Krijtlandpad : Slenaken → Vaals (22 km) - décembre 2016
Info : pour effectuer cette étape, nous avons pris le bus entre Vaals (Busstation) et Gulpen (Busstation), puis le bus entre Gulpen (Busstation) et Slenaken (Slenaker Vallei).
Après 40 minutes de bus, nous voici au point de départ de l'étape. Au programme de cette journée, froide mais bien ensoleillée, 22 km et surtout l’ascension vers le point culminant des Pays-Bas. Lors de l’étape précédente, nous avions, ici à Slenaken, suivi la variante qui longeait la Gulp. Nous partons dans la direction opposée et montons un petit chemin partiellement asphalté, parallèle à l’Heijenratherweg. Sur la droite, nous profitons du point de vue sur Slenaken.
Au sommet, 74 m plus haut que le point de départ, le tracé jaune et rouge retrouve l’Heijenratherweg qu’il suit sur 400 mètres. Nous tournons ensuite à droite et pénétrons dans une forêt comprenant deux parties « Onderste Bosch » et « Bovenste Bosch ». Pendant près de trois kilomètres, nous allons progresser dans cette forêt qui se situe à la frontière entre les Pays-Bas et la Belgique.
Ce parcours s’effectue d’abord, en légère montée, sur de larges chemins entre les anciennes bornes 16 et 15. Après l'indépendance de la Belgique en 1830, plus de dix ans se sont passés avant que la frontière entre les deux pays ne soit officiellement fixée. Le premier pas fut la signature du traité des XXIV articles, le 19 avril 1839 à Londres. Un deuxième traité, signé à Maastricht le 8 août 1843, fixa définitivement le tracé de la frontière. Celle-ci fut matérialisée par la pose de 365 poteaux en fonte. Après l'endigage de l'ancien bras de mer du Zwin en 1869, quatre poteaux supplémentaires furent ajoutés. Ceux-ci sont placés essentiellement aux endroits où la frontière change de direction. Historiquement, depuis un poteau frontalier, on devait pouvoir voir le poteau suivant ; de nos jours, cela n'est plus toujours possible.
Peu après la borne frontière 15, le Krijtlandpad est rejoint par le GR 128 : Vlaanderenroute avec qu’il fera parcours commun jusqu’au « Trois Frontières », soit durant 16 km. Ce sentier de grande randonnée relie, sur 680 kilomètres, Wissant (en France) à Aachen. Nous amorçons la descente (de 238 à 130 mètres d’altitude) vers Terziet et la vallée de la Gueule en empruntant de beaux sentiers forestiers. À la sortie du bois, nous continuons la descente sur un large chemin de terre. Ce dernier circule, au milieu des prairies, entre deux haies vives. Nous profitons, sur ce tronçon, d’un très beau panorama.
Près du hameau de Diependal, le tracé jaune et rouge retrouve l’asphalte sur lequel il va progresser pendant 1,5 km. Dans la vallée, avant de contourner un camping, nous découvrons une belle maison à colombages. À la croisée de plusieurs routes, nous prenons celle du milieu, semblant privée, qui mène à un moulin à eau.
Sur ce chemin de terre, entre deux haies vives, nous traversons la Gueule. Cette rivière prend sa source près de Hauset, à proximité de la frontière belgo-allemande. Elle parcourt 20 km en Belgique et 38 km aux Pays-Bas, où elle se jette dans la Meuse, au nord-est de Maastricht. Ce cours d'eau est le plus rapide des Pays-Bas, ce n'est pas étonnant quand on sait qu'il descend de 238 mètres sur une très courte distance. La vallée de la Gueule a conservé en de nombreux endroits son aspect naturel initial, même si elle a été orientée et aménagée par la main de l'homme depuis longtemps déjà. Les nombreux moulins qui émaillent ses rives témoignent d'une intense activité industrielle.
Printemps 1807, c'est la saison de la tonte des moutons. Juste après la tonte, la laine est dégraissée, démêlée, puis filée sur des bobines. Vient ensuite le temps du tissage. Draps et étoffes sortent alors des métiers à tisser, puis sont acheminés ici au « moulin à foulon » d'Epen, construit quelques années plus tôt. Le foulage est une opération capitale dans la fabrication du drap qui consiste à pilonner la pièce tissée. Le soulèvement des pilons est provoqué par des cylindres munis de cames retombant par leur propre poids ; le tout mis en mouvement par l’eau de la Gueule.
Le pilonnage se déroule dans des grandes cuves de chêne dans lesquelles on met de l'eau et de la terre glaise, dite « terre à foulon ». On y ajoute aussi des graisses, de l'huile de lin, de l'urine… Ce procédé physico-chimique a pour objet de tasser et de mêler intimement les fibres. Le frottement et la chaleur occasionnée par le pilonnage donnent un « feutre » au drap et le rendent moins rêche et plus résistant. Draps et étoffes de laine seront ensuite nettoyés de leurs poils et autres défauts ; ils seront teints et enfin vendus.
En 1870, après deux incendies consécutifs, le bâtiment sera transformé en moulin à moudre le grain. Sa roue à aubes tournera encore un siècle. Puis vint ce jour de l'année 1973 où le moulin brûla une troisième fois. En 1977, le moulin est restauré et le site naturel repris par Natuurmonumenten. Le moulin vit aujourd'hui une retraite bien méritée même si l'eau de la Gueule ne cesse de faire tourner sa roue à aubes.
Peu après le moulin, nous franchissons un tourniquet et pénétrons dans une prairie. 400 mètres plus loin, nous traversons une route et, par-delà un portillon, nous poursuivons notre cheminement campagnard, le long de la Gueule.
Après environ 300 m, nous quittons les méandres de la rivière et débutons une ascension (de 112 à 269 mètres d’altitude), quasi continue, de trois kilomètres. Nous longeons d’abord une clôture et montons un escalier rejoignant une petite route. Le Krijtlandpad suit brièvement cette dernière, puis tourne à droite vers une habitation. Nous trouvons au bord de cette route, un banc où nous installer pour la pause pique-nique.
Pour la première fois, depuis notre départ de Maastricht, le balisage laisse ici un peu à désirer. Grâce à un tourniquet, nous entrons dans une pâture et progressons à la lisière d’un bois : le Vijlenerbosch, dans lequel nous pénétrons un peu plus loin. Pendant plus de deux heures, nous allons randonner dans ce bois qui est la plus vaste zone forestière des Pays-Bas. Il s'étend sur une longueur d'environ 8 km entre Epen et les « Trois Frontières » ; la superficie totale du Vijlenerbos est d'environ 650 ha. La forêt marque la frontière avec la Belgique sur environ 5 km, et avec l’Allemagne sur 1 km.
Arrivés au sommet de cette longue côte, nous traversons une route asphaltée au lieu-dit « Zevenwegen »... où nous comptons effectivement sept chemins ou routes. Nous poursuivons, pendant 1 km, à travers le massif forestier en légère descente avant de faire quasiment un demi-tour et de monter rejoindre une autre voie asphaltée. Nous contournons le café-restaurant : 't Hijgend Hert, et continuons ensuite, pendant 1,5 km, toujours à travers bois. De temps à autre, le Krijtlandpad progresse en lisière de forêt et nous permet ainsi de profiter de beaux points de vue.
Le tracé jaune et rouge, pas très visible sur ce tronçon, effectue, encore une fois, un demi-tour et monte (de 232 à 302 mètres d’altitude) sur d’agréables sentiers forestiers. Lorsque nous quittons finalement le Vijlenerbosch, c’est pour descendre un chemin de terre passant entre un champ et une prairie. Nous allons à présent aborder la dernière montée de l’étape de 222 à 322,5 mètres d’altitude. La première moitié s’effectue sur des sentiers, à peine tracés, au milieu des prairies. Dans certaines de ces pâtures, se trouvent des vaches de race Highland qu’il est conseillé de ne pas trop approcher.
À quelques mètres de la frontière belge, nous traversons le Gemmenicherweg, une route reliant Gemmenich (en Belgique) à Vaals (aux Pays-Bas). C’est sur des chemins forestiers que nous poursuivons l’ascension vers le site des « Trois Frontières » où se situe le point culminant des Pays-Bas à 322,5 mètres d’altitude.
Après cette ascension, nous effectuons une pause au niveau de la borne marquée des trois lettres B (Belgique), D (Allemagne) et NL (Pays-Bas). De 1830 à 1919, l'endroit était le point de rencontre de quatre territoires puisqu'il y avait aussi « Moresnet Neutre ». La tour Baudouin surplombe le site, avec ses 50 mètres de haut. Un ascenseur conduit en quelques secondes les touristes sur un plateau panoramique où une vue exceptionnelle sur une partie de la Belgique, des Pays-Bas et de l'Allemagne s'offre à eux.
C’est ici que nous nous séparons du GR 128 et que nous croisons le tracé du GRP 563 : Tour du Pays de Herve, balisé lui aussi en jaune et rouge ! Ce sentier de grande randonnée de 160 km décrit, au départ de Herve, une grande boucle à travers cette région de bocages et de haies vives.
Il existe également un circuit de randonnées dénommé « Route des Frontière ». L’axe central de 30 km, entre Raeren (Belgique) et Orsbach (Allemagne), suit le tracé des frontières entre la Belgique et l'Allemagne et entre les Pays-Bas et l'Allemagne. Les six circuits, en boucle, rattachés à cet axe offrent des randonnées de 9 à 19 kilomètres dans les trois pays. Chaque chemin met l'accent sur un thème particulier, comme l'histoire de l'exploitation minière du zinc, celle du minuscule territoire de Moresnet Neutre ou du très ancien fossé frontalier qui entourait jadis l’empire d'Aix-la-Chapelle.
Après cette pause, au point culminant des Pays-Bas et donc du Krijtlandpad, nous descendons vers la ville de Vaals. Sur le tronçon d’un kilomètre, au bord de la frontière entre les Pays-Bas et l’Allemagne, nous découvrons une ancienne borne avec une gravure d’aigle. Cette borne est l’une des 138 qui marquait jadis la frontière de l’empire d'Aix-la-Chapelle. C’était une région qui, du Moyen Âge jusqu'à la fin du XVIIe siècle, comprenait la ville impériale libre d'Aix-la-Chapelle ainsi que ses environs immédiats à l'extérieur des remparts médiévaux. La superficie était de près de 9 000 hectares et avait une limite d'environ 70 kilomètres.
Vers 16h, nous atteignons le centre de Vaals où nous terminons cette étape qui aura quand même cumulé 520 mètres de dénivelé positif.