GR 5A : De Panne → Nieuwpoort (18 km) - septembre 2016
Info : pour effectuer cette étape de 20 km dont 18 sur le GR, nous avons pris le tram entre Nieuwpoort (Bad) et De Panne (Esplanade) (2 km hors GR).
C’est au bord de la plage, devant l’imposant monument dédié au roi Léopold Ier, que nous débutons cette randonnée. Léopold de Saxe-Cobourg Gotha est né en décembre 1790, à Cobourg, en Bavière. En 1830, il refuse le trône de Grèce, mais accepte un an plus tard celui de Belgique. Il est élu roi des Belges, le 4 juin 1831, par le Congrès national.
Le 16 juillet, il embarque à Douvres à destination du continent. Le lendemain, il arrive à Calais puis continue sa route, avec sa suite, jusqu’à De Panne ; première localité belge foulée par le roi. Avant de continuer son voyage vers Laeken, Léopold Ier est solennellement accueilli par la ville de De Panne.
Quatre jours plus tard, le 21 juillet 1831, le premier roi des Belges prête serment sur la Constitution à Bruxelles. Lors des 125 ans de la dynastie belge, en 1958, ce monument, symbolisant la porte par laquelle le roi est entré dans notre pays, fut inauguré en présence du roi Baudouin et des autorités.
Afin de rejoindre le GR 5A, nous devons parcourir 2 km à travers les quartiers résidentiels de De Panne. Arrivés sur le tracé blanc et rouge, nous entrons dans la réserve naturelle du Westhoek. Créée en 1957, à l'extrémité ouest de la côte, c’est la plus ancienne réserve naturelle de Flandre.
Avec les dunes du Perroquet (225 ha) en France, la zone de captage d'eau Calmeynbos - dunes Krakeel (105 ha) et les dunes communales de l'Oosthoek (60 ha), c'est le plus grand massif dunaire ininterrompu de notre littoral.
Après ce parcours dans les dunes, nous pénétrons dans le Calmeynbos où nous cheminons pendant 500 mètres. En 1902 - 1903, Maurice Calmeyn a commencé la plantation de 55 hectares de bois dans les dunes de De Panne. Il voulait ainsi montrer qu’il était possible de planter des arbres en bordure de mer. Avec ces projets, Calmeyn visait la luxueuse station balnéaire française de Paris-Plage.
Nous traversons la N34, ainsi que les voies du tram, et continuons, en face, vers le centre d’accueil « De Nachtegaal » (le Rossignol). La découverte et l’appréciation de la nature est un des buts principaux du centre d’accueil. Il abrite aussi quelques expositions permanentes sur la faune et la flore des dunes et de la plage, par exemple.
Nous progressons ensuite dans les Oosthoekduinen. Malgré une superficie relativement restreinte (80 hectares), celles-ci abritent une riche variété de paysages : dunes de sable fin sans végétation, plaines tapissées de mousses, pelouses dunaires, broussailles fleuries, bois et prairies humides plantées de saules taillés en « têtard ».
Le GR 5A passe devant un centre sportif avant de rejoindre la N35. Nous suivons cette grand-route, vers la gauche, jusqu’à son croisement avec la N396. Nous cheminons brièvement dans les Houtsaegerduinen et le Kerkepannebos (un des plus vieux bois du littoral) ; une zone enclavée entre les agglomérations de De Panne et de Sint-Idesbald (Koksijde).
Les dunes sont actuellement fortement asséchées et couvertes d’épaisses broussailles typiques de dunes et de forêt plantée. Très localement, on trouve encore des vestiges d’anciennes pelouses dunaires et des dunes grises.
À la sortie du bois, nous trouvons une aire de pique-nique où nous installer pour manger nos tartines. Nous effectuons ensuite une sorte de parcours en zigzag, à travers une zone résidentielle, jusqu’à la Strandlaan. De l’autre côté de cette route, nous pénétrons dans les Noordduinen où nous allons marcher pendant deux kilomètres.
Ce complexe dunaire de 73 hectares est entouré de maisons, de campings et de la base militaire de Koksijde. La zone naturelle se compose principalement de dunes paraboliques, de pannes (utilisées jadis par les agriculteurs) et de zones de pâturage clôturées. Des ânes et des poneys gardent la végétation courte dans ces zones afin de maintenir en état ces prairies riches en espèces.
Nous longeons puis traversons la N8, l’avenue Léopold III, qui coupe les Noordduinen en deux. Depuis cette route, nous découvrons, sur la gauche, un moulin à vent. En 1951, la commune de Koksijde a acheté ce moulin, datant de 1773, provenant de Houtem (village proche de Veurne) pour embellir le domaine du site archéologique de Ten Duinen.
Ce moulin à blé à pivot, avec trois greniers, a été remis en état de marche en 1954. Les quatre meules, d’un diamètre de 1,75 m, pèsent chacune 1,5 tonne et peuvent moudre 150 kilos de grain par heure. Pour pouvoir moudre du grain, il faut un vent d'au moins quatre Beaufort.
Fondée en 1138, l'abbaye cistercienne Ten Duinen connut très tôt les faveurs du comte de Flandre. L'abbé Idesbald, plus tard canonisé, constitua même une flotte importante, permettant aux moines de se fournir en matières indispensables à l'industrie drapière. Ils en profitèrent pour nouer des relations privilégiées avec différents pays, comme l'Angleterre.
Après l'assèchement des polders, l'abbaye des dunes devint, avec ses 4 000 hectares de terres, le monastère le plus important de Flandre ! Il devait même croître jusqu'au XIVe siècle, mais le déclin de l'abbaye suivit de peu son apogée. La misère frappant la région, une guerre de Cent Ans la prenant à partie et la peste décimant l'Europe contribuèrent à sa ruine.
Désertée par les moines en 1625, pillée par les villageois, l'abbaye s'enfonça peu à peu dans le sable et l'oubli. Longtemps, les archéologues l'ont cherchée dans le sable avant de pouvoir l'exhumer, en 1949. L'ancien domaine abbatial forme aujourd'hui un musée en plein air réunissant les ruines recouvrées.
Nous poursuivons notre parcours sur des petits sentiers, parfois envahis par la végétation. Après avoir traversé la Zeelaan se présente, devant nous, la « difficulté » de l’étape : l’ascension du Hoge Blekker, la crête dunaire la plus élevée du littoral flamand (33 mètres). « Blekker » est une dénomination populaire pour une dune sans couvert végétal, qui réfléchit (« blekken ») la lumière solaire.
Le Hoge Blekker et le massif dunaire attenant trouvent leur origine dans la formation d’une série de dunes paraboliques, du XVIe au XIXe siècle. Celles-ci se caractérisent par leur forme particulière en fer à cheval, dont les deux bras indiquent la direction du vent dominant.
Les hautes dunes paraboliques sont séparées les unes des autres par des cuvettes, plus basses. Beaucoup de ces cuvettes ont été mises en culture vers le milieu du XIXe siècle. Sur les petits champs dunaires, les habitants de la région cultivaient entre autres du seigle, de l’orge et des pommes de terre. Pour engraisser le sol sableux aride, on utilisait un mélange de déchets de poisson et d’excréments.
Afin d’empêcher que les champs ne soient envahis par le sable pulvérisé par le vent, les flancs des dunes paraboliques étaient plantés de rangées de fascines suivant une disposition en damier. Entre les rangées de fascines, on a planté de l’oyat ; une graminée qui, lorsqu’elle est couverte de sable, développe à partir de ses rhizomes des pousses verticales.
Celles-ci donnent lieu à de nouvelles plantes émergeant du sable. Ce processus, alternant l'apport de sable et la formation de pousses d’oyat, a généré un rehaussement progressif et considérable de nombreuses dunes paraboliques, dont celle du Hoge Blekker. Après cette grimpette, de 10 à 22 mètres d’altitude, nous descendons sur l’asphalte dans un quartier résidentiel.
Nous retrouvons cependant bien vite les petits chemins et progressons dans la « Doornpanne ». Il s’agit d’une dépression dunaire formée dans le sillage d’une dune parabolique. Au haut Moyen Âge, les environs de la Doornpanne faisaient partie d’une grande étendue de prés salés, de vasières, de chenaux et de criques.
Un chenal, le « schipgat », et un réseau de criques permettaient aux bateaux de rejoindre Veurne. Dès le début du Xe siècle, cette région commença à s’ensabler et les dunes côtières se développèrent. Nous atteignons un chemin plus important et, après 200 mètres, c’est à nouveau dans les dunes que nous marchons, pendant 1,3 km.
Le tracé blanc et rouge atteint Oostduinkerke et passe à proximité de l’église Saint-Nicolas. Celle-ci a été construite, en 1952, en remplacement de l'ancienne église paroissiale détruite au début de la Seconde Guerre mondiale. Nous traversons la N330, l’avenue Léopold II, et continuons, pendant environ 200 mètres, dans la Piet Verhaertstraat.
À la suite de ce tronçon semi-urbain, nous revenons dans la nature. Même si nous ne sommes jamais très éloignés des habitations, par moments, nous avons presque l’impression d’être au milieu du désert. La progression dans le sable n’est pas aisée, surtout lorsque ça monte un peu, et nous avançons donc assez lentement.
Par un portillon, nous pénétrons dans la réserve naturelle : Ter Yde. Un site dunaire de grande valeur qui s’étend sur 260 hectares. Il regroupe toutes les dunes entre Oostduinkerke et Groenendijk. La majeure partie de ces dunes appartient à la Région flamande tandis que 25 hectares sont la propriété de la société de distribution d’eau IWVA.
Dès le haut Moyen Âge, un étroit cordon de dunes s’était formé le long de la rive sud de l’ancienne embouchure de l’Yser. Yde signifie « port de refuge » et fait référence à un modeste village de pêcheurs qui s’était installé ici au milieu du XIIIe siècle, à hauteur de l’ancien chenal de marée baptisé Vloedgat.
Au niveau de la N34, l’avenue Albert Ier, un portillon nous permet de sortir de la réserve. Nous traversons cette grand-route, ainsi que les voies du tram, et grimpons dans les dunes. Nous descendons vers la mer et passons à côté d’un ancien bunker, vestige de la Seconde Guerre mondiale.
Après 500 mètres sur la plage, nous rejoignons la digue et y progressons pendant deux kilomètres jusqu’à l’embouchure de l’Yser. C’est là, à Nieuwpoort-Bad, que nous terminons cette étape, vers 16 h 30. Au XIe siècle, pendant la troisième transgression dunkerquienne, la mer envahit pour la dernière fois la Flandre occidentale. La population se réfugia sur les terres qui émergeaient, notamment Zandhoofd.
L'ensablement progressif du bras nord de l'Yser et du port de Lombardsijde poussa le comte de Flandre à créer un nouveau port à l'emplacement de Zandhoofd. En 1163, il conféra une charte à Novus Portus (nouveau port), un nom qui finit par l'emporter sur celui de Zandhoofd. Au Moyen Âge, la pêche au hareng constituait la principale ressource économique de la ville de Nieuwpoort.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le Streek-GR Kust. Entre De Panne et le centre d'accueil du Zwin, ce sentier de grande randonnée, de 103 km, progresse le long des plus beaux sentiers à travers les dunes, les forêts dunaires, les réserves naturelles, les stations balnéaires les plus célèbres (Nieuwpoort, Oostende, De Haan, Blankenberge, Knokke), les œuvres d'art et, bien sûr, le long de la plage et de la mer.