Camino : El Burgo Ranero → Mansilla de las Mulas (22 km) - avril 2023
Pour info : le parcours décrit ci-dessous emprunte certaines variantes non balisées.
Vers 7 h 30, nous prenons le petit-déjeuner dans le café de l’hôtel où nous logeons. Ce repas, aussi décevant que celui du soir, se limite, comme bien souvent, à une tranche de pain (trop) grillé. Une heure plus tard, nous quittons sans regret cet établissement…
Depuis le centre d’El Burgo Ranero, nous aurions pu directement emprunter le Camino Real et suivre ce dernier jusqu’à Reliegos ; nous avons cependant préféré marcher, tout comme hier, sur la Calzada Romana. Par un chemin, passant par-dessus la ligne de chemin de fer (Léon - Palencia), nous rejoignons, après 2,5 km, l’ancienne voie romaine.

Entre Sahagún et Reliegos, même s’il a été un peu modifié par endroits, ce chemin reste identifié sur toutes les cartes comme étant la « Calzada Romana ». Les localités de Calzada del Coto et Calzadilla de los Hermanillos conservent d’ailleurs le vestige toponymique du passage de l'ancienne route, comme c'était aussi le cas pour Calzadilla de la Cueza.
Nous progressons sur le chemin caillouteux, au milieu des champs, et profitons pleinement de la quiétude des lieux. Après six kilomètres, en faux-plat, la Calzada Romana vient frôler la voie ferrée, précédemment traversée, à proximité d’une halte désaffectée depuis longtemps ; le topo-guide évoque pourtant la petite gare de Villamarco.



Le tracé s’éloigne de la ligne ferroviaire en descendant vers l’arroyo de Valdearcos où, au milieu d’une peupleraie verdoyante, l’on trouve un enclos avec quelques vaches gardées par deux chiens.
Nous franchissons le ruisseau et montons jusqu’à la zone où se trouve une section, relativement intacte, de la voie romaine. Plus de deux mille ans après sa construction et après des siècles d'utilisation continue, elle est parfaitement reconnaissable sur ce tronçon d’environ 300 m.
D’une largeur approximative de 7 m, ce qui est inférieur à la largeur d'origine (en raison de l’extension des terres agricoles sur les côtés), ce tronçon rectiligne, se détache du terrain environnant. On peut y voir le soubassement composé, sur 40 à 60 cm de hauteur, de couches de gravier et de cailloux compactés.


Peu après avoir longé la clôture en bois qui protège cette portion de la Calzada Romana, nous franchissons le canal Bajo de los Payuelos ; hier, en fin d’étape, nous avions traversé le canal Alto de Payuelos.
Ce canal inférieur achemine l'eau provenant de la rivière Esla jusqu'à trois réservoirs de régulation, d'une capacité totale de 800 000 m³, à partir desquels sept secteurs de la zone de Los Payuelos sont alimentés par un réseau de canalisations.

De l’autre côté du canal, nous descendons vers Reliegos que nous atteignons après environ deux kilomètres. À l’entrée du village, nous découvrons quelques bodegas construites dans les collines environnantes dont seule une façade ou une porte est visible de l'extérieur. Ces bodegas offrent une humidité, une température et une obscurité constantes ; elles sont souvent utilisées comme entrepôts.


Reliegos compte de nombreuses maisons construites en adobe : de l'argile qui, mélangée à de l'eau et à une faible quantité de paille, peut être façonnée en briques séchées au soleil. Les constructions en adobe sont enduites d’une couche d’argile, ce qui donne cet aspect curieux aux maisons.
Nous effectuons la pause de midi dans un parc à la sortie du village et sommes étonnés, alors que nous sommes pourtant à nouveau sur le Camino Francés, de ne voir quasiment aucun pèlerin…


Plutôt que de rester le long de la grand-route jusqu’à Mansilla de las Mulas, nous optons rapidement pour une variante, non balisée, plus longue d’1,5 km, évoluant entre les terres cultivées. Peu avant de franchir la N601, nous revenons sur le parcours « officiel » et suivons celui-ci vers le centre de la ville où nous terminons l’étape, vers 14 h.


Mansilla de las Mulas est une ancienne ville située au bord de la rivière Esla. Les remparts, le plus grand exemple de fortification médiévale de la province de León, remontent au XIIe siècle, période au cours de laquelle le roi Fernando II a repeuplé la ville et la région.
La muraille, haute et large (certaines sections mesurent plus de 14 mètres de haut et jusqu'à trois mètres d'épaisseur), était couronnée de créneaux sans meurtrières. Les vestiges visibles comprennent de grands fragments du mur et plusieurs tours.


Tous les quarante mètres, il y avait des tours de guet qui reliaient les murs, aujourd'hui disparus. Certaines de ces anciennes tours ont été conservées ; deux sont accessibles par des escaliers intérieurs et permettent de profiter d’une belle vue. Ces tours, semi-circulaires, construites avec des galets arrondis, faisaient environ 9 mètres de largeur.

La ville était accessible par quatre portes. La porte du Château (ou de Santiago), située au sud-est, est celle qui présentait la plus grande avancée vers l'extérieur, avec 17 m, ce qui prouverait qu'il s'agissait de la porte principale. Seuls les murs latéraux de cette porte subsistent, l'arcade entre les deux ayant disparu. La forteresse royale qui a été démolie par le duc de Benavente, en 1394, se trouvait à proximité.

Sur la petite place devant cette porte, le monument au pèlerin, symbolise le point de rencontre du Camino Francés et de la voie romaine.

La porte de la Conception (ou Santa María), au nord-est, est la mieux conservée ; son arc en ogive est presqu’intact. Cette porte permet de supposer que les portes étaient de véritables tours, puissantes et massives, en saillie vers l'extérieur.
