GR 5A : Nieuwpoort → Oostende (22 km) - septembre 2016
Info : pour effectuer cette étape, nous avons pris le tram entre Oostende (Koniginnelaan) et Nieuwpoort (Bad).
Nous commençons cette seconde étape, sur le GR 5A, vers 9 h. Nous quittons Nieuwpoort-Bad et remontons, pendant 3,5 km, le long du chenal, le cours de l’Yser. D’une longueur de 78 km (dont 45 en Belgique), le fleuve prend sa source entre les villes de Lederzeele et Buysscheure dans le nord de la France.
Le cours supérieur de l’Yser ondule dans une vallée étroite à travers une région agricole légèrement vallonnée et peu peuplée. Dans son cours inférieur, il coule entre deux digues, à travers les polders plats et ouverts, en direction de Nieuwpoort où un complexe d’écluses règle le drainage des eaux vers la mer.
À la fin du XVIe siècle, Nieuwpoort était, avec Dunkerque, un repaire illustre et tristement célèbre de pirates espagnols qui attaquaient les navires hollandais. Raison suffisante pour le prince Maurice de Nassau d’entreprendre une expédition punitive contre les deux ports ; expédition qui s’est terminée par la bataille de Nieuwpoort, les 1 et 2 juillet 1600.
Autrefois, Nieuwpoort était presqu'exclusivement un port de pêche et fut même, à certaines périodes, l’un des plus importants de la côte. La cité ayant été assiégée à plusieurs reprises, le port a connu beaucoup de hauts et de bas et a souvent changé de fonction. La « minque » (halle aux poissons) municipale a été construite en deux temps.
Le bâtiment originel de 1952 a été agrandi en 1972 pour atteindre sa taille actuelle. Le poisson vendu à la criée de Nieuwpoort est pêché dans la Mer du Nord, dans les eaux proches de la côte ou à l’ouest. Les bateaux qui pêchent près de la côte sont au maximum 48 heures en mer, tandis que ceux qui pêchent à l’ouest y restent environ 5 jours. En dehors des périodes de gros temps, la navigation de pêche se pratique du lundi au samedi.
Le poisson est vendu quotidiennement à la criée à 7 ou 8 heures du matin. Jadis, le mot « vismijn » (minque) était communément utilisé. Son origine est liée au fait que le candidat acheteur faisait savoir qu’il désirait acheter un lot de poissons en criant « mijn » (à moi).
Actuellement, la vente ne se déroule plus à la criée, mais le poisson est vendu aux enchères au moyen d’un compteur électronique alimenté par un système informatique. L’acheteur n’est même plus obligé de se rendre à la vente aux enchères, mais peut acheter tranquillement chez lui via un PC et une ligne téléphonique appropriée.
Au terme de ce parcours, nous atteignons la « Ganzepoot » (patte d’oie) qui relie le chenal du port à pas moins de six voies de navigation et/ou de drainage différentes. Les vannes, ou écluses de décharge, permettent aux terres basses des polders d'évacuer leur excédent d’eau tandis que les écluses règlent le niveau de l’eau des canaux pour la navigation.
Les portes des vannes sont fermées à marée haute et ouvertes à marée basse afin de déverser dans la mer le trop-plein d’eau des polders. Les écluses proprement dites sont utilisées pour sasser les bateaux.
En octobre 1914, la situation de l'armée belge est critique. Une armée réduite à 75 000 hommes seulement, incapable de stopper l'avance allemande, et repliée sur l'Yser, à l'extrême ouest du pays, avec les Français et les Britanniques. Surgit alors une idée : inonder toute la plaine de l'Yser en ouvrant les vannes des écluses de la région autour de Nieuwpoort à marée haute et en les fermant ensuite pour empêcher les eaux de redescendre.
Après trois tentatives, menées entre le 26 et le 30 octobre, l'inondation de la dernière chance est accomplie. Résultat : de l'eau partout, sur 2 à 3 km avec une profondeur de 100 à 140 cm. L'armée allemande doit reculer pour échapper à la noyade. Ce no man's land, créé en peu de temps, restera infranchissable durant les 4 années de guerre. Le front ne bougera plus jusqu'en 1918...
Le monument au roi Albert Ier a été érigé sur l’initiative et avec le soutien des associations des anciens combattants de la Première Guerre mondiale. Si les rives de l’Yser ont été choisies, c'est bien entendu en raison du rôle important joué par le fleuve durant cette guerre.
L'édifice, datant de 1938, a une forme circulaire et un diamètre de 30 mètres. Ce sont vingt colonnes de briques venant de la vallée de l’Yser qui, au-dessus d’une terrasse cruciforme, soutiennent un arc d’une circonférence de 100 mètres. Du haut de ce dernier, on a une vue imprenable sur la plaine de l’Yser.
Après avoir contourné le monument, et juste avant une écluse, un poteau nous informe que le GR 5A croise ici le GR 130.
Mise à jour, juin 2023 : le tracé du 5A a été totalement modifié entre le monument au roi Albert Ier et l'entrée de Middelkerke. Plus long d'un km, le nouveau parcours passe désormais pas Lombardsijde et Westende. Les trois paragraphes ci-dessous ne sont donc plus d'actualité.
Le tracé blanc et rouge nous emmène le long du canal Plassendale - Nieuwpoort. Celui-ci relie, en 21 kilomètres, le canal Gand - Oostende à l’Yser. Le canal, dont les rives sont entièrement protégées par un mur de béton, a été creusé entre 1638 et 1640. Le but était de relier Gand à la mer, car l’accès à l’embouchure de l’Escaut était bloqué par les Pays-Bas lors de la guerre de Quatre-Vingts Ans.
En effet, la Flandre zélandaise avait été conquise par les Néerlandais. Le canal Gand - Oostende a donc été prolongé en ajoutant une écluse au niveau de Plassendale. Le canal emprunte une partie du tracé historique de l’Yperlée. Durant 3,5 km, nous progressons au bord de l’eau ; un parcours agréable, sur des chemins herbeux, bien qu’un peu monotone.
Au niveau de l’écluse de « Rattevalle », nous quittons le canal pour poursuivre notre itinéraire vers Middelkerke. Les trois kilomètres nous séparant de la station balnéaire vont être parcourus sur des petites routes, au milieu des champs et des prairies.
Un peu après un château d’eau, nous prenons, sur la droite, un sentier serpentant à travers les Warandeduinen. Cette étroite ceinture de dunes s'étend sur environ 2 km entre Middelkerke et Westende. La largeur de la bande est limitée, environ 185 mètres au point le plus large. La zone de dunes est proche de la mer, mais une partie importante de l'influence de cette dernière est affaiblie par la digue et surtout par les hauts immeubles à appartements.
Nous cheminons dans cette zone dunaire, pendant un kilomètre, puis nous retrouvons l’asphalte. Au bord de la route, nous découvrons d’imposants pylônes : les anciens émetteurs de Radio Oostende qui établissaient des liaisons radiophoniques maritimes.
Dans le parc de Middelkerke, nous trouvons un banc où nous installer pour la pause de midi. La station balnéaire accueille chaque année un festival de la bande dessinée. Sur la digue, depuis 1997, un héros du neuvième art est immortalisé, à chaque édition, sous forme d'une statue en bronze.
L’après-midi débute par un tronçon, d’un peu plus d’un kilomètre, sur la Duinenstraat. Le tracé blanc et rouge contourne ensuite, par les dunes, une vaste zone de camping ; un parcours, légèrement vallonné, qui s’effectue d’abord sur l’asphalte puis dans le sable.
1,5 km plus loin, nous longeons le domaine provincial de Raversijde constitué par l’ancien domaine royal de Léopold II qui acquit plusieurs terrains à Raversijde, à partir de 1902, et y fit ériger un chalet en bois. Ce « chalet norvégien », construit en 1904, disparut dix ans plus tard lorsque les Allemands transformèrent le domaine en fortification côtière.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le site fut intégré au mondialement célèbre « Mur de l’Atlantique » (Atlantikwall). Les événements ont laissé des traces profondes à cet endroit. Après sa régence (du 20 septembre 1944 au 20 juillet 1950), le prince Charles vint s’établir définitivement à Raversijde. En 1981, le prince, qui s’était toujours opposé à la démolition des vestiges de l'Atlantikwall, a vendu le domaine à l’État belge.
L'Atlantikwall est l’une des attractions phares de la côte et l’un des deux musées de Raversijde. Les plus de soixante bunkers, postes d’observation et positions d’artillerie, et les deux kilomètres de galeries ouvertes ou souterraines constituent l’une des parties les mieux conservées de la célèbre ligne de défense allemande.
De la frontière franco-espagnole à la Norvège, les Allemands ont construit, durant la Seconde Guerre mondiale, des milliers de bunkers afin de protéger les ports et d’empêcher une attaque alliée. Par crainte d’un débarquement allié sur la plage et pour protéger les ports de Zeebrugge et d’Oostende (depuis lesquels opéraient les sous-marins allemands), les Allemands ont construit des batteries sur le littoral belge.
Nous nous dirigeons vers Raversijde-Bad en circulant dans une zone naturelle réaménagée : les pâturages ont été rétablis et des espaces de verdure, des bois et des plans d’eau supplémentaires ont été créés. Nous traversons la station balnéaire de Raversijde-Bad située juste à côté de l’aéroport d’Oostende.
Durant la Première Guerre mondiale, l’aérodrome de Stene servait de piste de décollage et d’atterrissage pour les vols militaires. L’augmentation du trafic aérien a entraîné, durant la Seconde Guerre mondiale, le déplacement de l’aérodrome vers ce qui était à l’époque la base de Raversijde / Middelkerke ; il a été converti en aéroport international après la guerre.
Au cours de la première décennie de son existence, l’aéroport était spécialisé dans le transport de passagers vers et en provenance de l’Angleterre. Toutefois, en raison de la diminution du nombre de passagers voyageant en classe économique, l’aéroport s’est de plus en plus intéressé au transport de marchandises. Outre le fret général, l’aéroport traite également les denrées périssables.
Avant de rejoindre le bord de mer, nous passons près de l’église Notre-Dame des Dunes construite, entre 1350 et 1400, dans le style gothique. Les nombreuses démolitions et restaurations expliquent son caractère hétérogène actuel. Dans le petit cimetière entourant l’édifice, on trouve la sépulture de James Ensor.
Ce peintre et graveur, né et décédé à Oostende (1860 - 1949), a notamment été influencé, à ses débuts, par Manet et l’impressionnisme qui le sensibilisa à la lumière. Par ses œuvres, on peut dire qu’il est l’un des précurseurs de l’expressionnisme. Dans ses toiles, il raille les tares de ses semblables et dénonce les vices de la société.
Tandis que le ciel s’assombrit, annonçant l’arrivée d’une averse, nous rejoignons la plage où nous progressons durant un kilomètre. S’il y a peu de monde dans l’eau à l’exception de quelques kitesurfeurs, les mouettes et les goélands sont par contre très nombreux. C’est en progressant sur la digue d'Oostende, jusqu’aux galeries royales, que nous finissons, vers 14 h, cette étape.
Dès 1834, la famille royale belge manifesta son intérêt pour Oostende et la station balnéaire devint rapidement un endroit à la mode pour la noblesse et la haute bourgeoisie. En 1839, la cité a été reliée à la capitale par voie de chemin de fer et en 1846, on inaugura la malle Oostende - Douvres. En 1865, la ville a été démilitarisée ; une fois les fortifications démolies, elle se développa rapidement.
Oostende fut la résidence d'été de Léopold II qui voulut en faire la « Reine des plages ». Féru d'urbanisme, le roi marqua la ville de son empreinte en entreprenant d’importants travaux, dont l’église Saints-Pierre-et-Paul, le théâtre, le bâtiment de la Poste et les galeries royales.
Les galeries royales (400 mètres de long) ont été construites, entre 1902 et 1906, selon les plans de l'architecte français Charles Girault. Elles se dressent le long de la digue de mer entre le chalet royal et l'hippodrome Wellington ; elles devaient permettre au roi et à ses hôtes de se rendre à l'hippodrome sans être incommodés par la pluie ou le vent.
Durant la Première Guerre mondiale, les grilles en fer forgé situées entre les colonnes furent enlevées pour être fondues. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les galeries ont été murées sur toute leur longueur sur ordre de l'occupant allemand ; elles devinrent ainsi un maillon du Mur de l'Atlantique.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le Streek-GR Kust. Entre De Panne et le centre d'accueil du Zwin, ce sentier de grande randonnée, de 103 km, progresse le long des plus beaux sentiers à travers les dunes, les forêts dunaires, les réserves naturelles, les stations balnéaires les plus célèbres (Nieuwpoort, Oostende, De Haan, Blankenberge, Knokke), les œuvres d'art et, bien sûr, le long de la plage et de la mer.
- Le GR 130 est un sentier de grande randonnée de 103 km qui suit le cours de l’Yser depuis sa source, en France, jusqu’à son embouchure à Nieuwpoort.