, séparation du GR 512

Après Oudenaken, le Streek-GR Groene Gordel nous emmène sur un beau sentier le long d’un petit ruisseau, le Molenbeek ; nous devons ensuite franchir deux portillons pour traverser ce qui ressemble à une propriété privée.

Streek GR Groene Gordel entre Oudenaken et Sint-Pieters-Leeuw

Nous retrouvons le GR 512 avec qui nous progressons jusqu’à l’entrée de Sint-Pieters-Leeuw. Ces trois kilomètres, à travers la campagne, s’effectuent d’abord sur des sentiers en bordure de terres cultivées, puis sur des chemins de terre. Après avoir longé un étang, nous traversons, sur un petit pont, le Zuunbeek. Ce ruisseau, qui prend sa source à Kester (70 m d'altitude), traverse Pepingen, Oudenaken et Sint-Pieters-Leeuw avant de se jeter, après 19 km, dans la Senne à Drogenbos, à une altitude de 25 mètres.

Streek-GR Groene Gordel entre Oudenaken et Sint-Pieters-Leeuw Streek-GR Groene Gordel entre Oudenaken et Sint-Pieters-Leeuw, le Zuunbeek

Une fois de plus, le Streek-GR Groene Gordel se sépare du GR 512 : Brabantse heuvelroute, mais nous retrouverons, à nouveau, ce circuit un peu plus loin. C’est dans un café, en face de l’église, que nous effectuons la pause pique-nique. Sint-Pieters-Leeuw, jadis alleu très étendu, a été donné par une certaine dame Angèle, peut-être abbesse de Nivelles, à l’église Saint-Pierre de Cologne pour se mettre sous la protection de l’apôtre. Le domaine était ainsi « assainteuré » contre les agressions du dehors. Malgré cela, l’alleu fut progressivement usurpé par des laïcs et le duc de Brabant Henri II le divisa en seigneuries et échevinats de Leeuw et de Gaasbeek.

Streek-GR Groene Gordel : Sint-Pieters-Leeuw, église Saint-Pierre

Après le repas, nous nous dirigeons, le long d’une drève arborée, vers le château Coloma. Celui-ci, édifié au milieu d'un plan d'eau, date du XVIIe siècle. Ancien siège de l’importante seigneurie de Sint-Pieters-Leeuw, le château, de style renaissance, porte le nom d’un chambellan de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, Charles Vital Alexandre de Coloma. Ce dernier en est devenu propriétaire par son mariage, en 1745, avec Eugénie Roose van der Gracht, petite-fille de Jean-Charles Roose qui avait acheté la seigneurie en 1687.

À la mort, sans héritier, de Charles Coloma, le domaine est dévolu à son cousin puis, par alliance, à la famille de Limburg-Stirum. Le dernier descendant, le comte Christophe de Limburg-Stirum, ne l’habitant plus, le loue à l’État belge entre 1974 et 1980. L’accès au public est alors autorisé et l’entretien du domaine assuré par la commune. Mais le château, inoccupé, se dégrade rapidement, victime des lenteurs administratives. Il est finalement restauré et inauguré en septembre 1992 ; on y trouve aujourd’hui les services administratifs de la commune et un centre culturel.

Streek-GR Groene Gordel : Sint-Pieters-Leeuw, château Coloma

Afin de rendre le parc plus attrayant pour les visiteurs. L’idée est née de réaliser une roseraie, en hommage à la famille Roose ayant autrefois occupé les lieux. L’Agence pour la nature et la forêt a donc décidé de relever le défi. En 1995, le jardin potager a été remplacé par une première roseraie. Celle-ci se compose principalement de roses rouges et blanches et fait référence aux couleurs de la baronnie Roose. L’agencement en formes géométriques rappelle le style renaissance d’origine du domaine et l’ancien jardin potager, aujourd’hui disparu.

Suite à l’appréciation du public et à l’intérêt suscité par les visiteurs, une deuxième partie a ensuite été réalisée : la roseraie flamande. Les principaux obtenteurs de roses flamands y présentent leurs variétés les plus représentatives. Le jardin comprend une sélection de 250 roses. L’idée de créer une promenade parsemée de fleurs est alors rapidement apparue, de même que celle de disposer d’un jardin retraçant l’histoire de la rose à travers les siècles et d’un jardin international. Ces derniers ont été ouverts au public en 2000.

En 2004, un jardin destiné aux rosiers sur tige, dans lequel les fleurs sont regroupées par couleur, a également été aménagé. Par la suite, il a été agrandi pour permettre de cultiver ces rosiers sur tige. Cinq ans plus tard, un jardin japonais, disposant de plus de 150 variétés de rosiers, a été créé. Enfin, en 2012, le jardin chinois a été officiellement ouvert. Suite à la célébration du vingtième anniversaire de la roseraie, la nouvelle rose « Coloma » a été plantée, en 2015, à l’entrée de la roseraie. C’est ainsi que Coloma s’est développé pour devenir l’une des roseraies les plus importantes au monde.

Bien évidemment, comme nous sommes fin décembre, nous ne pouvons pas apprécier cette roseraie et poursuivons donc notre randonnée vers Hal, situé à 7 km. Le tracé jaune et rouge traverse un lotissement, puis emprunte plusieurs étroits sentiers à travers les champs.

Streek-GR Groene Gordel entre Sint-Pieters-Leeuw et Hal

À un carrefour à cinq branches, nous prenons la Victor Maloustraat et bifurquons, après 200 mètres, vers la gauche, dans un chemin de terre nous menant jusqu’à la Pepingensesteenweg. Durant ce trajet, nous passons au point culminant de l’étape, à 67 mètres d’altitude, mais aussi tout près de la tour de la VRT, que nous avions déjà aperçue en début de journée.

La tour, avec ses 302 mètres, est la plus haute structure autonome en Belgique. Son emplacement, au sud-ouest de Bruxelles, a été choisi afin de minimiser les obstacles par rapport à la circulation aérienne de l'aéroport de Zaventem. Après sa construction, en 1994, il est apparu que la tour avait été construite illégalement. Plusieurs plaintes ont été déposées et il fut même suggéré de la démolir. En avril 2007, la tour a rétroactivement acquis son permis légal de construction. Cette tour de béton a un diamètre de 27 mètres à la base et seulement 160 centimètres au sommet. Dans la partie inférieure du bâtiment, on trouve des bureaux, répartis sur quatre étages.

Streek-GR Groene Gordel entre Sint-Pieters-Leeuw et Hal, tour VRT

Après la traversée de la Pepingensesteenweg, nous retrouvons le GR 512 qui nous accompagnera cette fois pendant deux kilomètres. L'itinéraire passe à côté d’un café « In de Oude Smis van Mekingen » datant de 1847. Notre guide aurait aimé y effectuer une petite pause, mais l’établissement est fermé ce jour.

Streek-GR Groene Gordel : In de Oude Smis van Mekingen

Nous empruntons un chemin de terre sur un peu plus d’un kilomètre et franchissons deux petits ruisseaux : le Rodebeek et le Labbeek. Nous atteignons un carrefour où nous quittons, à nouveau et pour la dernière fois, le GR 512 : Brabantse heuvelroute. Un peu plus loin, le Streek-GR Groene Gordel passe entre deux terrains de football avant de rejoindre le canal Bruxelles - Charleroi suivi, sur 400 mètres, jusqu’à une écluse. C’est juste après celle-ci que nous retrouvons les voitures et finissons cette étape. Nous visiterons le centre de Hal lors de l'étape suivante... l’année prochaine.

Tracé de l'étape