Groene Gordel : Vossem → Perk (22 km) - octobre 2016
L'église Saint-Paul de Vossem a probablement été construite vers 1200, en grès local. Le bâtiment d'origine avait une nef, deux bas-côtés, une abside allongée à l'est et à l'ouest, comme une extension, une tour sans porte. L'église était accessible par deux petites portes dans les murs sud et nord. Cette dernière était appelée « la porte des défunts », car, lors des funérailles, le corps du défunt sortait par cette porte avant d’être enterré quelque part autour de l’église. La porte sud a été murée vers 1700.
L’église a subi d’importantes modifications sous l’impulsion du curé Maximilien Snel qui l'a modifiée de 1687 à 1721. Fils d’une très riche famille, il veut mettre l’église au goût du jour - le baroque - et ainsi suivre les directives du concile de Trente. Celui-ci prévoit d’ouvrir les bâtiments à la lumière et de couvrir d’un enduit blanc et sobre tous les murs décorés. Le curé passe à l’action : il enlève des piliers, rehausse le toit et la tour, condamne certaines fenêtres et en ouvre d’autres plus grandes. L’entrée se fait désormais, dans la tour, par un large porche dont la porte présente encore un blason d’Heverlee et le millésime 1699.
Dans le chœur, on remarque d’anciennes fresques du XIIIe siècle. Découvertes, sous leur badigeon blanc, en 1971, elles attendront jusqu’en 1992 pour être restaurées. On peut vaguement distinguer un calvaire en rouge et vert, une croix et un motif en zigzag. Dans une seconde phase, une crucifixion gothique a été peinte par-dessus ces vestiges romans. On peut encore apercevoir les apôtres disposés par paires sur le mur du chœur.
Il est presque 10h30, le temps d’effectuer le transfert des voitures, lorsque nous débutons cette étape. Par un sentier le long de la Voer, nous rejoignons la Dorpstraat. La Voer prend sa source dans le Kapucijnenbos à Tervuren, à une altitude d'environ 80 mètres. À travers les étangs de Warande, elle s’en va vers Vossem, Leefdaal et Bertem. Elle se jette dans la Dyle à Louvain après un parcours d’une quinzaine de kilomètres.
Nous empruntons un sentier bétonné au bout duquel le Streek-GR Groene Gordel abandonne le Streek-GR Dijleland qui continue tout droit vers Leefdaal et Bertem. Le tracé jaune et rouge suit la Boterstraat qui, après les dernières maisons, devient un beau chemin pavé. Celui-ci grimpe lentement nous faisant passer de 58 à 84 mètres d’altitude. Au sommet, nous prenons un chemin herbeux évoluant au milieu des champs. Le ciel qui était menaçant depuis le début de l’étape se décide à nous offrir une petite averse. Le parapluie étant inefficace à cause du vent, il nous faut enfiler la cape afin de rester plus ou moins au sec.
Nous traversons la N3 (Louvain - Bruxelles) et poursuivons, en face, dans la campagne, sur un chemin herbeux. Le Streek-GR atteint le village de Moorsel, mais n’y entre pas, préférant prendre un chemin caillouteux se dirigeant vers le Hogenbos. Ce chemin marque la limite entre les communes de Tervuren et Kortenberg. C’est dans cette dernière que les douze prochains kilomètres s'effectueront.
À Kortenberg, la plupart des chemins et sentiers ont été recensés et numérotés. On y distingue les « buurtweg » (en général trois mètres de largeur) et les « voetweg » (d’une largeur d’environ 1,60 m). Nous suivons, pendant un kilomètre, le voetweg 42 en lisière du Hogenbos. La pluie ayant momentanément cessé, nous pouvons un peu mieux profiter du paysage environnant.
À l’entrée du hameau de Vrebos, nous retrouvons un chemin pavé que nous empruntons jusqu’à un carrefour où se dresse, adossée à un mur, une petite chapelle dédiée à Notre-Dame de Rosberg. À l’origine, cette chapelle, construite en 1961 par un habitant de Vrebos, ne se trouvait pas ici, mais la construction de l’autoroute E40, au début des années 1970, nécessita son déménagement.
C’est sur le buurtweg 3, un chemin pavé devenant un chemin de terre, que nous nous dirigeons, à travers la campagne, vers l’E40. Nous franchissons cette autoroute, assez calme ce dimanche midi, et continuons sur la Hollestraat vers le centre fédéral fermé « De Grubbe » à Everberg. Créé par la loi du 1er mars 2002 comme centre de placement provisoire pour mineurs ayant commis un fait qualifié d’infraction, il héberge des garçons de 14 à 18 ans pour une période maximale de deux mois et cinq jours. Depuis mai 2010, ce centre n'accueille plus que des jeunes placés par des juges de la jeunesse d'arrondissements judiciaires néerlandophones.
Le tracé jaune et rouge nous emmène dans un chemin creux dénommé « Holle weg ». On l'appelle ainsi parce que sa surface se situe en dessous des terres environnantes. L’utilisation de cette voie, pendant des siècles, par les piétons et les calèches, a conduit à un processus naturel d'érosion. Le sol ainsi ameubli se creuse et s’approfondit jour après jour ; le processus continuera tant que le chemin restera non pavé.
Après être passés devant une chapelle, nous prenons le voetweg 24 qui chemine, pendant 300 mètres, le long des jardins de la Merodestraat. Il est près de 13h quand nous nous arrêtons dans un café du centre d’Everberg, où se trouvent déjà de nombreux cyclistes, pour manger nos tartines.
Avant que le groupe ne reprenne sa route pour parcourir les douze kilomètres de l’après-midi, je me rends jusqu’à l’église d’Everberg, à quelques mètres du café. Dédiée à Saint-Martin et à Saint-Louis, l’église possède encore sa tour romane du XIIe siècle. Le chœur, du XVIe siècle, est de style gothique tardif. La nef et les deux bas-côtés de style néogothique ont été reconstruits, entre 1890 et 1893, selon les plans d’Henri Beyaert (celui dont le portrait figurait sur les billets de 100 francs belges entre 1977 et 1995). À l’intérieur, on peut voir d'anciennes pierres tombales des familles de Rubempré et de Merode ; durant des siècles ces familles avaient des privilèges et des places réservées dans l'église.
Nous quittons Everberg en empruntant le voetweg 24. Ce sentier rejoint la Steenhofstraat où l’on peut admirer, sur la gauche, le Biesthof, un ancien corps de ferme dont la partie la plus ancienne date de 1647. De 1684 à 1984, cette ferme a appartenu aux princes et comtes de Rubempré et de Merode.
Afin d’admirer le château d’Everberg, nous faisons une petite infidélité au Streek-GR. Everberg devint une principauté en 1686 au bénéfice des princes de Rubempré, grands veneurs du Brabant. Le château, situé dans les marais, appelé « Hof van Montenaken » est la construction la plus intéressante de la commune. En 1743, il fut le théâtre d'une aventure romantique. Le troisième prince de Rubempré se maria avec la femme de chambre de sa mère, ce qui lui coûta quelques mois de prison et la perte de son titre de grand veneur. Les comtes, ensuite princes, de Merode ont succédé aux Rubempré et leurs descendants occupent toujours le château.
Le château actuel a été construit, en 1725, en style classique rehaussé d'éléments Louis XVI. Au début du XIXe siècle, le comte Charles Guillaume de Merode y habita comme seul survivant de la famille. Il fut bourgmestre de Bruxelles, sous Napoléon Ier. Son mariage lui assura une nombreuse progéniture dont :
- le comte Félix de Merode, membre du gouvernement provisoire et fondateur de la branche dite « de Rixensart »
- le comte Frédéric de Merode qui tomba sur le champ de bataille lors des journées révolutionnaires de 1830 (on peut voir un monument à son honneur sur la place des Martyrs à Bruxelles)
- le comte Henri de Merode, fondateur de la branche ainée dite « de Westerlo »
- le comte Werner qui reçut Everberg en héritage.
De retour sur le tracé jaune et rouge, c’est à travers bois que nous nous dirigeons vers le centre sportif de Kortenberg. Là, nous entrons dans le parc de l’ancienne abbaye de Kortenberg. Dès 1095, on trouve référence d’un ermitage puis d’une abbaye de moniales sur la colline de « Curtenberg ». Au XIIIe siècle, la communauté s'établit à l'endroit actuel au creux du vallon du « Minneveld » et adopte la règle de saint Benoit. L'église abbatiale primitive est restée l’église paroissiale de Kortenberg jusqu'en 1771.
En 1312, l'abbaye accueille les signataires de la Charte de Kortenberg, première constitution applicable au duché de Brabant. En 1777, la dernière abbesse fait construire un nouveau bâtiment principal. L'abbaye est fermée sur ordre du gouvernement français, en 1796. Elle est vendue deux ans plus tard et, immédiatement après, le site est démoli ; il ne subsiste aujourd'hui que le bâtiment principal et quelques bâtiments annexes. Ainsi disparu une institution qui, durant sept siècles, joua un rôle marquant dans la vie religieuse et politique de notre région.
Nous continuons, sous un ciel à nouveau très menaçant, vers la N2 que nous suivons pendant 200 mètres avant de nous diriger vers la gare de Kortenberg. Nous empruntons le tunnel sous les voies, puis la rue parallèle au chemin de fer avant de retrouver, pendant trois kilomètres, un parcours campagnard. Celui-ci passe tout près de l’aéroport de Zaventem et les avions qui y atterrissent passent quelques dizaines de mètres au-dessus de nos têtes, ce qui est assez impressionnant. Notre groupe s’arrête quelques minutes afin d’observer ce spectacle bruyant.
Sur notre gauche, se trouve une étrange construction ronde. Il s’agit d’une balise radio pour le guidage des avions : un VOR « VHF Omnidirectional Range ». Les stations VOR émettent des fréquences VHF comprises entre 108 et 118 MHz. Grâce à un instrument dans le cockpit, le pilote détermine sur quelle radiale (de 1 à 360 degrés) d’une balise radio VOR il se trouve.
Nous ne prolongeons pas trop cette pause, car il nous reste encore 7 km à parcourir et les nuages sombres se rapprochent de plus en plus. Après être passés à côté d’un ancien poteau directionnel, c’est sous la pluie que nous atteignons le hameau de Lemmeke.
Le Streek-GR Groene Gordel traverse la N21 et continue vers le hameau de Lelle qu’il n’atteint cependant pas, car il bifurque vers la gauche devant une belle demeure, de la fin du XVIIIe siècle, appelée « In den Molensteen ».
En suivant, à travers bois, deux ruisseaux canalisés : le Lellebeek et le Molenbeek, nous nous approchons du château de Ribaucourt (que nous ne verrons pas). Datant du XIIe siècle, ce château, remanié au XIXe siècle, compte plus de 200 chambres. Il a connu quelques hôtes illustres dont le roi Louis XV, en mai 1746, et le maréchal Montgomery.
Nous prenons un dernier chemin de terre, au milieu des champs, avant de rejoindre la chaussée de Kampenhout. Là, nous quittons le tracé jaune et rouge et continuons sur cette route vers le village de Perk (600 mètres hors GR).