Les Randos de Fred & Paul

Camino : El Acebo → Ponferrada (17 km) - mai 2025

Pour info : le parcours décrit ci-dessous emprunte quelques variantes (parfois non balisées) pour éviter des tronçons asphaltés.

Après un copieux petit-déjeuner, nous commençons cette étape, près du monument dédié à Heinrich Krause. Érigée en 1988, l’œuvre, composée d'un vélo entrelacé avec un bâton et une gourde, rend hommage à ce cycliste allemand décédé ici, à El Acebo, lors de son pèlerinage vers Santiago.

El Acebo, monument Heinrich Krause

Durant deux kilomètres, nous empruntons un chemin de terre parallèle à la LE-142 (route qui, aujourd’hui aussi, nous tiendra souvent compagnie). Tout en profitant d’un vaste panorama, ce chemin, très caillouteux par endroits, descend (de 1 120 à 988 m d’altitude), au milieu des genêts blancs et des chênes.

Camino Francés entre El Acebo et Riego de Ambrós Camino Francés entre El Acebo et Riego de Ambrós

Nous traversons la route et poursuivons la descente (nettement moins pentue), sur un chemin évoluant sur le côté gauche de la LE-142. Dénommé Calle Real, ce chemin nous mène, après un kilomètre, à l’entrée de Riego de Ambrós où une stèle nous annonce qu’il reste 223,6 km à parcourir.

Camino Francés entre El Acebo et Riego de Ambrós

Le village (920 m d’altitude) est mentionné au XIIe siècle sous le nom de Riego de Ambroz, ce nom de famille étant dû au seigneur féodal auquel appartenait le lieu. On connaît l'existence d'un hôpital pour pèlerins qui disparut, dans un incendie, à la fin du XVIIIe siècle.

Les maisons de Riego de Ambrós ont le même charme que celles d’El Acebo : de belles constructions en pierre avec, côté rue, des balcons en bois. À l’entrée du village, on peut découvrir, près d’une fontaine, l’ermitage San Sebastián.

Riego de Ambrós Riego de Ambrós, ermitage San Sebastián

Jusqu’à Molinaseca, plutôt que de suivre le Camino Francés, nous optons pour la variante (1,5 km plus longue) des « Puentes de Malpaso ». Ces deux ponts de pierre ont été construits pour traverser les ruisseaux Pequeño et Grande, deux affluents du Meruelo, et tirent leur nom de ces mêmes ruisseaux.

On pense qu’ils datent du Moyen Âge et qu'ils visaient à faciliter le passage des pèlerins en route vers Compostelle. Pendant la guerre civile, toute la zone servit de refuge aux maquisards et, selon la légende, c'est sur l'un des ponts qu'un des plus importants guérilleros de la lutte antifranquiste fut traîtreusement assassiné.

Le sentier suit les contreforts de la montagne et descend progressivement pour rejoindre le cours d’eau. Après un passage un peu plus technique, nous franchissons le « Grand Pont », dont la taille est étonnante dans un lieu qui semble aujourd'hui si isolé.

Riego de Ambrós, las Puentes de Malpaso Riego de Ambrós, las Puentes de Malpaso Riego de Ambrós, las Puentes de Malpaso (Puente Grande)

Arrivés au point le plus bas du tronçon, à 682 m d’altitude, nous continuons ce parcours jusqu’au « Petit Pont », situé 500 mètres plus loin et bien caché au cœur d'un sous-bois luxuriant. S’il ressemble à l’autre pont (avec une arche plus petite), on ne peut cependant pas accéder à sa base.

Riego de Ambrós, las Puentes de Malpaso (Puente Pequeño)

Nous poursuivons ce bel itinéraire, vallonné, sur un sentier évoluant à flanc de colline au milieu des châtaigniers, des chênes et des genêts. Dans les zones plus ouvertes, nous admirons le paysage, formé de rochers escarpés et de garrigues variées, qui se transforme à chaque tournant.

Molinaseca, las Puentes de Malpaso Molinaseca, las Puentes de Malpaso

Peu avant midi, nous arrivons à Molinaseca (585 m d’altitude) où nous retrouvons le Camino Francés. Nous effectuons la pause pique-nique, sur un banc, au bord du Meruelo, en écoutant les cloches de l’église San Nicolás de Bari qui sonnent l'Ave Maria.

Le « pont des Pèlerins », dont l’origine serait romaine bien que les premiers documents remontent au XIIe siècle, possède sept arches ; les trois premières appartiennent à un pont plus ancien et sont à moitié enterrées.

Molinaseca, pont des Pèlerins

L’église San Nicolás de Bari, déjà mentionnée au XIIe siècle, se dresse sur une colline dominant la cité. De style néoclassique, elle a été construite dans la seconde moitié du XVIIe siècle et achevée à la fin du XVIIIe siècle. L’élégante tour, abrite une grande horloge et, dans une niche, une statue du saint titulaire.

Molinaseca, église San Nicolás de Bari

La Calle Real, reliant le pont sur le Meruelo à la croix du Santo Cristo, est bordée de maisons en pierre et de palais arborant les armoiries des familles auxquels ils appartenaient. Les maisons, alignées les unes à côté des autres, sont séparées par d’étroites ruelles à peine assez larges pour qu’une seule personne puisse y passer.

Molinaseca, Calle Real

La croix du Santo Cristo, située sur la place du même nom, repose sur un piédestal carré avec quatre marches en granit. La colonne du transept est octogonale ; une niche vitrée ornée d'un petit crucifix y a été ajoutée. Bien que la croix actuelle ne semble pas médiévale, elle occupe le même emplacement qu'une croix plus ancienne.

Molinaseca, croix du Santo Cristo

À la sortie de Molinaseca, peu après des terrains de tennis, nous prenons un chemin (non balisé) parallèle à la LE-142. Pourquoi le fléchage (suivi par 99 % des marcheurs) impose-t-il un tronçon de 2 km le long de la route alors que le topo-guide suggère ce beau chemin de terre, légèrement en contrebas ?

Camino Francés entre Molinaseca et Ponferrada

Nous revenons brièvement au bord de la LE-142 avant de prendre, sur la gauche, un chemin caillouteux. Celui-ci descend dans le vallon et remonte sur l’autre versant en direction du village de Campo.

Camino Francés entre Molinaseca et Ponferrada

Tandis que le Camino Francés propose, jusqu’à l’entrée de Ponferrada, un itinéraire de 2,4 km entièrement sur l’asphalte, nous optons pour deux variantes successives (non balisées) de même distance, mais sur des chemins herbeux ou caillouteux à proximité de la Boeza.

La Boeza prend sa source sur les contreforts occidentaux du Pico de la Rebeza, à environ 1 830 m d'altitude ; après 62 km, elle conflue, ici à Ponferrada, avec le Sil (à 500 m d'altitude). Un des nombreux affluents de la Boeza est le Meruelo que nous avons longé précédemment.

Camino Francés entre Molinaseca et Ponferrada

Par un pont de pierre, nous franchissons la Boeza. Ce pont, construit au XVIe siècle, est resté pratiquement intact jusqu'à sa restauration en 2005, date à laquelle il a été fermé à la circulation et réservé aux piétons. 600 m plus loin, nous arrivons au pied du château des Templiers.

Ponferrada, pont Boeza

En 1082, l'évêque d’Astorga ordonna la construction d’un pont pour faciliter le passage des pèlerins, qui rencontraient de grandes difficultés pour traverser le Sil. À une époque où tous les ponts étaient de pierre ou de bois, ce « Pons ferratus » (pont renforcé avec du fer) souleva l'admiration.

Le pont donna son nom au centre urbain qui se développa ensuite sous l'impulsion de Ferdinand II de León. En 1178, le souverain invita l'ordre du Temple à s'installer à Ponferrada afin de contrôler cet axe de passage et d'assurer la sécurité des pèlerins.

Le château des Templiers, situé sur la colline entre les deux rivières (Sil et Boeza), a été construit sur ce qui était probablement un ancien fort celtique et plus tard une citadelle romaine. Il fut achevé en 1282 et occupé par les Templiers jusqu'à la dissolution de leur Ordre en 1312.

Ponferrada, château des Templiers

La forteresse, l’une des plus importantes du nord-ouest de l’Espagne, tomba alors aux mains des nobles et des seigneurs féodaux. Après diverses batailles, les Rois catholiques décidèrent que le château et la ville étaient leur propriété, acte qui mit fin aux révoltes.

Après une période de déclin, en 1924, le château a été inscrit comme monument national, ce qui permit de freiner sa détérioration. De sa fondation jusqu'à aujourd'hui, il a subi de nombreuses rénovations et extensions. D’une superficie de plus 8 000 m², le château présente une enceinte en forme de polygone irrégulier ; il a conservé ses tours, ses créneaux et ses robustes murailles.

Ponferrada, château des Templiers

L’église la plus importante de Ponferrada est la basilique Nuestra Señora de la Encina (Notre-Dame du Chêne). À l'emplacement de l’église Santa María, datant de la fin du XIIe siècle et considérée comme insuffisante pour les besoins de l'époque, on construisit cette nouvelle basilique à partir de 1573 ; les travaux durèrent un siècle.

La basilique abrite la statue de Notre-Dame du Chêne Vert, sainte patronne du Bierzo. Selon la légende, elle aurait été apportée de Jérusalem par Santo Toribio, évêque d'Astorga, en l'an 442. Pour la protéger des invasions musulmanes, la statue aurait été cachée dans le tronc d'un chêne.

Elle y serait restée cachée jusqu'à ce qu’on la découvre, au XIIe siècle, en abattant l'arbre. En 2003, une sculpture, représentant la découverte de la statue, a été placée sur la Plaza de la Encina. Un chevalier templier se tient à côté des restes d’un chêne tenant l’image de la Vierge dans une main et une épée dans l’autre.

Ponferrada, basilique Nuestra Señora de la Encina

Plan du parcours