Haspengouw : Alken → Saint-Trond (20 km) - janvier 2022
Info : pour effectuer cette étape de 22 km dont 20 sur le GR, nous avons pris le train entre les gares de Saint-Trond et d'Alken (2 km hors GR).
Depuis la gare d’Alken, nous devons d’abord marcher environ 2 km afin de retrouver, au centre de la localité, le balisage jaune et rouge. De retour sur le Streek-GR Haspengouw, nous nous éloignons d’Alken en empruntant des chemins passant au milieu des vergers. Après ce tronçon d’un kilomètre, c’est malheureusement sur l’asphalte ou le béton que nous poursuivons notre progression durant près de 4 km ; seul un chemin de terre nous offrira 600 mètres de répit !
Près d’une chapelle, dédiée à Notre-Dame du Rosaire, nous tournons sur un petit chemin évoluant à la lisière d’un bois. Nous rejoignons ensuite la N759 que nous suivons sur 300 mètres ; sur ce court tronçon, nous franchissons successivement la N80 et la ligne de chemin de fer (Landen - Genk).
Peu après le passage à niveau, nous prenons la Begaardenbosstraat qui nous mène jusqu’au cimetière de Kortenbos. À l’entrée de celui-ci, nous trouvons un banc, au soleil, où effectuer la pause de midi.
Par un sentier, nous rejoignons la N722 et découvrons, au bord de cette grand-route, la basilique Notre-Dame de l’Assomption. Il y a quelques siècles, les voyageurs passant dans la région étaient régulièrement attaqués par des brigands. Elisabeth van Oeteren voulut les protéger ; en 1636, elle plaça une statue de la Vierge Marie dans un chêne, en un endroit isolé.
Trois ans plus tard, une chapelle, qui porta le nom de « Notre-Dame au Rossignol, près du Kortenbos », a été construite. En raison de l'afflux de fidèles mariaux et d'une série de prétendus miracles, on décida, en 1641, de construire une église de pèlerinage baroque. Celle-ci a été inaugurée en 1648, mais durant les décennies qui suivirent elle fut agrandie d’un portail, d'un transept et d'une tour dont le sommet dispose d’une lanterne et de petites tours angulaires.
Les travaux ont été terminés en 1725 ; deux siècles plus tard, on y ajouta deux portails latéraux. Le 13 mai 1873, l'évêque de Liège proclama Notre-Dame de Kortenbos « Patronne du Limbourg ». Le couronnement solennel de la statue de la Vierge Marie, approuvé par le pape Léon XIII, a eu lieu le 1er mai 1898. Le 24 février 1936, le pape Pie XI conféra le titre de basilique mineure à l'édifice.
L'intérieur de l'église est pratiquement resté en l’état d’origine et ressemble fortement à celui de l’abbaye d’Averbode. L'arrière du chœur est complètement couvert par l'imposant maître-autel en bois marbré. Sur toute la longueur des murs intérieurs, et atteignant les verrières, le vaisseau est recouvert de beaux lambris en chêne réalisés en 1650. Huit confessionnaux sont incorporés dans ces parois décoratives. L'image miraculeuse représentant la mère de Dieu avec l'enfant Jésus sur le bras est en terre cuite et mesure 18,5 cm.
Pendant 500 mètres, nous restons au bord de la N722 avant de prendre un chemin de terre, sur la droite, évoluant entre champs et vergers. Un peu plus loin, le tracé jaune et rouge pénètre dans le domaine provincial Nieuwenhoven dans lequel il va progresser durant trois kilomètres.
Au début de ce tronçon, essentiellement forestier, un poteau nous informe que nous croisons le GR 128 avec qui nous ferons parcours commun pendant 1,6 km. Nous montons (de 54 à 87 mètres d’altitude) sur de larges chemins avant d’emprunter un sentier en caillebotis.
Au IXe siècle, l'abbaye de Saint-Trond reçut en donation de Bertha de Flandre, épouse de Baudouin de Flandre, une vaste zone forestière dénommée « Bruderholt ». Les moines y ont construit une ferme et ont commencé à cultiver les parties les plus appropriées. Seules les fortes pentes et les zones marécageuses sont restées boisées. Environ 200 ans plus tard, la ferme a été transformée en château ; ce dernier reçu le nom de « Nieuwe Hove » et servit, jusqu’au XVIIIe siècle, de résidence d’été pour les abbés.
Au XVIIe siècle, l'abbaye de Saint-Trond possédait 430 ha de terres près de Nieuwenhoven, dont 259 ha de forêt. Après la Révolution française, le domaine passa en mains privées. Dans les années 1970, lorsque le site menaça d'être morcelé, la province du Limbourg racheta la partie boisée (environ 80 hectares) qu’elle aménagea pour le public, avec une double fonction : conservation de la nature et loisirs passifs. Au fil des ans, la province a étendu le domaine à 161 ha.
À la sortie de la forêt, nous nous séparons du GR 128 et descendons, un chemin herbeux, en direction du château de Nieuwenhoven. En 1860, le baron Charles Whettnall fit restaurer et rénover l'ancienne résidence abbatiale et les ailes de service dans un style pittoresque anglais. Ce château a été en grande partie détruit par un incendie en 1932 ; il fut rénové dans les années 1950. La façade est flanquée de deux tours d'angle. Sur le côté gauche, on trouve l'ancienne ferme abbatiale, datée de 1623.
Le Streek-GR Haspengouw rejoint une route étroite qu’il va suivre pendant 1,2 km. Au début de ce parcours rectiligne, nous découvrons une charmante chapelle. Selon la légende, la statue de Notre-Dame des Anges est vénérée ici depuis le XVIe siècle. Vers 1630, on érigea une chapelle qui fut restaurée en 1782.
Après la Révolution française, la chapelle, comme le domaine de Nieuwenhoven, a été vendue, après quoi elle tomba probablement en ruine. La chapelle actuelle a été érigée dans la seconde moitié du XIXe siècle, en conjonction avec la rénovation néo-gothique du château sous le baron Charles Whettnall.
Un peu plus loin, nous abordons un dernier tronçon au milieu des vergers avant de traverser le vaste domaine d’un hôpital psychiatrique (le plus grand du pays, avec plus de 731 lits). Par un chemin de terre, en bordure d’un champ, suivi d’un étroit sentier, nous parvenons à la N716. Nous longeons cette dernière, pendant 300 m, avant de tourner à gauche, juste après avoir franchi la ligne de chemin de fer reliant Landen à Genk.
Pendant 700 mètres, nous progressons sur un petit chemin asphalté qui se trouve à l’emplacement d’une ancienne ligne ferroviaire qui reliait Saint-Trond à Tongres. À la fin d’un grand parc « Speelhof », nous quittons le tracé jaune et rouge qui se dirige vers la gare sans passer par le centre-ville ; nous souhaitons, par un petit détour, découvrir Saint-Trond et quelques-uns de ses monuments…
Le béguinage a été fondé en 1258 à l'extérieur des murs de la ville. À son apogée, plus de 200 béguines vivaient ici. La plupart des maisons, groupées autour de l’église, datent du XVIIe ou du XVIIIe siècle. À la Révolution française, le béguinage a été exproprié et vendu à des particuliers ; la dernière béguine est décédée en 1860.
L’attrait principal du béguinage, c'est l'église, dédiée à Sainte-Agnès, dont les parties les plus anciennes remontent au XIIIe siècle. Fermé au culte en 1928, l’édifice religieux est actuellement utilisé comme espace d'exposition et de concert. À l’intérieur de l’église, on peut admirer une série de 38 peintures murales datant du XIIIe au XVIIe siècle ainsi qu’un orgue baroque, attribué à Christian Ancion ; il est considéré comme le plus ancien orgue en activité en Belgique.
Vers 650, Trond (ou Trudon), fils du comte Wicbolde, fonde une petite église et quelques bâtiments conventuels en bois. Il décède en 693 et est enterré dans son église. Ravagé par les Normands en 883, le prieuré se relève une cinquantaine d’années plus tard et la communauté adopte la règle de saint Benoît. Un bourg se forme autour du monastère : la population augmente d’autant plus vite que le tombeau du saint fondateur et bienfaiteur attire les pèlerins.
Au milieu du XIe siècle, une nouvelle église abbatiale de style roman est érigée : une centaine de mètres de longueur et 27 mètres de largeur au transept. L’abbé Wiric van Staepel (1155-1180) fait de Saint-Trond un grand centre de pèlerinage sur les tombes de saint Trond et saint Eucher d'Orléans. Les bâtiments claustraux sont alors achevés et l’abbaye obtient le droit de frapper monnaie ; l’atelier monétaire ne sera supprimé qu’en 1560.
Sous l’abbatiat de Willem van Brussel, au début du XVIe siècle, un programme de transformations et d'agrandissements est mis en chantier. Le domaine est alors entouré d’un mur d’enceinte et un nouveau palais abbatial est construit. Le portail baroque du mur d’enceinte date de 1655. L'arrivée des révolutionnaires met fin à l’abbaye ; en 1798, elle est vendue à quatre Liégeois.
Ceux-ci démolissent immédiatement l’église, ne laissant debout que la tour. Les bâtiments épargnés sont affectés à d’autres usages. L’imposante tour repose sur une base romane du XIe siècle. Les deux tourelles qui la flanquent et renferment les escaliers sont de l’époque gothique. Depuis 1999, les contours de l’église abbatiale romane sont de nouveau visibles grâce à huit colonnes qui représentent les piliers (18 m) de la nef méridionale.
La Grand-Place a toujours été le centre névralgique du commerce local de Saint-Trond, principalement l’industrie drapière. Les activités marchandes ont commencé à se déployer au-delà du parvis de l’abbaye, devenu trop petit. En 1366, on a construit une halle couverte au milieu de la Grand-Place, sur la ligne de démarcation entre la juridiction de l’abbé et celle du prince-évêque de Liège (cogérant de la ville depuis 1227).
Le beffroi, qui faisait à l'origine partie de la halle aux draps, est aujourd'hui intégré à l'hôtel de ville ; ce dernier a été construit autour de la halle aux draps au XVIIIe siècle. La partie basse du beffroi date du XIIIe siècle, le reste de 1606. Les façades de l'hôtel de ville ont été rénovées, en 1754, par l'architecte liégeois Etienne Fayen. Le symbole des libertés de la ville, l’aigle bicéphale en fer forgé, œuvre de Pierre Radoux, orne le perron datant du XIVe siècle.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GR 128 : Vlaanderenroute part du village de Wissant, à mi-chemin entre le Cap Griz-Nez et le Cap Blanc-Nez, et parcourt quelque 170 km à travers la France. Il traverse ensuite toute la Flandre, en 480 km, pour se terminer dans la ville d'Aachen.