Krijtlandpad : Gulpen → Maastricht (23 km) - mars 2017
Info : pour effectuer cette étape, nous avons pris le bus entre Maastricht (Station) et Gulpen (Busstation).
Il est 9h30 lorsque nous démarrons cette dernière étape. Nous traversons le centre de Gulpen et découvrons, au centre du cimetière, une ancienne tour. C’est le seul vestige de l’église Saint-Pierre construite au XIe - XIIe siècle. Compte tenu de l’épaisseur des murs et de son emplacement, cette tour servait probablement jadis de tour de défense. En 1924, la nouvelle église Saint-Pierre, de style néo-roman, a été construite et l'ancien édifice, à l’exception de la tour, a été démoli.
Nous empruntons une petite route montant jusqu’à un croisement de cinq chemins. Là, nous prenons le Hesselsweg et poursuivons l’ascension, au milieu des champs. Après un peu plus d’un kilomètre, nous atteignons le « sommet » de cette étape, à 171 mètres d’altitude. Le tracé jaune et rouge continue son parcours, sur le plateau campagnard, pendant deux kilomètres.
Le Krijtlandpad descend à travers la forêt, puis longe celle-ci sur 500 mètres. Nous contournons une prairie où paissent de nombreux moutons et atteignons la réserve naturelle de Gerendal. Cette vallée sèche asymétrique, longue d'environ quatre kilomètres, est située entre le Geuldal au nord, près de Schin op Geul, et le plateau de Margraten, près de Scheulder, au sud. Le sol est constitué de calcaire, de gravier et de limon. Plus ou moins éparpillée entre les pentes, la végétation se compose de forêts de feuillus et de prairies clairsemées. De nombreuses plantes rares, dont des orchidées, poussent au milieu de ce paysage varié.
Même s’il n’est que 11h30, nous décidons de profiter de ce bel environnement pour effectuer la pause pique-nique. Nous nous installons, sur un banc, dans le « jardin des orchidées » créé en 1958. Le mot jardin est un peu trompeur, car il s'agit en fait d'une prairie, anciennement fertilisée, transformée en pré fleuri grâce à une gestion adaptée (fauchage et pâturage de moutons). Au cours de la période 1958-1974, plusieurs espèces d'orchidées ont été plantées à titre expérimental. La plupart des plantes actuellement présentes se sont établies spontanément.
Beaucoup d'orchidées poussant dans le jardin se trouvent également ailleurs dans la réserve naturelle. Les orchidées indigènes sont assez petites, avec des formes diverses et des couleurs impressionnantes. Plusieurs espèces locales ont malheureusement disparu, car elles grandissent souvent dans des endroits vulnérables. Le jardin attire environ 5 000 visiteurs par an, essentiellement pendant la période de floraison des orchidées (mai et juin).
Nous poursuivons la randonnée en montant (de 117 à 159 mètres d’altitude) un chemin creux en bordure de forêt. Revenus sur le plateau, nous contournons une ferme et cheminons, pendant deux kilomètres, à travers la campagne. Dans le lointain, nous apercevons le château de Schaloen dont la première mention date de 1381. L’édifice, en grande partie détruit lors de la guerre de Quatre-Vingts Ans, a été reconstruit en 1656. En 1894, le château, entièrement construit en marne, a été restauré dans le style néogothique.
Nous pénétrons dans le Biebosch et descendons, au milieu de celui-ci, jusqu’à Valkenburg. En bas, 81 mètres d’altitude, le tracé jaune et rouge ne se dirige pas directement vers le centre de la cité ; il effectue d’abord un détour par l’ancien château. Nous empruntons le chemin d’accès menant à un parc à thèmes et grimpons ensuite, par un étroit sentier, jusqu’à la Wilhelminatoren (124 mètres d’altitude). Cette tour, de style néogothique, date de 1906 ; du sommet, 30 m de haut, on peut profiter d’une belle vue sur la ville et ses environs verdoyants. Sur place, on trouve un restaurant, un parc de loisirs et une piste de luge d'été. Plus surprenant, un télésiège permet de rejoindre facilement Valkenburg.
Avant de descendre vers le centre de Valkenburg, en longeant la piste de luge, nous admirons les ruines du château. L’édifice, construit sur une colline, est le seul de ce genre aux Pays-Bas. Le premier château a été construit vers 1100 et consistait principalement en une tour rectangulaire. Après un siège, en 1122, seules les fondations de cette tour furent épargnées. Entre 1150 et 1350, le château a été agrandi et fortifié afin de devenir un genre de citadelle imprenable.
Le 10 décembre 1672, la forteresse médiévale, alors possession du roi Guillaume III, fut détruite pour la dernière fois. À cette époque, Louis XIV était en campagne contre les Provinces-Unies. Guillaume III savait qu'il perdrait la bataille contre les Français et détruisit donc lui-même le château, afin qu'il ne soit jamais aux mains des ennemis. Aujourd’hui, il ne reste de cette forteresse que quelques pans de murs et des arcs brisés.
Valkenburg est connue pour son aspect touristique et tout spécialement pour son marché de Noël troglodyte. Les premiers textes mentionnant la ville datent de 1041. Les historiens conviennent généralement que seule la partie, actuellement appelée Oud-Valkenburg, en rive gauche, entre le château et la Gueule, existait alors. En décembre 1672, lors de la campagne de Louis XIV contre les Provinces-Unies, une grande partie de la cité fut détruite. Seules deux des quatre portes : la Berkelpoort (photo de gauche) et la Grendelpoort (photo de droite) ainsi que quelques fragments des fortifications restent actuellement visibles.
Nous quittons temporairement le parcours balisé pour effectuer une petite visite de la ville. La Theo Dorrenplein est située juste au nord du centre historique, sur l'île formée entre les deux branches de la Gueule. Cette place doit son nom actuel à Theodoor Dorren, échevin, pionnier du tourisme de Valkenburg et cofondateur du premier office de tourisme hollandais. À l'occasion du 125e anniversaire du VVV Zuid-Limburg, une belle sculpture a été créée. Elle représente le passé avec Theo Dorren, tenant entre les mains un guide touristique, et le futur à travers une femme enceinte. Sur la place, nous découvrons un beau bâtiment, de style baroque, le « Spaans Leenhof » ainsi qu'une reconstitution de la Geulpoort, ancienne porte fortifiée de la ville, érigée vers 1300 et détruite en 1644.
De retour sur le tracé jaune et rouge, à la sortie de Valkenburg, nous rejoignons la Gueule. Pendant deux kilomètres, nous cheminons, sur de beaux chemins, le long de cette rivière qui prend sa source près de Hauset, à proximité de la frontière belgo-allemande. La Gueule parcourt 20 km en Belgique et 38 km aux Pays-Bas, où elle se jette dans la Meuse, au nord-est de Maastricht. Nous avions déjà brièvement suivi ce cours d’eau lors de l’étape entre Slenaken et Vaals.
Durant tout ce parcours le long de la Gueule, nous avons sur la gauche un haut mur de marne. À de nombreux endroits, cette matière a été extraite créant un important réseau de galeries souterraines. La grande majorité des quelque 250 carrières souterraines de marne de la région sont fermées en raison du risque d'effondrement ou servent de lieu d'hivernage pour les chauves-souris. Certaines galeries sont utilisées à des fins touristiques : visites guidées, musées, marchés de Noël,...
À Valkenburg, en 1908, un homme eut l’idée de reconstituer dans une de ces « grottes » artificielles, appartenant à sa famille, les catacombes de Rome. Les plus belles parties des quatorze plus importantes catacombes romaines ont été copiées. En plus des centaines de tombes, des sculptures, des chapelles, des lavoirs, et d'autres exemples d'architecture souterraine ont été sculptés et construits. De nombreux tableaux du troisième au septième siècle de l'art paléochrétien ont également été repris comme des portraits de la mort, des images de saints, des thèmes bibliques et d'autres décorations. Depuis 1910, ces fausses catacombes sont une attraction touristique.
Un peu avant Geulhem (hameau de Valkenburg), nous rejoignons une route sur laquelle nous progressons durant 600 mètres. On trouve aussi une carrière de marne à Geulhem ; celle-ci consiste en un système de tunnels souterrains d'environ 25 kilomètres. Au fil des siècles, elle a été utilisée par la population comme abri à diverses périodes. Ces « habitants » ont progressivement décoré les murs avec des peintures, des dessins. Chaque année, la carrière et les maisons troglodytes sont ouvertes au public durant la période de Noël.
Durant la visite, on peut admirer plusieurs répliques d’œuvres d’artistes néerlandais tels Rembrandt ou Frans Hals, une chapelle datant de la domination française et la galerie Orange. Cette galerie, datant de 1907, se compose de peintures murales au fusain et de médaillons de marne avec les portraits de la plupart des princes et rois de la famille Orange-Nassau. Les portraits des reines Juliana et Beatrix ont été réalisés ultérieurement.
Nous quittons la vallée et remontons sur le plateau, de 63 à 122 mètres d’altitude, en empruntant un chemin forestier. Au sommet, le Krijtlandpad frôle le village de Berg et progresse ensuite, pendant 700 mètres, au milieu des vergers. Après ce parcours asphalté rectiligne, nous tournons à droite vers une forêt. Celle-ci sert de terrain d'entraînement pour l’armée ; le site est libre d’accès malgré les panneaux d'interdiction.
Sur la droite, nous découvrons un immense trou : la carrière de Curfs. Il s’agit d’une ancienne carrière de marne à ciel ouvert, exploitée pendant 25 ans. La carrière, aujourd’hui détenue par la province du Limbourg, fait partie de la zone Natura 2000 Geuldal. La carrière a une superficie d'environ 40,6 hectares et comprend deux parties : la partie ouverte de l'ancienne carrière à ciel ouvert (+/- 40 m de profondeur) et une partie boisée, à l'est. La zone ouverte d'environ 25 hectares se compose principalement de parois marneuses abruptes et de pentes de roches calcaires. Dans le fond de la carrière, nous devinons la présence de vaches Galloway.
Nous randonnons encore un peu dans le bois avant de descendre lentement, sur un chemin campagnard, vers le village d’Amby. Les quatre derniers kilomètres de l’étape, pour rejoindre Maastricht, se déroulent uniquement sur des routes à travers les quartiers résidentiels. Vers 16h30, nous arrivons devant la gare où le bus, nous ramenant à Gulpen, nous attend.