Camino : Ponferrada → Villafranca del Bierzo (25 km) - mai 2025
Pour info : le parcours décrit ci-dessous emprunte quelques variantes (non balisées) pour éviter des tronçons asphaltés.
Tout comme hier, nous profitons, ce matin, d’un bon et copieux petit-déjeuner, en libre-service. Notre hébergement se situe sur la plaza del Ayuntamiento (place de l'hôtel de ville). Celle-ci présente un tracé irrégulier, caractéristique des vieilles villes, qui contribue à son charme historique.
La construction de l'hôtel de ville de Ponferrada, entre 1692 et 1705, marqua un tournant dans l'aménagement de la place. L’édifice, de style baroque, est flanqué de deux tours latérales. La façade est décorée d'armoiries impériales, dont celles de Charles II sur le pignon central.

Nous commençons l’étape, vers 9 h 15, au pied de la tour de l’Horloge, érigée au sommet de l'arco de las Eras. C'est la seule porte subsistante sur les cinq qui composaient la muraille défensive de la ville (XIIe et XIIIe siècles), à l'intérieur de laquelle se trouvait également le château.
À l'origine (au milieu du XVIe siècle), cette tour comptait deux étages : le niveau inférieur décoré des armoiries de Philippe II et le niveau supérieur abritant l'horloge qui a donné son nom à l'édifice. En 1693, un troisième étage fut ajouté pour abriter la cloche.

Plutôt que de suivre le Camino Francés qui traverse le Sil avant de progresser le long de larges avenues, nous optons pour une variante (non balisée, de même longueur). Celle-ci nous permet de marcher, sur un sentier, au bord de la rivière. Nous revenons sur le parcours « officiel », à l’entrée de Compostilla.

Au bout d’une allée bordée d'arbres, nous passons, grâce à un tunnel décoré de beaux graffitis, sous un immeuble résidentiel. La grande majorité des logements du village ont été conçus par la société Endesa pour héberger les travailleurs de l'ancienne centrale thermique.

L’église Santa María a été construite, en 1948, pour remplacer l'ermitage Notre-Dame (datant du XIIe siècle) détruit par les Français durant la guerre d'indépendance. Sur le côté gauche, on peut y admirer une fresque évoquant les mois de l’année.

Un peu plus loin, près d’une ancienne croix en pierre, une autre fresque rappelle l’histoire de cet ermitage et plus précisément de la statue de Notre-Dame de Compostilla ; celle-ci se trouve désormais au Musée archéologique d'Ourense.

Les deux kilomètres nous séparant de Columbrianos s’effectuent sur des petites routes, entre champs et vignobles, qui franchissent successivement la N6 et la CL-631. En chemin, nous passons à côté de l'église San Esteban, érigée à partir de 1778 ; le clocher a été reconstruit en 1948 après avoir été frappé par la foudre.

Nous traversons la ville, dont l’origine est bien antérieure à Ponferrada, en suivant la LE-711 jusqu’à l'ermitage dédié à San Blas et San Roque (XVIe siècle). L’arrière de l’édifice est décoré d’une fresque en hommage aux pèlerins de passage.

Le Camino Francés se dirige vers Fuentesnuevas en suivant, pendant 2 km, une route de campagne. Pour éviter cela, nous prenons une variante (non balisée, 500 m plus longue), évoluant sur des chemins de terre, ou herbeux, entre bois et prairies.

À l’entrée du village, nous découvrons l'ermitage du Divino Cristo, reconstruit, en 2003, à l'initiative populaire ; il remplace l'ermitage, jadis nommé de la Vera Cruz (XVIIe siècle), démoli en raison de son mauvais état.
Un peu plus loin, nous profitons de l’ouverture de l'église Nuestra Señora de la Asunción pour la visiter. L'intérieur, de plan rectangulaire et coiffé d'une fausse coupole, se caractérise par une abondance de cariatides et de télamons (colonnes en forme de statues masculines tenant des architraves sur leurs têtes ou leurs épaules).

Jusqu’à Camponaraya, situé à 2 km, le Camino Francés se poursuit sur la même petite route, au milieu des champs, avant d’emprunter la LE-713. À nouveau, nous optons pour une agréable variante (non balisée, 300 m plus longue).
Cet itinéraire, à proximité du ruisseau de Naraya (ou de los Barredos), se passe d’abord sur des sentiers herbeux, parfois peu visibles, puis sur des chemins caillouteux.

Camponaraya est né, au XVe siècle, de l’union de deux villages séparés par le ruisseau de Naraya : Campo, situé du côté de Cacabelos, et Naraya, le plus ancien des deux villages, du côté de Fuentesnuevas. Au Moyen Âge, la cité possédait deux hôpitaux pour les pèlerins.
Dans la localité, sur un rond-point, on peut découvrir la tour de l'horloge. Ce cadeau d'Ángel Fernández Ribera, un Indien venu de Cuba dans les années 1920, a été placé près de sa maison ancestrale.

De retour sur le Camino Francés, que nous ne quitterons plus aujourd’hui, nous restons, pendant un kilomètre, au bord de la LE-713. Nous montons ensuite, sur la gauche, un chemin passant à côté d’un centre d’interprétation des vins avant de rejoindre l’A6.
De l’autre côté de l’autoroute, nous débutons un beau tronçon, de 2,3 km, entre les vignes. Le large chemin caillouteux descend d’abord vers le ruisseau de la Reguera avant de remonter légèrement une fois celui-ci franchit. Une borne, au sol, nous annonce qu’il reste moins de 200 km jusqu’à Santiago.

La région viticole du Bierzo, où nous sommes, se caractérise par un équilibre entre le climat plutôt humide de la Galice voisine avec ses influences atlantiques et le climat plus sec de la province de Castilla y León aux influences continentales. Les précipitations annuelles atteignent un peu plus de 700 millimètres.
Les sols du Bierzo sont principalement composés d’argile et de sable. Le vignoble est caractérisé par un morcellement élevé avec une multitude de petites parcelles dont l’altitude varie de 450 à 800 mètres.
En 1989, le Bierzo se voit reconnaître le statut d’appellation d’origine (denominación de origen). La D.O. Bierzo s’étend aujourd’hui sur un peu plus de 3 000 hectares, compte 73 bodegas et plus de 2 400 viticulteurs. Le mencía, cépage autochtone, représente à lui seul trois quarts de l’encépagement de la région.

Nous traversons la LE-713 et, par une route de campagne, après un kilomètre, nous arrivons à Cacabelos. La cité est mentionnée pour la première fois au Xe siècle, lors de la donation de Bermudo II au monastère de Carracedo. En 1108, l'archevêque de Santiago consacra l’église Santa María, ce qui provoqua un vif conflit avec l'évêque d'Astorga, car la ville était située sur le territoire de son diocèse.
Le conflit prit fin avec la donation de la ville, par Alphonse VII, à cet archevêque en 1138, un fait qui allait rendre Cacabelos unique, car elle allait non seulement être sous la juridiction de l'archevêque, mais aussi appartenir à ce diocèse lointain jusqu'en 1890.
En 1590, Don Mateo Chicarro fit construire l'ermitage de la Vera Cruz. 9 ans plus tard, après l’importante épidémie de peste, son nom a été changé en ermitage San Roque ; saint Roch étant réputé pour protéger contre cette maladie. L’édifice actuel date de 1789.

Par la rue Santa María, nous atteignons l'église Santa María. Consacrée, comme évoqué plus haut, en 1108 par l’archevêque de Santiago. L'abside romane, la tour (construite en 1904) et une statue de la Vierge (du XIIIe siècle) située dans l'oculus du tympan du portail, se distinguent à l'extérieur.
Depuis l'époque romaine, un pont existait à Cacabelos pour traverser la rivière Cúa. Le pont actuel, avec ses six voûtes en pierre de taille, est un ouvrage des XVIe et XVIIIe siècles. À proximité, lors de la guerre d'indépendance, une célèbre bataille entre les troupes françaises et anglaises a eu lieu le 3 janvier 1809.

Après avoir franchi la rivière, nous passons à côté du sanctuaire de la Quinta Angustia. Cette image de tristesse sereine de la Vierge Marie tenant le corps de son fils après la crucifixion, a touché l'âme des habitants, qui décidèrent, au XVIIe siècle, de construire une église pour vénérer la statue.

Nous entamons ensuite la moins belle partie de l’étape avec un tronçon de deux kilomètres, au bord de la LE-713. Heureusement, sur cet itinéraire en côte, de 475 à 568 m d’altitude, un accotement nous évite de marcher directement sur la route (peu fréquentée).

Peu après le hameau de Pieros, nous quittons la grand-route pour une variante « officielle » (plus longue d’un kilomètre) qui, après un bref tronçon asphalté, nous emmène sur des chemins caillouteux, au milieu des vignobles, jusqu’à Valtuille de Ariba.

Au-delà du village, cet agréable parcours ondule, dans un paysage faisant penser à la Toscane, durant 2,5 km. Nous circulons entre les parcelles de vignes, parfois à l’ombre des cerisiers, des chênes ou des pins parasols. À 2 km de l’arrivée, nous récupérons le « vrai » Camino Francés et descendons ensemble vers Villafranca del Bierzo.

La cité a commencé à acquérir de l'importance, vers 1070, lorsque les moines de Cluny ont construit le monastère Santa María del Cluniaco afin d'aider les pèlerins qui se dirigeaient vers Saint-Jacques-de-Compostelle ; différents hôpitaux ont été construits autour de ce monastère.
Parallèlement à ces institutions, une ville marchande se forma ; les Francs y étaient majoritaires, d'où le nom de « villa francorum ». En 1186, l'évêque d'Astorga obtint l’autorisation de bâtir une église où les pèlerins malades qui arrivaient pourraient gagner le jubilé sans avoir à se rendre jusqu’à Saint-Jacques.
Le premier monument que nous découvrons, c’est précisément l’église Santiago. Ce bel exemple d'architecture romane se compose d'une nef unique et d'une abside semi-circulaire. La façade principale présente un portail à triple archivolte sans tympan ni décoration ainsi qu’un petit clocher.
Du côté nord, la puerta del Perdón présente quatre archivoltes évasées. Les années saintes, c'est la seule porte de tout le Chemin de Saint-Jacques, avec celle de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, où, selon certaines conditions, les Grâces du Jubilé peuvent être obtenues.

Nous terminons cette étape près du castillo de los Marqueses. Ce château fort, qui ressemble plus à un palais, a été construit par les marquis de Villafranca aux XVe et XVIe siècles sur les vestiges d’un ancien château.
De forme quadrangulaire, avec ses tours aux quatre coins, il est fait de pierres et de briques maçonnées. Le château a été saccagé par les Anglais, puis par les Français au début du XIXe siècle.
