Les Randos de Fred & Paul

GR 121 : Chièvres → Harchies (24 km) - avril 2022

Depuis la Grand-Place de Chièvres, nous nous dirigeons vers l’église Saint-Martin. Si un sanctuaire (dont il ne reste aucune trace) était déjà attesté en 1108, l’église actuelle a été construite dans le deuxième tiers du XIVe siècle, sur un petit promontoire. Fort modifié au début du XVIe siècle, à l’initiative de Jean Delmont, bailli de Chièvres et seigneur de Ghislenghien, l’édifice conserva cependant son plan antérieur. Le clocher, qui domine la tour occidentale, a été détruit en 1684 et reconstruit en 1705 ; les tourelles d’angle sont inspirées de l’église Saint-Julien d’Ath.

GR 121 : Chièvres, église St-Martin

Nous progressons dans la rue Notre-Dame jusqu’à la chapelle Notre-Dame de la Fontaine. Selon l’histoire de Chièvres, une statuette de la Vierge serait apparue sur les branches d’un sureau qui croissait au bord d’un ruisseau. Ce dernier alimentait une fontaine, d’où le nom donné à la Sainte représentation. En 1130, Ide (ou Eva) de Chièvres, dame pieuse de la noblesse locale, demanda la construction d'une chapelle pour protéger la petite statue.

Bénie le 14 mai 1893, la chapelle actuelle, de style néogothique, remplace l’édifice antique agrandi en 1632 et démoli en 1798. Le puits, en marbre noir, restauré en 1890, est toujours présent ; on peut y lire les mentions suivantes : « Avant l'an 1200 sur un sehu (sureau en patois local), près de cette source se trouvait l'image miraculeuse de Notre Dame de la Fontaine. Ici tous les maux trouvèrent remède ».

GR 121 : Chièvres, Notre-Dame de la Fontaine

Juste à côté de la chapelle, nous prenons un sentier descendant vers la petite Hunelle et rejoignant ensuite l’avenue Albert Ier. Un peu plus loin, nous passons entre les piliers d’un ancien pont sur lequel circulait, jusqu’en 1962, la ligne de chemin de fer reliant Maffle à Saint-Ghislain. Le tracé blanc et rouge emprunte ensuite une petite route bétonnée évoluant, entre les terres cultivées, à l’arrière du village de Tongre-Saint-Martin. Au terme de ce tronçon d’1,3 km, nous franchissons la Hunelle (dont nous parlerons plus tard) et parvenons au canal Ath - Blaton.

GR 121 entre Chièvres et Tongre-Notre-Dame GR 121 entre Chièvres et Tongre-Notre-Dame

Le canal (22,6 km) relie Blaton, sur le canal Nimy - Blaton - Péronnes, à Ath où il rejoint la Dendre après avoir franchi un bief de partage. À son origine, la cote altimétrique est de 33 mètres. Le parcours s'élève d’abord jusqu'à la cote 60,39 en passant par 10 écluses. Il arrive ainsi au bief de partage qui s'étend, sur 11 km, de Stambruges à Belœil.

Il entame ensuite la descente vers la Dendre au travers de 11 écluses pour atteindre la cote 28,65. Le canal Ath - Blaton et la Dendre (en région wallonne) sont deux des rares voies navigables, avec la Haute Sambre, au gabarit de 300 tonnes. Elles sont de ce fait principalement utilisées par la navigation de plaisance.

GR 121 entre Chièvres et Tongre-Notre-Dame GR 121 entre Chièvres et Tongre-Notre-Dame, canal Ath - Blaton

Après environ un kilomètre au bord du canal, à l’entrée de Tongre-Notre-Dame, le GR 121 passe d’une rive à l’autre. Nous quittons provisoirement le tracé afin de découvrir, au centre du village, la basilique dédiée à Notre-Dame de Tongre. L’origine de la statue de la Vierge que l’on y vénère est réputée miraculeuse.

Selon la légende, la nuit du 1er février 1081, le hameau fut réveillé par une lueur éblouissante et une musique céleste dans le parc du château du seigneur Messire Hector. Après la disparition du phénomène, on trouva sur place une statuette de la Vierge que le seigneur fit porter à l’église de Tongre-Saint-Martin (dont dépendait le hameau). Mais, par trois fois, elle quitta ce lieu dans une lueur éclatante, pour revenir dans le parc du château. Le seigneur consulta l’évêque de Cambrai, qui, après enquête, reconnut les faits et autorisa le culte.

Dès lors, le seigneur fit bâtir une chapelle sur le lieu de ces extraordinaires événements pour y abriter la petite statue miraculeuse, qui sera bientôt connue comme Notre-Dame de Tongre. En 1224, la chapelle fut transformée en église ; elle-même reconstruite en 1777, puis érigée en basilique mineure en 1951. D’inspiration baroque, la façade-écran, caractérisée par ses consoles, domine les lieux par sa hauteur. L’espace intérieur se déploie en une nef élargie par deux travées menant vers deux chapelles dont l’une est dédiée à la Vierge.

GR 121 : Tongre-Notre-Dame

Pendant 900 m, nous continuons notre progression le long du canal, mais sur un chemin bétonné cette fois. Au terme de ce tronçon, nous empruntons la rue du Tordoir où nous franchissons la Hunelle. Cette rivière prend sa source dans le bois de Belœil et traverse ensuite les villages de Huissignies, Ladeuze, Tongre-Notre-Dame, Tongre-Saint-Martin, Chièvres et Arbre où elle se jette dans le bras oriental de la Dendre.

Par un sentier herbeux, nous rejoignons la rue de la Garde. Pendant un kilomètre, le tracé blanc et rouge évolue sur ce chemin de remembrement au milieu des champs.

GR 121 entre Tongre-Notre-Dame et Huissignies, canal Ath - Blaton GR 121 entre Tongre-Notre-Dame et Huissignies GR 121 entre Tongre-Notre-Dame et Huissignies

Nous traversons le village de Huissignies en prenant quelques sentiers, appelés ici des « piedsentes ». Ces passages étroits permettaient de se rendre plus facilement aux champs, aux prairies, au moulin. Le nom des piedsentes évoque les particularités du lieu, son usage ou le sobriquet de ceux qui y habitaient.

GR 121 : Huissignies, piedsentes

Les 3,5 km séparant Huissignies de Belœil vont se dérouler, entre les terres cultivées, sur le béton ou l’asphalte. Au terme de ce parcours, nous admirons, de loin, le domaine du château de Belœil qui appartient, depuis des siècles, à la famille princière de Ligne. Cette illustre famille de la noblesse belge doit son nom au village de Ligne, situé entre Ath et Tournai.

GR 121 entre Huissignies et Belœil

C’est à l’occasion du mariage, en 1394, de Fastré de Ligne avec Jeanne de Condé, héritière de la seigneurie de Belœil, que la famille s’installe ici. Un château est aussitôt construit, et subit, au cours des siècles, plusieurs remaniements dont il nous reste peu de données historiques et archéologiques. Tel qu’on peut le voir aujourd’hui, le château, de style classique, est le fruit d’importantes modifications apportées, au XVIIIe siècle.

De l’ancien manoir, on a gardé le plan trapézoïdal, les quatre tours d’angle du XVe siècle et les douves. Ravagé par un incendie en décembre 1900, le château a été reconstruit de 1901 à 1906 par l’architecte français Ernest Sanson qui lui restitua sa grandeur.

Belœil est aussi, et surtout, connu pour le bel écrin de verdure qui entoure le château. Le domaine, déjà important au XVIIe siècle, totalise aujourd’hui 120 ha, dont la moitié est occupée par des jardins. Les jardins à la française, conçus entre 1711 et 1761, s’agencent, au sud du château, autour de la grande pièce d’eau. Appelé le grand lac ou miroir, ce bassin est long de 460 m et large de 130. La zone à l’ouest du château a été aménagée, entre 1781 et 1786, en jardin à l’anglaise.

GR 121 : château de Belœil

Dans le prolongement de la grande pièce d’eau s’étend, à travers le bois de Belœil, une allée de hêtres (4 km de long, 30 m de large), fermée à son extrémité par les deux pavillons des gardes du XIXe siècle et interrompue, à la jonction entre le grand parc et la forêt, par le bassin de la Canarderie. Ce dernier porte ce nom parce que c’est à cet endroit que la famille princière chassait jadis le canard. De nos jours, c’est le paradis des batraciens, libellules et autres insectes.

GR 121 : Belœil, Grande Avenue

Nous quittons le « Versailles belge » et empruntons, sur 1,2 km, cette Grande Avenue. Peu après le bassin de la Canarderie, nous tournons à droite et continuons, au milieu des bois, jusqu’à la rue des Viviers au Bois. De l’autre côté de cette rue, nous parvenons au canal Ath - Blaton que nous franchissons grâce à un pont-levis.

GR 121 entre Belœil et Harchies, canal Ath - Blaton

Au-delà du canal, le GR 121 se poursuit, pendant environ six kilomètres, dans la forêt indivise de Stambruges. Ce vaste domaine forestier (475 hectares), devenu propriété publique il y a 40 ans, faisait jadis partie du patrimoine des princes de Belœil. Les héritiers de la princesse Marie de Ligne décidèrent de vendre la propriété qui aurait probablement été morcelée si elle n'avait pas été rachetée par les pouvoirs publics.

L'administration des Eaux et Forêts, la province de Hainaut et les communes de Belœil et de Saint-Ghislain s'associèrent pour réaliser l'achat en indivision, aucun des partenaires ne pouvant supporter seul le poids financier de l'acquisition.

GR 121 entre Belœil et Harchies, forêt de Stambruges

Le parcours, un peu plus vallonné, nous mène d’abord à la « Fontaine bouillante ». La surface de l’eau de ce petit étang est en permanence agitée de fines bulles. Ce n’est pas la chaleur de l’eau, légèrement plus chaude qu’elle ne devrait être, qui provoque ce bouillonnement incessant. Il s’agit en fait de l’air qui, grâce à une faille, traverse la couche sablonneuse au fond de la source.

La légende raconte que l’attelage de la jeune princesse de Ligne s’y serait précipité, entrainant avec lui tout l’équipage qui périt. Chaque année, le vendredi saint à minuit, par temps orageux uniquement, l’équipage remonte à la surface de l’eau et tente de s’extirper sans succès de son piège de vase. Cette légende semble reposer sur un fait avéré puisqu’un meunier découvrit, au cours d’un curage de la fontaine bouillante, un essieu de voiture, un tibia humain et un crâne de cheval.

GR 121 entre Belœil et Harchies, fontaine bouillante

Un peu après un imposant château d’eau, nous arrivons à proximité du village de Sirault et effectuons une petite pause. À hauteur d’un panneau indiquant « Altitude 100 », car nous sommes effectivement à 100 m d’altitude, nous croisons le tracé du GRP 123 avec qui nous ferons parcours commun jusqu’à la fin de l’étape (5,5 km).

GR 121 entre Belœil et Harchies, forêt de Stambruges

Toujours au milieu des bois, nous descendons vers la « Mer de Sable de Stambruges ». Au XVIIIe siècle, ce site était un vaste étang de 40 hectares, alimenté par les eaux pluviales, appelé la mer de Stambruges ; ce mot signifie, littéralement, étang des bruyères. De nombreux canards venaient y trouver refuge en hiver et le poisson étant abondant.

Sous l’action de l’homme, le paysage a changé et, après 1852, l’étang fut asséché pour y établir des plantations. Aujourd’hui, le paysage est constitué de buttes sableuses, de landes tourbeuses, de plantations, et permet le développement d’une flore typique de ce milieu particulier.

GR 121 entre Belœil et Harchies, mer de sable de Stambruges

Le tracé blanc et rouge traverse la N50 et continue de descendre, sur des sentiers forestiers, vers la N505. Nous marchons au bord de cette grand-route, sur 800 mètres, et passons sous l’autoroute E42, puis au-dessus du canal Nimy - Blaton - Péronnes.

GR 121 entre Beloeil et Harchies

Ce canal relie, en 39 km, Nimy (lac du Grand Large) à Péronnes au niveau de l'Escaut. Avec le canal du Centre et le canal Bruxelles - Charleroi, il forme la liaison entre l’Escaut et la Meuse. Inauguré en octobre 1955 (après 18 ans de travaux), il remplace l’ancien canal Pommerœul - Antoing, ouvert en 1826. À cette époque, le Borinage avait besoin d’un moyen de transport efficace pour livrer la très grande quantité de charbon récolté dans les mines de la région.

Le canal profitant de la faible pente de la vallée de la Haine n’a pas besoin de beaucoup d’écluses ; il n’en possède que deux à sa jonction avec l’Escaut pour surmonter une différence de niveau totale de 18,10 mètres.

GR 121 : canal Nimy - Blaton - Péronnes

Juste après le canal, nous prenons la rue de Stambruges qui nous amène directement à la gare d’Harchies où se termine cette étape. Alors qu’il ne nous reste que quelques mètres à parcourir de l’autre côté du passage à niveau, il nous est impossible de franchir celui-ci. Peu de temps avant notre arrivée, un camion a accroché une caténaire rendant, de fait, la circulation tant ferroviaire que piétonne et automobile interdite. Un policier, connaissant bien les lieux, nous explique comment rejoindre l’autre côté du passage à niveau, moyennant un détour d’1,5 km.

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GRP 123 : Tour de la Wallonie picarde effectue, au départ de Tournai, une grande boucle sinueuse de 260 km dans l'ouest de la province de Hainaut. L’itinéraire traverse quatre régions : le parc naturel des Plaines de l’Escaut (de Tournai au Happart), la vallée de la Dendre (de Happart à Lessines), le pays des Collines (de Lessines au mont de l’Enclus) et la plaine de l’Escaut (du mont de l’Enclus à Tournai).