Les Randos de Fred & Paul

Camino : Hospital de Órbigo → Astorga (18 km) - mai 2025

Vers 9 h, nous quittons notre hébergement où nous avons pu profiter d’un accueil chaleureux et d’un bon repas (fait maison). Nous débutons cette étape, au centre d’Hospital de Órbigo, devant l’église San Juan Bautista datant du XVIIIe siècle.

Fondée par l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, son origine remonte au XIIe siècle, lorsque cet ordre y établit un hôpital (qui fonctionna jusqu’en 1850) destiné aux pauvres et aux pèlerins ; l'église répondait aux besoins spirituels de ces derniers.

Hospital de Órbigo, église San Juan Bautista

À la sortie du village, nous avons deux possibilités pour rejoindre San Justo de la Vega, à hauteur du crucero de Santo Toribio : continuer tout droit sur le tracé historique (un chemin rectiligne le long de la N120), ou tourner à droite pour s'éloigner de la circulation et progresser à travers un paysage agricole.

Comme la grande majorité des marcheurs, nous optons pour cette seconde option (plus longue d'un kilomètre). Pendant 1,8 km, nous évoluons, à plat, sur un chemin de terre, entre les champs jusqu’à Villares de Órbigo. Ici aussi, de nombreux canaux irriguent les cultures maraîchères.

Camino Francés entre Hospital de Órbigo et Villares de Órbigo

Au Moyen Âge, Villares de Órbigo était une seigneurie appartenant à la famille Quiñones et à l'archiprêtre d'Astorga. Jadis, il y avait aussi un hôpital pour pèlerins, aujourd’hui disparu. L'église, dédiée à Santiago Apóstol, a été construite dans la première moitié du XVIIIe siècle.

Villares de Órbigo, église Santiago Apóstol

À la sortie du village, un sentier mène à une aire de pique-nique bien équipée. Nous empruntons ensuite un chemin caillouteux rejoignant, après 700 m, une petite route. Durant un kilomètre, nous marchons sur le chemin aménagé le long de celle-ci pour atteindre Santibáñez de Valdeiglesias.

Camino Francés entre Villares de Órbigo et Santibáñez de Valdeiglesias Camino Francés entre Villares de Órbigo et Santibáñez de Valdeiglesias

Santibáñez est le nom de nombreux lieux faisant référence à Saint-Jean. Avant d'entrer dans le village, à proximité d’une aire de repos, nous découvrons une fresque évoquant le travail de la vigne et les vendanges.

Santibáñez de Valdeiglesias

L'église paroissiale dédiée à la Santísima Trinidad, date de la fin du XIXe siècle ; cette dédicace suggère que des moines trinitaires se sont installés ici, dès le XIIIe siècle, pour s'occuper des pèlerins.

Santibáñez de Valdeiglesias, église Santísima Trinidad

Nous nous éloignons de Santibáñez de Valdeiglesias en empruntant un chemin de terre montant, entre les terres cultivées, de 855 à 890 m d’altitude. Au « sommet », nous effectuons une petite pause sur un banc, à l’ombre, à côté d’une étrange sculpture supposée représenter un pèlerin.

Camino Francés entre Santibáñez de Valdeiglesias et le crucero de Santo Toribio Camino Francés entre Santibáñez de Valdeiglesias et le crucero de Santo Toribio

La suite de l’itinéraire, jusqu’au crucero de Santo Toribio, est une succession de chemins (de terre ou caillouteux) vallonnés. Durant cinq kilomètres, nous progressons tantôt au milieu des champs, tantôt en lisière de forêt.

Camino Francés entre Santibáñez de Valdeiglesias et le crucero de Santo Toribio Camino Francés entre Santibáñez de Valdeiglesias et le crucero de Santo Toribio

Sur ce parcours, nous passons à côté de la Casa de los Deseos (ou Jardin del Alma) qui ressemble à une oasis dans le désert. David, un jeune Catalan, a décidé de consacrer sa vie au service des pèlerins auxquels il propose fruits, jus, biscuits,... Quasi tous les marcheurs s’arrêtent à ce donativo… et certains en profitent largement !

Camino Francés, Casa de los Deseos

Vers 13 h, nous parvenons au crucero de Santo Toribio d’où nous bénéficions d’une belle vue sur San Justo de la Vega et, dans le lointain, la ville d'Astorga. C'est ici que les deux itinéraires possibles au départ d'Hospital de Órbigo se rejoignent.

La légende raconte que, lorsque Toribio était évêque de Tui, comme tous les chrétiens du nord-ouest de la péninsule, il subit les attaques des armées que le roi wisigoth Théodoric envoya contre cette région en 465, poussant nombre d'entre eux à chercher refuge ailleurs.

Toribio tenta de s’installer à Astorga, où il avait été évêque et qu'il dut quitter en raison de désaccords avec le clergé et le peuple, alors qu'il tentait de lutter contre la montée de la doctrine de Priscillien, considérée comme une hérésie.

Mal accueilli, il partit et, au sommet de la colline surplombant Astorga, il secoua ses sandales en prononçant la phrase : « De cette terre, pas même la poussière ». Peu après, les habitants comprirent leur erreur et, en signe de repentir, décidèrent d'ériger cette croix de pierre.

Crucero de Santo Toribio

Depuis le crucero de Santo Toribio (913 m d’altitude), nous descendons rejoindre la N120. Presqu’en bas, on trouve une belle statue d’un pèlerin assoiffé. Lorsque l’on appuie sur le bouton sur le dessus de la bouche d’incendie, l’eau coule de la calebasse du pèlerin.

San Justo de la Vega, statue d’un pèlerin assoiffé

Pendant 1,5 km, nous marchons sur le trottoir bordant la N120 et traversons ainsi le village de San Justo de la Vega. Point de passage de la voie romaine qui reliait tout le nord de l'Espagne, on suppose que des maisons et des manoirs se trouvaient ici, à proximité de la ville romaine d'Astorga.

La véritable naissance de la cité remonterait à l'époque wisigothique (VIIe siècle), car son nom est tiré des martyrs Justo et Pastor, qui sont également ses saints patrons. À l'origine, il s'agissait probablement d'un village d'agriculteurs qui s'y installèrent pour cultiver la plaine fertile du fleuve Tuerto, d'où le nom de : la Vega.

Les frères Saint Justo et Saint Pastor, deux enfants, âgés respectivement de 7 et 9 ans, ont été tués, en 304, lors de la persécution des chrétiens par l’empereur Dioclétien. Ayant refusé de renoncer au christianisme, ils furent décapités près de Madrid. Selon la tradition, ils étaient les neveux de Santa Marta d’Astorga.

À la sortie de San Justo de la Vega, nous franchissons la rivière Tuerto (un affluent de l'Órbigo (62 km)) sur une passerelle métallique parallèle au pont de pierre. Quelques mètres plus loin, nous quittons la N120 pour emprunter un chemin de terre qui lui est parallèle.

Peu après une fresque murale évoquant les origines romaines d’Astorga, nous traversons, par le petit pont de la Molinera, l’arroyo de la Moldera. Là, une autre fresque rend hommage à l’architecte Antoni Gaudí à qui l’on doit le palais épiscopal.

Astorga, Octavius Augustus Astorga, pont de la Molinera (Antoni Gaudí)

Grâce à une étonnante passerelle métallique verte, nous passons au-dessus des voies ferrées de la ligne León - La Corogne. Plus loin, juste après un rond-point décoré du nom romain d'Astorga : Asturica Augusta, nous montons vers le centre-ville où se termine cette étape.

Astorga, passerelle ferroviaire

La statue de bronze « Quo vadis, el caminante » (Où vas-tu, marcheur ?) date de 2011. On la doit au sculpteur Garcia Ramos, natif de San Justo de la Vega, qui a aussi sculpté le pèlerin assoiffé. Cette œuvre représente un marcheur avec son chapeau, sa canne et son bagage sur l'épaule.

Astorga, Quo vadis el caminante

Avant l’arrivée des Romains, Astorga, située sur une colline entre les rivières Jerga et Tuerto, abritait la tribu celtique Astur. Pendant la campagne des guerres cantabriques, la légion romaine, Legio X Gemina, s’installa sur cette colline où se trouve aujourd’hui le centre de la cité.

En 14 avant J.-C., les Romains y fondent la ville qu’ils nomment Asturica Augusta. Celle-ci devint une importante ville fortifiée en raison de sa position dominante à la jonction de plusieurs routes principales et de la présence de nombreuses mines d’or dans la région.

À la fin du IIIe siècle après J.-C., suite aux incursions des barbares (Wisigoths) venus du centre de l'Europe, des fortifications sont érigées. Le mur (par endroits fort bien conservé) mesurait 2,2 km de long, entre 4 et 5 m d’épaisseur, et entourait la colline sur laquelle se trouve aujourd’hui la vieille ville.

Bien que de nombreuses rénovations aient été faites à l’époque médiévale, cette muraille est restée intacte jusqu’au XIXe siècle, en grande partie parce que la ville n’avait pas dépassé l’enceinte fortifiée. En 1808, pendant la guerre d’indépendance, les troupes françaises et espagnoles causèrent des dégâts importants.

Astorga, muraille romaine

De la présence romaine de plus de quatre cents ans, il reste de nombreux vestiges, dont ceux d'une maison qui devait appartenir à une famille d'un certain niveau économique. L'une des pièces principales est pavée d'une luxueuse mosaïque aux décorations animales et végétales.

Astorga, mosaïque del oso y los pajaros

Situé sur la Plaza Mayor, les travaux de construction de l’hôtel de ville (ayuntamiento), ont commencé en 1683 et se sont achevés en 1704. L'ensemble sculptural présente des éléments faisant office de gargouilles et les armoiries de la ville et des marquis d'Astorga respectivement sur les tours droite et gauche.

Sur la partie supérieure centrale de la façade, on trouve les armoiries royales et, au-dessus, l'horloge et les cloches. La plus grande est accompagnée de deux automates vêtus en maragatos qui marquent les heures en frappant la cloche de l'horloge avec un maillet.

Astorga, ayuntamiento

Nous admirons des fresques murales de David Esteban, connu sous le pseudo Dadospuntocero, (les deux fresques à l’entrée de la ville étaient aussi de lui). L’une d’elles rend hommage aux cajilleras, ces femmes qui se consacraient à la fabrication des emballages de mantecadas (petit gâteau traditionnel espagnol, spécialité de la ville d’Astorga).

Astorga, las cajilleras

Une autre fresque nous replonge deux siècles en arrière pour commémorer la guerre d'indépendance espagnole contre les troupes de Napoléon Bonaparte qui avait envahi l’Espagne. Ici l’artiste a peint la troupe des volontaires de León en pleine action de combat.

Cette guerre commença en 1808 lorsque Madrid se souleva contre l’armée française occupant la capitale espagnole. L’insurrection se généralisa à tout le pays après que Napoléon eût obtenu l’abdication du roi d’Espagne au profit de Joseph, le frère de l’empereur.

L’armée française se heurta à une guérilla puis à l’armée britannique venue aider le Portugal, également occupé par les troupes de Napoléon. En 1813, les soldats de l’empereur durent refluer en deçà des Pyrénées.

Astorga, guerre d'indépendance espagnole

Le monument au héros de la guerre d'indépendance a été inauguré en 1910 pour commémorer le centenaire du premier siège d'Astorga. L'aigle est l'un des symboles choisis par Napoléon pour représenter l'armée française, et le lion, que nous voyons vaincre l'aigle, est l'un des symboles de l'Espagne qui a son origine dans le royaume de León.

Astorga, monument au héros de la guerre d'indépendance

Plan du parcours