Les Randos de Fred & Paul

GRP 573 : Pepinster → Eupen (26 km) - octobre 2022

Depuis la gare de Pepinster, nous empruntons la rue Jacques Bouhy jusqu’au pont surplombant les voies ferrées. De l’autre côté du chemin de fer, l’itinéraire principal du GRP 573 (que nous suivons aujourd’hui) s’en va vers la gauche, en direction de Verviers, alors que la variante Hoëgne monte à droite plusieurs volées d’escalier.

Au-delà du cimetière, nous évoluons sur un agréable chemin forestier, en surplomb de la Vesdre, pendant 2,5 km, jusqu'aux premières maisons de « Hameau du Bois ». Nous empruntons ensuite le chemin du Facteur, un sentier herbeux se faufilant le long d’une propriété avant de descendre fortement, dans un petit bois, vers le lieu-dit « Pied Vache ».

GRP 573 entre Pepinster et Ensival

Le GRP 573 emprunte un chemin menant vers un restaurant et, juste avant celui-ci, il tourne à gauche pour suivre l’itinéraire d’un parcours santé. Ce dernier a pour cadre un beau vallon boisé où coule le ruisseau de Préri. Nous prenons progressivement de la hauteur et peu à peu le bruit de l’E42 se fait entendre.

Verviers, parcours santé José Lilien

Après la traversée de l’autoroute, nous suivons la rue Champs des Oiseaux sur 500 mètres, puis nous prenons une sente boisée aboutissant à la N657, au lieu-dit « La Bouquette » à Heusy. Nous suivons brièvement cette grand-route avant de nous engager, à droite, dans l’avenue Nicolas Defrêcheux.

GRP 573 entre Heusy et Mangombroux

Un peu plus loin, nous découvrons l’agolina de Moraifosse : une dépression dans laquelle les eaux d’un petit ruisseau, sans nom, disparaissent sous terre. Ce ruisseau prend sa source dans les prairies en amont de l’agolina où l’on constate différentes dépressions à la surface du sol. Ces marques dans le paysage sont la partie visible de phénomènes naturels souterrains.

Une bande de roches calcaires recouverte d’une épaisse couche d’argile s’étend de La Bouquette au vallon de Mangombroux. La dissolution de cette roche, par les eaux de pluie ou de ruissellement, forme des dépressions à la surface, ce sont les dolines. Quand l’eau élargit suffisamment les fissures pour passer en force, la doline peut absorber un ruisseau, c’est ce qu’on appelle entre Welkenraedt et Chaudfontaine : un agolina. Ailleurs, comme dans la région de Remouchamps, on dira un « chantoir ».

Au-delà de l’agolina, le tracé jaune et rouge chemine, pendant trois kilomètres, au milieu de quartiers résidentiels et traverse successivement le ruisseau de Mangombroux, la N640, le ruisseau des Paires et la N672. Nous montons la rue des Carrières qui devient, un peu plus loin, un beau chemin sinuant à travers un bosquet. Ce chemin nous fait passer de 250 à 290 mètres d’altitude.

GRP 573 entre Mangombroux et Hèvremont

Nous retrouvons l’asphalte, sur 700 mètres, et poursuivons ensuite l’ascension, entre bois et prairies, jusqu’à la route Limbourg - Jalhay.

GRP 573 entre Mangombroux et Hèvremont

Le GRP 573 emprunte cette route vers la gauche et oblique peu après, sur une large allée caillouteuse, dans le bois de Hèvremont. C’est sur ce tronçon que nous atteignons le point culminant de l’étape à 374 mètres d’altitude. Juste avant de tourner à gauche, à un carrefour de plusieurs chemins forestiers, nous trouvons un abri « À l'neûre barake » où effectuer la pause casse-croûte.

GRP 573 dans le bois de Hèvremont

Nous suivons, toujours dans le bois de Hèvremont, un chemin rectiligne qui, après le croisement d’une drève, perd de l’altitude pour aller franchir un ruisseau et se poursuit tout droit, sur l’autre versant. À la sortie du bois, à l’angle d’une prairie, il nous faut opérer un gauche - droite pour emprunter un sentier entre deux haies vives. Nous passons un échalier qui nous fait pénétrer dans une prairie où se trouvent quelques vaches.

GRP 573 entre Mangombroux et Hèvremont GRP 573 entre Mangombroux et Hèvremont, traversée de prairies

Un portillon nous permet de sortir de la prairie et, quelques mètres plus loin, nous aboutissons dans Hèvremont. Entre Limbourg et Goé, ce petit hameau, qui faisait jadis partie du duché de Limbourg, possède quelques belles maisons en pierre du pays.

Autrefois, les habitants, pour la plupart agriculteurs, fileurs ou tisserands étaient paroissiens de Goé. Dès 1733, ils réclamèrent leur chapelle pour éviter les longs trajets vers le village voisin. La chapelle Saint-François d'Assise, construite en 1802, se trouve au centre du hameau.

Nous n’entrons pas dans Hèvremont, mais nous nous engageons dans un sentier, entre deux haies, qui pénètre à nouveau dans des prairies. En grimpant un sentier rocailleux (de 255 à 294 mètres d’altitude, en 400 mètres), légèrement glissant, nous croisons l’aqueduc de la Gileppe.

Limbourg, aqueduc de la Gileppe

Le barrage de la Gileppe (situé à trois kilomètres d’ici) est l’un des plus anciens d’Europe, le premier en Belgique. Bien que mis sous eau en mai 1875, l’inauguration du barrage n’eut lieu que trois ans plus tard en présence du roi Léopold II. La capacité de contenance du lac était alors de 12 millions de m³ pour une superficie totale de 86 hectares.

En 1967, le Ministère des Travaux publics décida de rénover et de rehausser le barrage d’une bonne dizaine de mètres. Ces travaux engendrèrent une augmentation de sa capacité de retenue qui, aujourd’hui encore, est portée à 26,4 millions de m³ pour une superficie totale de 130 hectares.

Deux tours permettent le captage de l’eau. Celle-ci est envoyée à la station de traitement de Stembert via un aqueduc long de 9 km, haut de 2,4 mètres, large de 2,25 mètres et doté d’une pente de 15 cm par kilomètre. Cette eau est ensuite distribuée dans la région verviétoise.

Limbourg, aqueduc de la Gileppe

Au sommet de cette petite côte, nous poursuivons sur un chemin goudronné et atteignons le mur d’enceinte de Limbourg. Bien que le parcours n’y passe pas, il est intéressant de faire le petit détour afin de visiter son centre. Située dans une boucle de la Vesdre, Limbourg naquit aux alentours de 1020 lorsque Frédéric de Luxembourg, futur duc de Basse-Lotharingie, édifia une forteresse.

Celle-ci donna son nom à la nouvelle principauté territoriale, qui ne prit le titre de duché de Limbourg qu’au cours du XIIe siècle. Durant des siècles, la ville haute vécut au rythme de son duché, de ses appartenances successives et des nombreuses guerres européennes dont il fut le centre. La forteresse fut ainsi ruinée par onze sièges et huit incendies.

Depuis le Moyen Âge, la place Saint-Georges, pavée avec des galets de la Vesdre, est le centre névralgique de la ville. L’ancienne halle, construite en 1446 et détruite lors du passage des troupes françaises en 1676, se trouvait en son centre ; elle a été remplacée par l’hôtel de ville (appelé « arvô » par les Limbourgeois). Construit entre 1681 et 1687, ce bâtiment accueillait les autorités communales et judiciaires.

Limbourg, place Saint-Georges

Construite au XIIe siècle sous la forme d’une simple chapelle à chevet plat, l’église Saint-Georges est remaniée et agrandie au cours du XIVe siècle, parallèlement au développement de la ville. Élevée au rang de prévôté, elle accueille un chapitre de chanoines au XVe siècle.

L’édifice se transforme alors à nouveau pour accueillir un chœur polygonal. Les fondations descendant s’appuyer très bas sur le rocher, la construction est étançonnée par d’énormes contreforts pour en augmenter la solidité et de nouvelles nefs l’agrandissent.

L’incendie de 1533, les guerres de Religion et les divers sièges (dont celui de 1676) n’ont pas épargné ce beau monument. Le grand incendie de juin 1834 frappa durement l’édifice : le clocher, les toitures et le mobilier ont été en grande partie détruits. Le clocher, maintes fois modifié, est finalement, pourvue d’une flèche au XIXe siècle.

Limbourg, église Saint-Georges

Le balisage tourne à droite, le long du mur d’enceinte, et suit un chemin de campagne vers Goé. Ce village s'est notamment développé grâce à l'industrie du bois en raison de la proximité des forêts de l'Hertogenwald. Goé est connu pour ses entreprises artisanales et la firme Corman, mondialement connue dans le domaine agroalimentaire.

GRP 573 entre Limbourg et Goé

Nous passons devant l’église Saint-Lambert qui possède un clocher tors (plus penché que tordu), et poursuivons la descente, sur l’asphalte, jusqu’à la N620.

Goé, église Saint-Lambert

De l’autre côté de cette grand-route, avant de franchir la Vesdre sur un pont fortement endommagé, nous découvrons une plaque indiquant la hauteur atteinte par la rivière lors des inondations de juillet 2021. Nous prenons ensuite un chemin de terre et, juste avant une ferme, nous entrons, grâce à un échalier, dans une prairie.

Presqu’au bout de cette pâture, une ouverture permet de se diriger vers le bois de Botterweck. Le GRP 573 reste proche de la lisière et s’élève doucement, sur un chemin de terre, vers le plateau.

GRP 573 entre Goé et Membach

700 mètres après le lieu-dit « Blanc Baudet », une succession d'échaliers nous aide à traverser plusieurs prairies. Les échaliers sont des dispositifs permettant aux piétons de franchir une clôture ou une haie, entourant une prairie, sans permettre au bétail de s’échapper. Un échalier peut prendre la forme d’une échelle, d’un portail, d’un tourniquet. Les plus anciens sont complétés par une « pierre debout » ou « pierre dressée ».

De la sortie de Goé jusqu'à l'entrée d'Eupen, le GRP 573 est commun avec le Chemin des échaliers. Ce parcours est jalonné de balises marquées du logo de l’itinéraire et d’un rectangle de couleur rouge pour l’itinéraire nord - sud (33,5 km entre l’abbaye du Val-Dieu et Jalhay), vert pour l’itinéraire ouest - est (14,5 km entre Stembert et Eupen). Des panneaux d’information se trouvent à tous les points importants du parcours.

GRP 573 entre Goé et Membach, Chemin des Echaliers

Nous effectuons une petite pause au centre de Membach, devant l'église dédiée à Saint-Jean-Baptiste. Juste après avoir franchi le ruisseau dénommé « Bach » (ruisseau en allemand), nous entamons un dernier tronçon à travers les prairies ; pendant environ un kilomètre, de portillons en échaliers, nous cheminons, pour notre plus grand plaisir, sur ces servitudes.

Membach, église Saint-Jean-Baptiste GRP 573 entre Membach et Eupen

Nous rejoignons un chemin de terre et passons devant une borne en pierre. La défaite de Napoléon à Waterloo amena un nouveau découpage des frontières. Signé en juin 1816, le traité d’Aix-la-Chapelle détermina les limites frontalières entre la Prusse et les Pays-Bas (la Belgique dès 1830). Cette nouvelle démarcation se concrétisa par l’implantation de bornes qui, à cette époque, étaient des poteaux en bois, peints en noir et blanc, côté prussien ; en orange et blanc, côté hollandais (puis belge).

De 1839 à 1856, ils seront remplacés par des bornes en pierre numérotées, octogonales ou carrées, qui, pour la plupart, existent encore aujourd’hui. Lorsque la frontière longeait une route ou un cours d'eau, on plaçait une borne ayant un numéro identique de chaque côté.

La borne 178, à côté de laquelle nous sommes, se trouve sur le « Chemin des Fraudeurs » ; en mémoire de ces hommes, venus d’Eupen, qui pratiquaient la fraude au nez et à la barbe des douaniers prussiens chargés de surveiller la frontière. Au risque de leur vie, ils tentaient de la repasser, besaces et sacs remplis de victuailles destinées au marché noir ou, dans certains cas, réservées à la consommation familiale.

GRP 573 entre Membach et Eupen, ancienne borne frontière

Par le Limburger Weg, nous parvenons à la N67, à l'entrée d'Eupen. Nous suivons brièvement la grand-route avant de la traverser pour suivre la Bergkapellstrasse et de monter jusqu'à cette chapelle de la montagne ; dédiée à Saint-Jean-Baptiste, elle a été érigée, en 1712, à l'emplacement d'une chapelle du XVe siècle.

Peu après, nous empruntons un sentier pavé d'où l'on profite d'un beau point de vue sur la ville basse avec, notamment, les bâtiments des câbleries et l'ancienne usine de filature de laine peignée. Un peu plus loin, un dernier sentier nous mène à l'auberge de jeunesse où nous terminons cette longue randonnée.

Eupen, ville basse

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GRP 563 : Tour du Pays de Herve décrit, au départ de Herve, une grande boucle de 160 km à travers cette région de bocages et de haies vives où les traversées de prairies, grâce à des échaliers, sont nombreuses. Ce sentier de grande randonnée passe notamment par Eupen, Eynatten, La Calamine, Plombières, Aubel, Dalhem, Saive, Olne et Soiron.