Les Randos de Fred & Paul

GRP 571 : Ernonheid → Comblain-au-Pont (20 km) - novembre 2019

Info : pour effectuer cette étape de 21 km dont 20 sur le GR, nous avons pris le train entre les gares de Rivage (900 m hors GR) et d'Aywaille, puis le bus TEC 265 entre Aywaille (Gare SNCB) et Werbomont (chemin de Burnontige).

Lorsque nous descendons du bus, en ce samedi matin, nous sommes directement sur le parcours. Nous rejoignons Ernonheid en progressant, sur un chemin caillouteux, dans le « Bois Renard Pieri ». Le GRP 571 traverse le village et se dirige vers un hangar agricole. 200 mètres plus loin, l’asphalte fait place à un chemin herbeux menant à l’entrée du bois « Hé des Rotins ». Nous évoluons dans ce massif forestier, d’abord horizontalement puis en descente, et profitons pleinement des belles couleurs automnales. Après 1,6 km, nous arrivons à Grimonster.

GR 571 entre Ernonheid et La Rouge Minière GR 571 entre Ernonheid et La Rouge Minière

La réserve naturelle de Grimonster s’étend autour d’une imposante demeure, d’inspiration néo-mosane, et de nombreuses dépendances des XVIIe et XVIIIe siècles disposées en U autour de deux cours. Le château et ses bois étaient autrefois le théâtre d’activités industrielles traditionnelles comme les bas fourneaux (élaboration de la fonte et des ferroalliages) et les tanneries. Afin de fournir le tanin nécessaire aux tanneries d’alors, la forêt a été plantée de milliers de chênes. On peut constater que plusieurs noms de village et de lieux-dits font référence à l’industrie du fer : Ferrières, Heid du Fourneau, La Rouge Minière.

GR 571 : château de Grimonster

Nous prenons une petite route et franchissons le ru du Pourceau Pré qui rejoint ici le ruisseau du Pouhon ; pendant 500 mètres, nous progressons à côté de ce second cours d’eau. Le ruisseau du Pouhon, qui s’appellera plus loin la Lembrée, se jette dans l’Ourthe, au hameau de Palogne, près du château fort de Logne.

GR 571 entre Ernonheid et La Rouge Minière

Le balisage nous fait grimper un étroit sentier encaissé qui aboutit à La Rouge Minière. Nous y découvrons une belle fontaine qui, comme l'indique une inscription, est due à la munificence de Jean-Nicolas Fischbach de Malaccord, châtelain de Grimonster. En 1832, il écrit à l’administration de Ferrières pour venir en aide aux habitants du village mal équipé en eau.

« Depuis mon séjour à Grimonster, j'ai vu avec peine, que les habitants de la Rouge Minière n'ont point d'eau vive à leur disposition actuelle, pour les besoins du ménage et pour l'usage de leur bétail, que celle qu'ils doivent aller puiser au ruisseau de Pouhon qui coule au pied de la montagne sur laquelle le hameau est situé. Les peines qu'endurent ces habitants, en devant plusieurs fois par jour descendre cette montagne et la remonter autant de fois avec des fardeaux dans des temps rigoureux de l'hiver, ont excité, dans mon cœur, un sentiment de compassion qui m'a fait prendre la résolution de leur procurer l'avantage d'avoir l'eau au milieu de l'endroit, si l'autorité communale veut me permettre de faire exécuter à mes frais les travaux que nécessite cette utilité publique.

Je placerai sur le terrain vague qui se trouve au milieu de l'endroit un soc de pierre dans lequel je conduirai l'eau de la fontaine au moyen de tuyau de plomb que je ferai placer dans le sein de la terre. Je ferai creuser un bassin pour recevoir les eaux qui découleront de ce bac et de ceci résulteront plusieurs avantages pour les habitants qui auront tout près de leur demeure : une autre source pour leur consommation du ménage, un bel abreuvoir pour leurs bestiaux et un réservoir d'eau en cas d'incendie. »

GR 571 : La Rouge Minière, fontaine

Un peu plus haut dans le village, nous découvrons une imposante chapelle dédiée à la Vierge des Pauvres. Les habitants de La Rouge Minière n'avaient jadis à leur disposition que la chapelle castrale de Grimonster comme édifice de culte, ou bien la chapelle du Petit séminaire de Saint-Roch. Cette situation exigeait des déplacements longs et souvent pénibles et l'on comprend que, depuis longtemps, une chapelle était vivement désirée dans le village. Le 6 août 1944, devant une foule nombreuse et enthousiaste, son Excellence Mgr. Kerkhofs vint inaugurer et bénir la chapelle. La façade de cet édifice, pouvant contenir une centaine de personnes, est protégée par un auvent soutenu par quatre colonnes en chêne. Au-dessus de ce dernier, une niche abrite une grande statue de Notre-Dame de Banneux.

GR 571 : La Rouge Minière, chapelle ND des pauvres

Nous quittons La Rouge Minière en descendant par un sentier rocailleux vers le ruisseau du Moulin de Saint-Roch. De l’autre côté du cours d’eau, nous grimpons un sentier et croisons la « Vôye dè Tram ». De 1909 à 1948, le vicinal reliant Comblain-la-Tour à Manhay circulait ici ; le trafic des marchandises a perduré jusqu’en 1959. La « Transferrusienne », un itinéraire balisé de 18 km, permet de parcourir, en partie, cette ancienne ligne.

GR 571 entre La Rouge Minière et Xhoris GR 571 entre La Rouge Minière et Xhoris

Le tracé jaune et rouge contourne une prairie et pénètre dans une forêt ; pendant 1,5 km, nous progressons entre les résineux et les feuillus.

GR 571 entre La Rouge Minière et Xhoris GR 571 entre La Rouge Minière et Xhoris

Peu après avoir traversé la N86, nous prenons, sur la gauche, un chemin, un peu boueux, évoluant entre les terres cultivées. Face à une maison isolée, nous empruntons un chemin herbeux aboutissant à la voie des Rixhalles. Un peu plus loin, nous descendons, à travers un petit bois, vers le village de Xhoris.

GR 571 entre La Rouge Minière et Xhoris GR 571 entre La Rouge Minière et Xhoris

Nous nous installons, au chaud, à la cafeteria du centre de vacances « Relaxhoris » pour manger notre pique-nique et déguster une bière régionale. Cet établissement et l’ensemble du site a fermé définitivement ses portes le 1er décembre 2019, soit 15 jours après notre passage. Du Moyen Âge jusqu'en 1795, Xhoris (on ne prononce pas le X) faisait partie de la principauté de Stavelot-Malmedy (comté de Logne). Le chemin de fer vicinal Comblain-la-Tour - Manhay traversait jadis le village par un tracé particulièrement sinueux.

Après cette pause, nous passons devant l’église dédiée à Saint-Martin. L’édifice a été reconstruit en 1821, en style Empire, sur une église antérieure bâtie en 1573. À l’intérieur, on peut voir des pierres tombales incorporées au pavement. Sur le socle d’une des colonnes figurent la date de 1830 et le nom du bourgmestre de l’époque, le baron de Sélys-Fanson.

GR 571 : Xhoris, église Saint-Martin

Le « Tour des Vallées des Légendes » longe le cimetière de Xhoris, puis monte un sentier herbeux, entre champs et prairies. Avant d’emprunter un autre sentier, nous découvrons la chapelle Sainte-Barbe (datant de 1862) aussi appelée chapelle du tilleul des Lognards. Ce bel arbre, situé en face de la chapelle, s'inscrit clairement dans le paysage de Xhoris, où il servait de repère. Au Moyen Âge, on pendait à ses branches les soudards du château de Logne qui détroussaient les voyageurs. Outre son rôle de gibet, il avait celui, plus pacifique, d'arbre guérisseur dit « arbre à clous ».

GR 571 : Xhoris, chapelle du tilleul des Lognards

Au-delà d’un terrain de football, nous empruntons la rue Pierreux et abordons ensuite un tronçon forestier de deux kilomètres. Celui-ci commence par une descente, presque rectiligne, jusqu’au ruisseau de Boé et continue, sur l’autre versant, par une remontée en lacets.

GR 571 entre Xhoris et Hoyemont GR 571 entre Xhoris et Hoyemont

Près du sommet, à la sortie du bois, nous apercevons, sur la gauche, le château de Fanson. La seigneurie de Fanson est mentionnée dès le Moyen Âge. Le château se composait d'un donjon entouré de fossés qui ont été transformés en étangs au XVIIIe siècle. Possession de la famille de Sélys-Fanson pendant de nombreuses décennies, le château s'agrandit aux XVIIe et XVIIIe siècles. Cette propriété fait partie du territoire de Xhoris depuis la Révolution de 1789. Avant cette date, Fanson constituait un franc alleu.

GR 571 : Xhoris, château de Fanson

Nous parvenons dans le hameau de Hoyemont (se prononce Oimont) qui est le point culminant de la commune de Comblain-au-Pont. Nous prenons un chemin de terre qui se trouve sur un tige, une ligne de crête, et serait une ancienne voie romaine. D’ici, nous profitons d’un large panorama et devinons notamment le site du Sart-Tilman et son hôpital universitaire. Après 600 mètres, nous entamons la descente (de 292 à 104 mètres d’altitude) vers Comblain-au-Pont. Avant d’atteindre l’Ourthe, nous admirons la tour Saint-Martin.

GR 571 entre Hoyemont et Comblain-au-Pont

De 1277 à 1795, Comblain-au-Pont faisait partie du domaine de l'abbaye de Stavelot. C'est pendant cette période paisible qu'une église a été construite, remplaçant une forteresse qui n'a probablement pas subsisté plus de quelques dizaines d'années. Le donjon, ayant heureusement échappé à la démolition du château, fut repris comme tour. Cette église Saint-Martin, de style ogival, fut détruite après 1843 ; les matériaux servant à la construction de l’église actuelle, située place Leblanc. En contrepartie, à la fin du XIXe siècle, le curé fit restaurer la tour, ainsi que le mur d'enceinte, et fit placer des meurtrières pour lui donner un aspect plus médiéval. La tour Saint-Martin est entourée d’un cimetière, où les monuments révèlent l’amour des villageois pour la pierre.

GR 571 : Comblain-au-Pont, tour Saint-Martin

Nous longeons le cimetière de Comblain-au-Pont (bien fleuri en ce mois de novembre) et arrivons au bord de l’Ourthe. Après le pont du vicinal, nous progressons au bord du cours d’eau pendant 1,2 km. Dans le but de désenclaver les régions rurales, la Société Nationale des Chemins de Fer Vicinaux (SNCV) décida, en 1888, de créer, entre autres, la ligne Clavier - Comblain. Celle-ci constituait, pour les campagnes, une ouverture sur la vallée de l’Ourthe ou sur les zones industrielles du bassin liégeois aussi bien pour le transport des personnes que des marchandises. Le premier tronçon a été ouvert en octobre 1894. Fin 1917, l’occupant ordonna le démontage complet des 27 km de voies. La remise en état s’effectua par tronçons successifs en 1920. Le dernier convoi est passé en mai 1957. Le pont qui a donné son nom à la localité « Comblain-au-Pont » était plus ancien et situé quelques mètres en amont.

GR 571 entre Hoyemont et Comblain-au-Pont

Sur cet agréable parcours, nous découvrons, sur l’autre rive, une paroi verticale appelée le rocher du Vignoble. Cette falaise aurait été plantée de vignes sous l'Ancien Régime (un document du XVIe siècle l’atteste). Vers 15 h, nous rejoignons le hameau de Pont-de-Scay, au confluent de l’Ourthe et de l’Amblève, le point de départ et d’arrivée du GRP 571.

GR 571 entre Comblain-au-Pont et Pont-de-Scay

Une légende locale raconte que César, durant la conquête de la Gaule, fit jeter ici un pont pour traverser l’Ourthe ; à peine achevé, des Gaulois réussirent à en détruire la moitié. Coupé en deux, le pont ne pouvait plus s’appeler « pont de César » on le dénomma donc « pont de scay ». Pour retrouver la voiture, laissée le matin à la gare de Rivage, nous devons encore marcher 900 mètres (hors GR).

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GR 15 : Sentiers de l'Ardenne permet de relier, en 230 km, Arlon à Monschau (Allemagne). Ce sentier de grande randonnée passe notamment par Martelange, Bastogne, Houffalize, Aywaille, Spa et Eupen.

  • Le GR 575-576 : À travers le Condroz résulte de la réunion du GR 575 : Tour du Condroz namurois et du GR 576 : Tour du Condroz liégeois en une grande boucle de près de 300 kilomètres.