GR 16 : Dohan → Bouillon (20 km) - juin 2022

Nous débutons cette étape près de l’église dédiée à Saint-Florent. Jadis, le site de Dohan était occupé par des soldats en charge de la surveillance du gué, de sa sécurité et du prélèvement de droits de passage. Ce gué de la voie d'Yvois permettait le franchissement de la Semois en évitant Bouillon. Au début du XVII^e siècle, à 150 mètres à vol d'oiseau du gué, un château a été construit.

Ce dernier se présente sous la forme d’un imposant manoir en schiste et grès partiellement crépi, édifié sur une assiette rocheuse dominant la Semois d’une vingtaine de mètres. L'aile côté rue possède un portail monumental dont le fronton triangulaire est frappé aux armes de la famille Duchesne de Ruville-Thibault qui occupa le château à la fin du XVIII^e siècle. Actuellement, le château appartient à Jean-Etienne Hallet qui fut le grand artisan de la sauvegarde et de la remise en état des bords de la Semois, du site de Frahan et du « Tombeau du Géant » notamment.

Le GR 16 s’éloigne (provisoirement) de Dohan en empruntant, pendant 800 mètres, une petite route montant au milieu des prairies. Nous tournons ensuite, à gauche, sur un chemin rocailleux se dirigeant vers une forêt. À l’entrée de celle-ci, nous profitons, depuis le point de vue de la Schevauchée, d’un beau panorama sur Dohan et la Semois, située 50 m plus bas.

Nous continuons sur un large chemin caillouteux, en surplomb de la Semois qui décrit ici un large méandre. Au terme de cet agréable tronçon, d’environ quatre kilomètres, nous rejoignons la N865 et marchons au bord de celle-ci jusqu’à l’entrée de Dohan (à 250 m du point de départ). En 1986, un éboulement spectaculaire a eu lieu sur cette N865 qui resta impraticable jusqu’en 2004. En 2010, la route fut, à nouveau, fermée à la circulation en raison des risques d’éboulements… elle l’est toujours en 2022 !

Le tracé blanc et rouge quitte Dohan en montant la rue de la Germone. Nous traversons la N816 (seule route qui permet l’accès au village depuis la fermeture de la N865) et prenons, de l’autre côté, un sentier forestier. Après un kilomètre, nous retraversons la N816 et entamons ensuite un parcours forestier de 2,6 km. La fin de ce tronçon s’effectue en descente et nous fait passer de 395 à 258 mètres d’altitude.

Près du « Moulin Hideux », nous franchissons la N865 ainsi que le ruisseau du Moulin Hideux. Au XVII^e siècle, deux moulins à eau existaient le long de la rivière : un à farine, l’autre à écorces. En patois local, le lieu-dit était dénommé « l’y deux molins » (les deux moulins)… ce qui donna plus tard : « l’hideux moulin », transformé en « moulin hideux ». En 1947, ils sont transformés en restaurant et, en 1960, le Moulin Hideux est le premier hôtel-restaurant qui ne soit pas français à faire partie du réseau Relais & Châteaux.

Nous grimpons à travers bois et passons, en un kilomètre, de 258 à 371 m d’altitude. Au sommet, le GR 16 rejoint une petite route qu’il descend vers la gauche en direction de la Semois. Nous décidons cependant d’effectuer un petit détour, vers la droite, jusqu’à la chapelle de Buhan où nous trouvons un banc pour notre pause casse-croûte.

Cette chapelle, dédiée à Notre-Dame de Walcourt, a été construite, en 1880, par un habitant de Noirefontaine, en remerciement d’une grâce obtenue. À l’intérieur de la chapelle, abritée par deux tilleuls, se trouvent quatre saints que l’on vénère en tout temps : sainte Apolline que l’on invoque contre les maux de dents, saint Donat qui protège de la foudre, saint Walfroy qui préserve des rhumatismes et sainte Gertrude vénérée contre les invasions de souris.

Si depuis la chapelle, on devine déjà la ville de Bouillon, nous devons encore marcher plus de 8 km avant d’y parvenir ! Nous descendons la petite route que nous quittons après 200 mètres pour un chemin, envahi par la végétation, qui lui est parallèle. Nous rejoignons la Semois près du gué du Han du Han. Le sens du mot « han », très fréquent dans les noms de villages et de lieux le long de la Semois, est sujet à controverse. Ce terme se rapporte, souvent, à un site voisin d’un méandre.

Le tracé blanc et rouge progresse, pendant six kilomètres, à proximité de la Semois qui décrit, ici aussi, un large méandre. Ce parcours, tantôt sur de larges chemins forestiers, tantôt sur d’étroits sentiers herbeux, passe à côté de deux petites îles : l’île de Locaillou suivie de l’île Stassart.

Au-delà d’une clôture, nous traversons un champ de maïs avant d’atteindre la N89. Grâce à une passerelle piétonne, nous arrivons de l’autre côté de la grand-route et descendons, par un sentier, vers le centre de Bouillon.

Nous franchissons la Semois sur le « pont de France ». En 1890, un nouveau projet marque la cité : celui de relier par un tram vicinal la gare de Poix-Saint-Hubert à Sedan et à Pussemange en passant par Maissin, Paliseul, Menuchenet, Bouillon et Corbion. Pour cela, il faut traverser la Semois à Bouillon et percer un tunnel sous le château fort pour ensuite suivre la route de Corbion.

Un seul pont existe, le pont de Liège, mais il est inutilisable à cause de la dénivellation importante en venant de Noirefontaine. Il faut donc se résoudre à créer un nouveau pont, auquel on accédera grâce à une courbe au départ de la gare, qui débouchera sur la Porte de France, en amont de l'ancien moulin.

C’est en juillet 1891 que fut conçu le tracé du futur tunnel sous le château fort. La trouée, longue de 90 m, a été terminée en juin 1896. Ce n’est toutefois qu’en septembre 1910, que le tunnel fut inauguré avec faste. La ligne vicinale, connue sous le nom « Le Bouillonnais », pouvait désormais faciliter les échanges transfrontaliers qui, avant, s’effectuaient par une malle-poste. Le montage financier se fit avec l’aide des trois communes traversées par la ligne. Inscrits dans le parement de pierre, côté ouest, leurs noms rappellent l’effort consenti.

De l’autre côté du pont, nous marchons, pendant 300 mètres, au bord de la Semois, sur le quai du Rempart. Nous passons près de l’église, dédiée aux Saints-Pierre-et-Paul, avant de monter vers l’esplanade du château fort où nous retrouvons la voiture.

➔ Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

• Le GR 14 : Sentiers de l'Ardenne permet, en 276 km, de relier Monschau (Allemagne) à Sedan (France) en passant par Malmedy, Trois-Ponts, La Roche-en-Ardenne, Saint-Hubert, Transinne et Bouillon. Ce sentier de grande randonnée propose ainsi une traversée de l’Ardenne en s’enfonçant dans les forêts et en longeant plusieurs rivières : Warche, Amblève, Lienne, Ourthe, Lomme, Lesse, Our ou Semois.