Camino : Astorga → Rabanal del Camino (23 km) - mai 2025
Pour info : le parcours décrit ci-dessous emprunte certaines variantes non balisées.
Au départ de la Plaza Mayor, nous nous dirigeons, à travers les petites rues, vers le palais épiscopal. Après la destruction de l’ancien palais, par un incendie en 1886, l’évêque d’Astorga confia la construction d’un nouveau palais à son compatriote et ami personnel, l'architecte Antoni Gaudí.
La première pierre a été posée en 1889. En 1893, à la mort de l’évêque, Gaudí entra en conflit avec les autorités épiscopales et abandonna la direction du projet, irrité par les contraintes et les retards de paiement de ses honoraires. Il jura de ne plus jamais revenir à Astorga.

Il laissa le palais inachevé, sans le dernier étage et la toiture. L’édifice fut terminé par d’autres architectes, entre 1905 et 1907. La conception de Gaudí repose sur le contraste entre l'extérieur à l'allure de château, et l'intérieur rappelant les églises gothiques.
Le palais est divisé en quatre étages, les deux premiers constituants, comme l'a établi Gaudí, l'espace public du palais. Le sous-sol respecte l'idée de l'évêque d'allouer une partie de l'espace à un musée archéologique et l'étage supérieur est utilisé aujourd'hui comme salle d'exposition temporaire et salle de classe didactique.
Malgré son nom, le palais n’a jamais accueilli d’évêques. Pendant la guerre civile, il servit de quartier général et de bureaux à la Phalange ainsi que de logement pour les forces nationalistes. Depuis 1964, on y trouve le « Museo de los Caminos ».

La première pierre de l’actuelle cathédrale Santa María a été posée le 16 août 1471, comme l'indiquent plusieurs inscriptions. L'édifice a pris forme sur le plan de l'église romane précédente, en commençant par le chœur et en prolongeant celui-ci.
Le style gothique se reflète dans les nefs, les voûtes et les chapelles. Au cours des siècles suivants, des agrandissements et des rénovations ont été effectués avec le portail sud et les deux chapelles perpendiculaires à la nef en style Renaissance, puis la façade principale et les tours, en style baroque, au XVIIIe siècle.
Le tremblement de terre de Lisbonne de 1755 a endommagé la tour ouest, qui n’a été reconstruite qu’au XXe siècle. La pierre utilisée pour construire chaque tour (haute de plus de 60 mètres), est arrivée à Astorga à plus de 200 ans d’intervalle et en provenance de carrières différentes, de sorte que le contraste de couleurs entre les deux tours est plus qu’évident.
La façade principale s'inspire de la façade occidentale de la cathédrale de León, avec trois portes évasées richement sculptées, délimitées sur leurs flancs par deux tours, qui sont reliées au corps central par d'élégants arcs-boutants et des balcons soigneusement sculptés.

Cette façade, triomphe du style baroque, se présente comme un grand retable en pierre. Des trois entrées, celle du centre occupe un espace beaucoup plus large. De nombreuses scènes, en demi-reliefs, avec l'iconographie évangélique ont été sculptées sur la voûte :
À gauche, le Christ chasse les marchands du Temple avec le fouet. À droite, Jésus écrit avec son doigt dans le sol, tandis qu'une femme surprise en adultère est amenée pour être condamnée. Dans le coin supérieur gauche, la scène de l'aveugle de Bethsaïde, habillé en pèlerin, est représentée. Dans le coin supérieur droit, la scène de la guérison de l'hydropique. Au centre, la scène de la descente de la croix.
Dans la niche centrale de la façade, se trouve l'image de l'Assomption (la patronne de la cathédrale). Au-dessus, dans un tympan triangulaire, on peut voir une statue de saint Jacques accueillant et saluant les pèlerins qui passent. Au sommet du triangle, on trouve la représentation mystique de l'Agneau, gardé par quatre anges.

À la sortie du centre d'Astorga, nous optons déjà pour une variante, non balisée (400 m plus longue), qui nous permet de marcher sur des chemins de terre, au milieu des champs, plutôt qu’au bord de la grand-route (LE-142).

Au niveau d’un ermitage dédié à l'Ecce Homo, avec une fontaine sur le côté, nous retrouvons le tracé du Camino Francés. La présence d’un puits ou d'une fontaine associée à un ermitage est un phénomène très courant sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
À l'origine, l’ermitage était dédié à Saint-Pierre, mais son nom a été changé suite à un événement miraculeux. Selon la légende, une pèlerine et son fils se seraient arrêtés pour boire de l'eau au puits de l'ermitage. Par négligence, le garçon serait tombé au fond du puits. Sa mère, désespérée de ne pouvoir descendre pour le sauver, a demandé à l'Ecce Homo de sauver son fils.
Aussitôt, une grande quantité d'eau s'est mise à couler du puits, faisant monter le niveau jusqu'à déborder. La mère a pu sauver son fils sain et sauf, leur permettant de poursuivre ensemble leur pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Une inscription commémore l'événement miraculeux et encourage les voyageurs à faire l'aumône, ici, pour éviter tout danger ou difficulté.

Durant 1,3 km, nous avançons sur le chemin aménagé le long de la LE-142 et franchissons ainsi l’autoroute A6. Peu avant d’atteindre le village de Murias de Rechivaldo, nous abandonnons, à nouveau, le parcours officiel pour une belle variante (non balisée).

Nous progressons, en légère montée (de 869 à 900 m d’altitude), sur un large chemin de terre évoluant en pleine nature ; celui-ci nous mène, en 2,5 km, au village de Castrillo de los Polvazares.


Le village, initialement situé à un autre endroit, a été détruit par des inondations et reconstruit, au XVIe siècle, à l’emplacement actuel. Ses habitants étaient traditionnellement des muletiers, c'est-à-dire des marchands ambulants qui reliaient la Galice à la Castille et à l'Estrémadure.
Ces muletiers faisaient le commerce du vin, du poisson et de nombreuses autres marchandises. Entre le XVIe et le XIXe siècle, ceux-ci jouissaient d'un grand pouvoir et d'une grande influence dans la région. Le déclin de cette profession commença avec l'arrivée du chemin de fer à Astorga en 1866.
Les besoins de cette activité économique se reflètent dans la largeur des rues, facilitant le passage des charrettes, et dans la structure des maisons : de grandes portes, des cours intérieures qui constituent le cœur de l'organisation de la maison, des écuries et de grandes caves à vin.


Après une petite pause, nous continuons la randonnée, au milieu d’une riche végétation, avant de grimper (de 927 à 969 m d’altitude) un large chemin afin de rejoindre, au bord de la LE-6304, le Camino Francés.

700 mètres plus loin, nous atteignons Santa Catalina de Somoza, un petit village au passé jacobite évident. Même si aucun vestige de l'hôpital de la Virgen de las Candelas n'est conservé, l'hospitalité historique de l'enclave envers les pèlerins est documentée.
Nous passons sous une sculpture (datant de 2024) qui évoque, de manière concise, le concept de l'arc de triomphe romain encore en construction et soutenu par un ouvrier, à moins que ce dernier ne soulève l'arche pour permettre le passage des pèlerins…

Au centre du village, nous trouvons une aire de jeux avec quelques bancs, où effectuer la pause de midi. Entre Santa Catalina de Somoza et El Ganso, plutôt que de suivre la voie aménagée le long de la route, nous optons pour une variante (non balisée) de même longueur.
Pendant 4 km, nous marchons sur un agréable chemin, quasi rectiligne, en pleine nature… à environ 100 mètres, sur la gauche, nous pouvons observer les pèlerins avançant au bord de la LE-6304, et plus loin encore le mont Teleno avec son sommet enneigé culminant à 2 188 mètres d’altitude.


El Ganso (1019 m d’altitude) est une enclave qui, au XIIe siècle, possédait déjà un hôpital pour les pèlerins et un monastère. Au centre, où sont conservées quelques maisons au toit de chaume très semblables aux pallozas, l'église est dédiée à Santiago.
Au XIVe siècle, El Ganso était déjà mentionné sous son nom actuel dans un document relatif à la donation d'une propriété au Conseil d'Astorga. El Ganso appartenait alors au manoir de Turienzo de los Caballeros détenu par les marquis d'Astorga.


Après un bref retour sur le Camino Francés, le temps de traverser El Ganso (où se trouvent quelques bars et restaurants), nous le quittons une fois de plus afin d’éviter un autre tronçon de 4 km le long de la LE-6304… même si cette route n’est pas très fréquentée.
Les beaux chemins, non balisés, nous font monter progressivement (de 1 023 à 1 069 m d’altitude), au cœur d’une nature riche et variée. Après un passage dans une zone plus dégagée, nous pénétrons dans une forêt de résineux.


Durant 1,6 km, l’ascension se poursuit (jusqu'à 1 105 m d’altitude), au milieu de cette forêt, sur un chemin qui sert probablement de coupe-feu. Par un large chemin, avec le mont Teleno en ligne de mire, nous descendons rejoindre le Camino Francés.


Les trois derniers kilomètres de l’étape, sur le tracé officiel, s’effectuent, en montée (de 1 063 à 1 157 m d’altitude), sur un agréable chemin caillouteux non loin de la LE-6304.

À l’entrée de Rabanal del Camino, à côté du cimetière municipal, on peut voir l'ermitage de la Vera Cruz. Cette chapelle du XVIIIe siècle abrite une impressionnante représentation du Christ crucifié… que nous ne verrons pas, car l’édifice religieux est fermé.

En montant (en pente raide), la rue principale qui, comme dans de nombreux villages, est dénommée Calle Real, nous passons devant la chapelle San José (que l’on peut visiter). Fondée par des muletiers au XVIIIe siècle, cette chapelle baroque présente un intéressant retable central.