GR 5A : Oostende → De Haan (19 km) - novembre 2017
Info : pour effectuer cette étape, nous avons pris le tram entre Wenduine (Konijnenpad) et Oostende (Koniginnelaan).
Après avoir découvert les monuments dédiés aux rois Léopold Ier à De Panne et Albert Ier à Nieuwpoort ; c’est, ici à Oostende, devant celui consacré à Léopold II que nous entamons cette journée.
Cette statue, exemple typique de l'art colonial, montre le roi honoré en tant que libérateur des Congolais et bienfaiteur pour les pêcheurs d'Oostende. Le symbolisme colonial du monument ainsi que la politique coloniale menée suscitent une grande controverse à ce jour.

Nous suivons, sur un peu plus d’un kilomètre, la Koninginnelaan. Léopold II l’avait pensée comme une large avenue de promenade reliant la plage au parc Marie-Henriette. Pour lui rendre ses lettres de noblesse, une partie de l'avenue a été réaménagée avec un chemin pour piétons, de sobres pièces d'eau et des bancs en pierre dans le style Art nouveau.
En empruntant l’avenue, nous longeons les écuries royales ; elles ont été construites en 1903, en bois, dans le style norvégien. Léopold II avait admiré cette architecture lors de l’exposition universelle de Paris, en 1900. Les bâtiments n’ont jamais servi d'écuries et sont aujourd’hui occupés par un centre sportif.

Grâce à un pont, nous passons par-dessus la N340 et pénétrons ensuite dans le parc Marie-Henriette. Inauguré en 1892, sur l’ancien site de l’hôpital militaire, au sud de la ville, le parc a été offert par le roi afin de faire plaisir à son épouse qui adulait la ville... mais qui préférait cependant résider à Spa.
Dans ce parc, avec quelques beaux étangs, le parcours bien que très agréable est assez mal balisé. Heureusement, avec le petit topo-guide, nous parvenons à nous situer et retrouvons le marquage blanc et rouge.

En suivant la N34, nous arrivons près de la gare d’Oostende et admirons au passage deux bateaux : le Mercator et l’Amandine. Le Mercator est un trois-mâts goélette conçu par l'explorateur polaire Adrien de Gerlache en tant que bateau-école pour la marine marchande.
Il a été construit en Écosse et a pris la mer pour la première fois en 1932. Lors de son neuvième voyage, en 1936, le Mercator a ramené la dépouille du Père Damien. À partir de 1961, le navire a été réaménagé en musée et est à quai à Oostende depuis 1965 de manière presque ininterrompue.
L'Amandine est le dernier navire des mers d'Islande et rappelle la période la plus célèbre de l'histoire de la pêche flamande, lorsque les pêcheurs s'en allaient en mer pendant de longues semaines et ramenaient des poissons des eaux glaciales qui entourent l'Islande. La ville a acquis et entièrement rénové ce navire pour en faire un musée.

La tour de la vieille église, appelée Tour du Poivre, est le seul vestige de l’ancienne église Saints-Pierre-et-Paul qui était jugée trop rustique par Léopold II et qui fut détruite par un incendie. En 1907, le roi a fait reconstruire l'édifice religieux dans le plus pur style néogothique.
Il a aussi demandé aux architectes de prévoir la construction d’une petite chapelle, attenante à l’église, pour y rendre hommage à sa mère, la reine Louise-Marie (décédée à Oostende en 1850). Une sculpture en marbre blanc représente la reine quittant la vie terrestre, accueillie par un ange et pleurée par la ville d’Oostende.

L’église possède de beaux vitraux, dont ceux représentant tous nos rois de Léopold Ier à Baudouin.

Si nous avons déjà parcouru 4 km, nous sommes pourtant tout près de notre point de départ et deux heures se sont déjà écoulées ! Grâce à un bac, nous passons d’une rive à l’autre du port ; ce service de navette gratuite, limité à 50 passagers par voyage, fonctionne toute l’année.

En nous dirigeant vers le fort Napoléon, nous passons près de la nouvelle jetée, datant de 2014, ainsi que du phare « Lange Nelle ». Il s'agit du quatrième phare construit depuis 1771, date à laquelle fut érigée la première tour à feu ; tous les précédents ont été détruits.
D’une hauteur de 65 mètres, son signal optique (visible jusqu'à 39 kilomètres) est trois fois « long » toutes les 10 secondes (en morse, c’est la lettre O d'Oostende). Il n’y a plus que trois phares sur tout le littoral belge.

Bien caché au milieu des dunes et de quelques vestiges du Mur de l’Atlantique, le fort Napoléon est un site intéressant à visiter. À la fin du XVIIIe siècle, Les Français portaient une grande attention aux fortifications côtières comme moyen de défense contre des attaques possibles depuis l’Angleterre.
Napoléon planifia un cercle de fortifications autour de la ville d’Oostende, mais finalement, seuls deux forts pentagonaux furent construits, dont le fort Impérial, aujourd’hui fort Napoléon, situé à l’est de la ville. Les travaux débutèrent en 1811 et, à partir de 1814, le fort servit uniquement d’arsenal et de cantonnement pour les troupes françaises.
Durant la Première Guerre mondiale, le fort faisait fonction de quartier d’artillerie pour l’occupant allemand. Après le départ des troupes allemandes, il fut pillé. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le site a aussi été utilisé par l’occupant allemand comme cantonnement pour les artilleurs.
À partir de 1956, une longue période de délabrement débuta. De 1996 à 2012, la Stichting Vlaams Erfgoed, qui deviendra plus tard Erfgoed Vlaanderen, s’est chargée de la restauration et de la nouvelle fonction éducative et culturelle du fort.

Pendant 1,5 km, nous progressons sur la digue en direction de Bredene. S’il fait relativement froid, nous avons cependant la chance d’avoir le vent dans le dos. En ce début novembre, la plage est évidemment déserte à l’exception de ce que nous pensons être un tournage pour un film.

Au niveau du « Twins Club Bredene », le tracé blanc et rouge quitte ce parcours rectiligne pour entrer dans les dunes. Ce tronçon plus agréable (car abrité du vent) s’effectue cependant, lui aussi, sur des chemins bétonnés. 700 mètres plus loin, nous revenons au bord de la mer et marchons cette fois dans le sable.


Après 500 mètres, nous quittons à nouveau la plage pour cheminer, pendant un kilomètre, sur des sentiers dallés, au milieu des dunes. Si le GR s’éloigne ici du bord de mer, c’est aussi et surtout, je pense, afin de contourner la plage naturiste de Bredene.
Cette commune est, depuis 2002, la seule de tout le littoral belge à disposer d’une plage (environ 400 mètres) dédiée aux nudistes, de Pâques à mi-octobre. Nous trouvons, sur ce parcours, un banc, plus ou moins à l’abri du vent, où nous installer pour la pause pique-nique.

Nous atteignons la N34 au bord de laquelle nous marchons brièvement avant de retourner, par de discrets sentiers à travers les dunes, vers la plage. Sur notre gauche, se trouve la Paelsteenpanne : un domaine de 10 hectares situé au pied de l’imposante Spanjaardduin. Sur le domaine riche en calcaire, l’on observe essentiellement des argousiers qui alternent avec les pâturages et les dunes de mousse.

Nous descendons au bord de la mer où nous randonnons pendant un kilomètre. Sur la première moitié de ce tronçon, le niveau de l’eau (probablement marée haute) atteint quasiment les dunes, assez abruptes à cet endroit. Nous avançons donc en espérant qu’il n’y ait pas tout à coup une vague trop importante... ce qui n’arrivera heureusement pas.
La plage et le cordon dunaire forment une protection naturelle contre les incursions de la mer dans le polder. Autrefois, on optait pour une défense côtière artificielle en dur, avec des brise-lames perpendiculaires à la ligne côtière, une digue dormante derrière les avant-dunes et des digues de mer en béton.
Aujourd’hui, la préférence est donnée à une défense côtière plus naturelle consistant en une élévation de la plage par l’ajout de sable, le renforcement du pied des dunes au moyen de haies et écrans de risberme ainsi que la fermeture des avant-dunes afin que l’oyat puisse fixer le sable. Il faut savoir qu’à l’époque romaine, le cordon dunaire se situait 3 km plus loin, dans la mer.

Le GR 5A emprunte ensuite une passerelle permettant de franchir, en toute sécurité, la N34 et la ligne de tram. Nous surplombons, par la même occasion, un important terrain de golf.
Celui-ci a été aménagé, dans les dunes, en 1902, sur la proposition du roi Léopold II. À l’origine, il était destiné aux touristes anglais qui débarquaient à Oostende. Le club formait le noyau central du Royal Golf Club de Belgique, fondé en 1906.

Par des sentiers, au milieu des bois (Duinbossen), nous nous dirigeons vers De Haan... un changement total de décor qui n’est pas pour nous déplaire. Une grande partie des résineux, plantés autrefois, et des essences non indigènes a peu à peu été remplacée par une forêt de feuillus lumineuse, parsemée de clairières. La croissance et la floraison spontanée garantissent une structure riche composée d’arbres anciens et d’essences indigènes plus jeunes.

Après deux kilomètres, nous atteignons De Haan (Le Coq-sur-Mer) où nous effectuons une pause. La charmante petite gare du tram, bâtie en 1902, est aujourd'hui classée et abrite l'office de tourisme.

Le roi Léopold II possédait une centaine d’hectares de dunes à Klemskerke qu’il donna en concession à une société privée afin de créer une nouvelle station balnéaire à l’attention de la bourgeoisie bruxelloise francophone ; le but était aussi de désengorger les stations d’Oostende et de Blankenberge victimes de leur succès.
Le 22 juillet 1888, la station fut officiellement inaugurée et son premier hôtel ouvert. Un an plus tard, 50 hectares de dunes (entre la ligne de tram et la mer) ont encore été cédés par bail emphytéotique de 90 ans entre l’État belge et une société privée, la Concession.

Les villas devaient y être construites selon un schéma d'aménagement urbain prédéfini et selon des règles strictes. En outre, le roi proposa la construction d'une centaine de villas de style anglo-normand qui seraient louées par bail de longue durée à des propriétaires privés.
À mesure que la date d'expiration du bail approchait, les règles strictes se sont assouplies. Lorsque plusieurs belles propriétés ont été démolies, le comité d'action pour la préservation de la Concession et du centre du village de De Haan a été créé en 1977.
Il faudra attendre 1995 avant que l'ensemble de la Concession ne soit protégé en tant que site de village. Ce quartier Belle Époque fait aujourd’hui encore la fierté de la station. Parmi les nombreuses personnalités qui ont séjourné au Coq-sur-Mer, on peut citer Albert Einstein qui y passa quelques mois, en 1933, en attendant son exil définitif vers les États-Unis.

Nous traversons De Haan en suivant, sur un peu plus d’un kilomètre, la N317. Nous pénétrons ensuite à nouveau dans les Duinbossen où nous cheminons jusqu’à la fin de cette étape, soit pendant trois kilomètres. À certains endroits, le chemin se compose d’une partie asphaltée, et juste à côté, d’une partie en terre.
Si nous préférons évidemment marcher sur les chemins de terre, des écriteaux nous indiquent que les randonneurs doivent emprunter l’asphalte et laisser la partie non revêtue du chemin pour les coureurs. Étant donné qu’il n’y a aucun joggeur, nous nous permettons de ne pas respecter ces recommandations.

C’est vers 15 h 30, à l’arrêt du tram « Konijnenpad », que nous terminons cette randonnée.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le Streek-GR Kust. Entre De Panne et le centre d'accueil du Zwin, ce sentier de grande randonnée, de 103 km, progresse le long des plus beaux sentiers à travers les dunes, les forêts dunaires, les réserves naturelles, les stations balnéaires les plus célèbres (Nieuwpoort, Oostende, De Haan, Blankenberge, Knokke), les œuvres d'art et, bien sûr, le long de la plage et de la mer.