Camino : Villafranca del Bierzo → O Cebreiro (30 km) - mai 2025
Normalement, la première moitié de l’étape se passe au bord de la N6. Même si, depuis l'ouverture de l'autoroute A6, cette route n’est plus très empruntée par les véhicules, cela ne s’annonce guère passionnant… Heureusement, une variante officielle existe en début de parcours.
À la sortie de Villafranca del Bierzo, juste après le pont médiéval permettant de franchir le Burbia, un panneau nous annonce cette alternative « montagneuse ». Plus longue de 2 km, celle-ci s’effectue majoritairement en pleine nature, sur des chemins de terre ou caillouteux.
Tandis que le Camino Francés reste en fond de vallée, où s’écoule le Valcarce (affluent du Burbia), ce parcours grimpe fortement, surtout au début, pour passer, en six kilomètres, de 500 à 919 m d’altitude. Nous profitons pleinement de ce tronçon offrant régulièrement de magnifiques panoramas.



Par un chemin plat, le long de prairies, nous arrivons à Pradela où nous effectuons une petite pause. Nous amorçons ensuite la descente de trois kilomètres (de 934 à 572 m d’altitude), souvent rocailleuse, mais pas difficile, vers Trabadelo.


Au cours des siècles, au gré des souverains et des ecclésiastiques qui se disputaient la région, ce village passa alternativement de la Castille à la Galice. Au XVIe siècle, Trabadelo abritait une chapelle ainsi qu’un hôpital pour pèlerins, mais il ne reste rien de ces deux édifices.
De retour sur le Camino Francés, nous allons progresser, pendant 11 km, à proximité du Valcarce ; ce nom vient du latin Vallis Carceras, qui signifie « vallée étroite ». Nous nous éloignons de Trabadelo en empruntant, durant 1 km, une voie asphaltée.

À hauteur d’un double pont autoroutier, le balisage invite à prendre, sur la gauche, un sentier rejoignant la N6. Nous préférons cependant continuer tout droit sur cet ancien tronçon afin d'éviter de marcher au bord de l’actuelle grand-route.
Seule problématique, à ce parcours de même distance, c’est précisément le retour sur la N6. Nous devons en effet la traverser et passer par-dessus le muret de sécurité, en béton, pour rejoindre le « sentier » aménagé.

1,5 km plus loin, nous parvenons à La Portela. À l'époque féodale, les nobles y exigeaient le paiement d'une taxe pour tous les voyageurs souhaitant entrer en Galice. On pense que le nom dérive du nom de cet impôt, aboli, en 1072, par Alphonse VI.
Les habitants du village ont érigé une statue en l'honneur de Saint Jacques avec une plaque indiquant les distances jusqu'à Santiago et Roncevaux. Au centre de La Portela, l'église San Juan Bautista, de style baroque, date des XVIIe et XVIIIe siècles.

À la sortie du village, nous progressons encore, pendant 300 m, sur l’actuelle N6 avant de prendre, sur la gauche, l’ancien tracé de cette route que nous allons emprunter sur trois kilomètres.
Après avoir franchi le Balboa (qui se jette ici dans le Valcarce) nous traversons Ambasmestas ; l’origine de ce nom viendrait du latin aguas mestas « eaux mêlées ». Les maisons de ce village, comme ceux traversés précédemment, possèdent une belle architecture montagnarde propre à la région.
Au-delà d'Ambasmestas, nous passons sous un imposant pont autoroutier avant d’entrer dans Vega de Valcarce. Sur la gauche, sur les hauteurs, nous devinons les ruines du château de Sarracín qui résulterait de la reconstruction, aux IXe et Xe siècles, du château rasé par le gouverneur du Califat omeyyade, en 714.


Nous profitons de l’ouverture de l’église Santa María Magdalena, datant du XVIIe siècle, mais rénovée à plusieurs reprises, pour découvrir son intérieur qui abrite notamment un retable baroque du XVIIIe siècle.

Un kilomètre après Vega de Valcarce, nous revenons au bord de la N6 et traversons Ruitelán. Dans ce village, surplombé par l’imposant double viaduc de l’autoroute A6, nous devons nous arrêter quelques instants pour laisser passer un petit troupeau de vaches.

Un peu plus loin, nous abandonnons enfin la N6, mais pas encore l’asphalte, pour nous diriger vers Las Herrerías. Le nom herrería signifie « forge » et fait référence à une ancienne industrie du fer dans cette région minière. Nous franchissons le Valcarce sur un pont dit roman, qui date pourtant du XVe siècle.

À la sortie du village, le hameau de l’Hospital rappelle l’existence de l’Hospital de los Inglés qui aurait été fondé au XIe - XIIe siècle. Depuis Trabadelo, situé à 11 km, le parcours montait très légèrement, passant de 572 à 692 m d’altitude. À partir d’ici, les choses vont changer puisqu’en 7 km, nous allons grimper jusqu’à 1 289 m !
Nous franchissons, une dernière fois, le Valcarce (proche de sa source) et continuons encore, pendant 1 km, sur l’asphalte avant d’enfin prendre, sur la gauche, un chemin de terre, au milieu des bois, montant fortement jusqu’à La Faba.


Dans ce village (908 m d’altitude), où de nombreux marcheurs effectuent une pause bien méritée, nous découvrons l’église San Andrés construite aux XVIe et XVIIIe siècles. Dans le chœur, un retable baroque témoigne de la richesse et de la splendeur de ce style.

Par un chemin encaissé, où la pierre affleure, nous nous éloignons de La Faba. Après avoir quitté le couvert forestier, nous évoluons, sur un chemin de terre, au milieu de la lande, et profitons de belles vues.


Deux kilomètres plus loin, le Camino Francés atteint le hameau rural de La Laguna (1 151 m d’altitude) ; dernière halte en Castille-et-León, avant de pénétrer, dans 1,2 km, en Galice. Là, une grande borne colorée, et taguée, nous informe que nous sommes dans la province de Lugo.

Sur le chemin de terre, montant entre les pâturages, nous profitons pleinement du magnifique paysage qui nous entoure.


À l’entrée d’O Cebreiro (1 281 m d’altitude), un joueur de cornemuse nous accueille en musique tandis qu’une statue d'une pèlerine (installée en 2018) contemple ce beau panorama. Le village étant très touristique, d’autant plus en ce dimanche de printemps, nous le découvrirons demain matin.
