Camino : Santo Domingo de la Calzada → Belorado (23 km) - juin 2019
Il est environ 9 h quand nous prenons le départ de cette étape. Nous quittons Santo Domingo de la Calzada en passant par la plaza de San Francisco. Sur celle-ci, nous découvrons un imposant monument en pierre avec, en avant-plan, la statue d'un pèlerin représenté avec un bâton, des calebasses pour l'eau, une gibecière et une pèlerine.
Derrière, la croix de Saint-Jacques est entourée de deux scènes de la vie de Santo Domingo : à gauche, un pèlerin demandant de l'aide ; à droite, Santo Domingo en train de porter le pèlerin.
Nous suivons la N120 et franchissons le pont sur la rivière Oja. Le pont actuel, datant du XVIIIe siècle et d'une longueur de 150 mètres, remplace le pont originel construit par Santo Domingo au XIe siècle.
Sur la gauche, nous apercevons, juchées sur des mâts, quelques cigognes. Depuis Puente la Reina, nous pouvons observer, çà et là, ces beaux oiseaux perchés, la plupart du temps, sur le clocher des églises.
Juste après le pont, nous prenons, sur la droite, un chemin permettant de s'éloigner de la N120. Le répit est cependant de courte durée, car un kilomètre plus loin, nous revenons au bord de la grand-route. Nous traversons la nationale et marchons, pendant 4 km, sur le chemin caillouteux qui évolue à 2 - 3 mètres de cette dernière. Le parcours s'élève lentement et passe à côté de la « Cruz de los Valientes » qui commémore une rivalité.
Au XIVe siècle, un conflit opposait Santo Domingo de la Calzada et Grañón à propos d'un pâturage. Jour après jour, les voisins des deux villages avaient des altercations et des discussions constantes. Afin de régler définitivement le différend, les dirigeants des deux villages se sont rencontrés et ont décidé qu'un habitant de chaque municipalité serait choisi pour se battre au corps-à-corps, sans arme, pour l'obtention de cette terre.
Alors que Santo Domingo avait opté pour un combattant professionnel, Martín García, l'élu de Grañón, était un simple paysan. Le jour du duel, le combattant de Santo Domingo a été enduit d'huile, de sorte que le fermier ne pouvait pas l'attraper. Confronté à cette difficulté, Martín García remporta quand même la victoire ; il décéda peu de temps après.
Au terme de ce tronçon, nous retrouvons l'asphalte et montons vers Grañón, dernier village traversé par le Camino Francés dans la communauté de La Rioja. Les origines connues de Grañón remontent à la construction du château, vers l’an 885, par le roi Alphonse III de Castille. À l'abri de ce château (aujourd'hui disparu), des petits quartiers se sont créés.
Nous prenons quelques instants pour visiter l'intérieur de l'église San Juan Bautista dont la construction date des XVe et XVIe siècles. Les fonts baptismaux romans, du XIIe siècle, sont les seuls vestiges du monastère San Juan (situé jadis à l’emplacement de l'église). Le retable, consacré à Saint-Jean, est une œuvre de grande richesse ornementale effectuée, entre 1545 et 1556, avec des motifs plateresques.
Nous y découvrons aussi un beau vitrail évoquant le Chemin de Compostelle ; comme un peu partout, c’est ce dernier qui a revitalisé le village.
Avant de quitter Grañón, nous profitons d'un beau point de vue sur la campagne environnante et devinons, au milieu de celle-ci, le tracé du Camino Francés. Nous descendons une petite route et franchissons un ruisseau. Peu après, nous empruntons un chemin caillouteux montant, pendant un kilomètre, entre les champs de céréales.
Au sommet, différents panneaux nous annoncent que nous entrons en Castille-et-León et pour être encore plus précis, dans la province de Burgos (une des neuf provinces de cette communauté autonome).
L'itinéraire, toujours campagnard, descend et se rapproche progressivement de la N120. Après 1,5 km, nous traversons cette grand-route et arrivons dans Redecilla del Camino. Nous allons apposer le cachet communal sur la credencial et découvrons ce village.
Le plan urbain reprend le schéma récurrent des localités traversées par le Chemin : une rue principale, longue et étroite, délimitée par deux portes disparues. Les principaux bâtiments sont disposés le long de cette rue : un hôpital pour pèlerins dont l'existence est attestée vers le milieu du XVIe siècle et l'église paroissiale.
Étant dimanche, nous avons la chance de pouvoir visiter l'église Nuestra Señora de la Calle (Notre-Dame de la Rue) qui date des XVIIe et XVIIIe siècles. Les fonts baptismaux romans du XIIe siècle sont particulièrement beaux. La décoration de la cuve évoque une ville fortifiée avec ses tours, ses créneaux et ses fenêtres ; ce serait une représentation de la Jérusalem Céleste.
Nous retraversons la N120 et prenons un chemin caillouteux longeant cette nationale. Un kilomètre plus loin, le Camino Francés atteint Castildelgado ; nous trouvons dans ce village, un banc à l'ombre où effectuer la pause de midi.
Sur la plaza Mayor, on peut observer l'église paroissiale San Pedro (XVIe siècle) et l'ermitage Santa María del Campo avec son portique du XVIIIe siècle.
Dès la sortie de Castildelgado, nous retrouvons la piste aménagée sur le bas-côté de la N120 et franchissons un ruisseau. Après 700 mètres, nous quittons le bord de la nationale pour emprunter une petite route montant vers Viloria de Rioja ; sur ce parcours, une voiture s'arrête à notre hauteur et nous offre une petite bouteille d'eau bien fraiche… un bon moyen de faire de la publicité pour un restaurant de Belorado.
Nous arrivons à Viloria de Rioja, le village natal de Domingo García (qui deviendra Santo Domingo de la Calzada) ; l'église paroissiale conserve les fonts baptismaux romans dans lesquels il fut baptisé. Ce modeste village présente une architecture surprenante, car la plupart des maisons sont à pans de bois.
En suivant, pendant un kilomètre, une petite route asphaltée, nous revenons au bord de la N120. Malheureusement, la suite du parcours (6 km) va s'effectuer sur le chemin caillouteux situé sur le bas-côté de la nationale. La seule petite distraction sur ce long tronçon, rectiligne et monotone, est le passage dans le village de Villamayor del Rio. Ce nom de « ville principale sur la rivière » est pour le moins mensonger… on y trouvait néanmoins un hôpital au Moyen Âge.
Vers 14 h 30, nous parvenons à l'entrée de Belorado. L'importance historique de la cité se situe entre les Xe et XIIe siècles, quand elle devint une zone frontalière contestée entre le royaume de Navarre et le comté de Castille ; pour cette raison, Belorado était de temps immémoriaux protégé par un château.
En 1116, Alphonse Ier « le Batailleur », roi de Castille et d'Aragon, accorda plusieurs privilèges à Belorado, dont celui d'organiser une foire annuelle ; celle-ci serait l'une des plus anciennes d'Espagne.
Dans l'après-midi, nous parcourons la ville et découvrons d'abord l'église Santa Maria. Située au pied de la colline du château, cette église était à l'origine la chapelle de la forteresse, dédiée à Santa Maria de la Capilla. Si son aspect actuel résulte d’une reconstruction au XVIe siècle, le clocher élancé est d'inspiration classique.
En traversant Belorado, on remarque la présence, au sol, de plusieurs dalles de bronze sur lesquelles on trouve deux empreintes : une de pas, symbolisant la trace laissée par le pèlerin de Compostelle ; une de main, signe de bienvenue, d'accueil et d'hospitalité de la part des habitants de Belorado.
Sur ce « Paseo del Ánimo », on trouve les empreintes de personnalités reconnues (scientifiques, artistes, champions sportifs,…) mais aussi celles de nombreux pèlerins. On peut également admirer diverses fresques murales, dont certaines en rapport avec le Chemin de Compostelle.