Les Randos de Fred & Paul

GR 512 : Lot (Beersel) → Lennik (22 km) - juillet 2024

Info : pour effectuer cette étape, nous avons pris le bus De Lijn R42 entre Sint-Kwintens-Lennik (Marktplein) et Anderlecht (Leemans - Eddy Merckx), puis le bus De Lijn R10 entre Anderlecht (Leemans - Eddy Merckx) et Lot (Station).

Nous voici de retour, 2 ans et demi plus tard, devant la gare de Lot (commune de Beersel) pour parcourir cette étape qui se déroulera essentiellement à travers le Pajottenland.

Cette région agricole, particulièrement fertile, située au sud-ouest de Bruxelles dans un triangle compris entre la Dendre et les lignes de chemin de fer Bruxelles - Enghien et Bruxelles - Alost, abrite quelques villages et hameaux parmi les plus typiques et les plus charmants de tout le Brabant flamand.

Nous passons sous les voies ferrées et rejoignons, au niveau de l’écluse de Lot, le canal Bruxelles - Charleroi que nous longeons sur un kilomètre. Même s’il ne fut inauguré qu’en 1832, l’idée d'un canal reliant le bassin de Charleroi, spécialisé dans l’extraction de la houille, à Bruxelles remonte à plusieurs siècles.

Canal Bruxelles - Charleroi

De nombreux projets se succédèrent, mais la construction demandait de mobiliser d’importants moyens financiers et la dénivellation entre Charleroi et Bruxelles ajoutait une difficulté supplémentaire. De plus, ce territoire de la région a appartenu à différentes nations au fil du temps.

Le canal, dont les travaux ont débuté en 1827, prend naissance à Dampremy, où il est relié à la Sambre. Il traverse quelques communes carolorégiennes et continue vers Seneffe, Ronquières, Tubize, Hal et Bruxelles, où il rejoint le canal maritime de Bruxelles à l’Escaut (anciennement canal de Willebroek).

Le percement de ce canal permettait, via le canal de Willebroek et l'Escaut, de livrer du charbon aux Pays-Bas. Les premières études de mise au gabarit de 300 tonnes débutent en 1841. Les travaux, entamés en 1882, sont ponctués par diverses interruptions, dont la Première Guerre mondiale ; ils se termineront en 1933.

Après la Deuxième Guerre mondiale, un nouvel agrandissement pour permettre le passage de bateaux d'un gabarit de 1 350 tonnes est nécessaire. Achevé en avril 1968, le canal de Charleroi à Bruxelles, compte désormais douze ouvrages d’art dont dix écluses, un plan incliné (Ronquières) et une porte barrage.

Par un sentier herbeux, nous arrivons dans la Ferdinand Uylenbroeckstraat ; celle-ci traverse un quartier résidentiel, puis un zoning pour atteindre la N6. Nous franchissons, au feu tricolore, la grand-route et suivons cette dernière, vers la gauche, sur 300 m.

Nous abordons ensuite un tronçon campagnard d’1,6 km dont la première partie s’effectue sur un chemin partiellement bétonné ; la seconde, après la jonction avec le Streek-GR Groene Gordel (qui nous tiendra souvent compagnie aujourd’hui), se passe sur un chemin de terre.

GR 512 entre Lot et Sint-Pieters-Leeuw GR 512 entre Lot et Sint-Pieters-Leeuw

Une succession de sentiers et de petits chemins, nous fait grimper jusqu’à la Pepingensteenweg. De l’autre côté de cette route, nous empruntons la Victor Maloustraat et découvrons l’imposante tour de la VRT, que nous pourrons régulièrement apercevoir jusqu’à la fin de l’étape.

GR 512 entre Lot et Sint-Pieters-Leeuw

La tour, avec ses 302 mètres, est la plus haute structure autonome en Belgique. Son emplacement, au sud-ouest de Bruxelles, a été choisi afin de minimiser les obstacles par rapport à la circulation aérienne de l'aéroport de Zaventem. Après sa construction, en 1994, il est apparu que la tour avait été construite illégalement.

Plusieurs plaintes ont été déposées et il fut même suggéré de la démolir. En avril 2007, la tour a rétroactivement acquis son permis légal de construction. Cette tour de béton à un diamètre de 27 mètres à la base et de seulement 1,6 mètre au sommet. Dans la partie inférieure du bâtiment, on trouve des bureaux, répartis sur quatre étages.

Sint-Pieters-Leeuw, tour de la VRT

Par des chemins, entre les terres cultivées, nous descendons progressivement vers la vallée du Zuunbeek. Ce ruisseau, qui prend sa source à Kester (70 m d'altitude), traverse Pepingen, Oudenaken et Sint-Pieters-Leeuw avant de se jeter, après 19 km, dans la Senne à Drogenbos, à une altitude de 25 mètres.

GR 512 entre Lot et Sint-Pieters-Leeuw GR 512 entre Lot et Sint-Pieters-Leeuw

Pendant un peu plus de deux kilomètres, le GR 512 évolue, sur un chemin bétonné, en lisière de cette zone semi-forestière.

Sint-Pieters-Leeuw, vallée du Zuunbeek

Un agréable sentier nous permet de traverser la réserve naturelle Volsembroek constituée d’étangs et de prairies marécageuses. Suite à la crue historique de novembre 2010 (où Sint-Pieters-Leeuw fut l'une des communes les plus touchées), d’importants travaux ont été réalisés dans la vallée du Zuunbeek.

Celle-ci peut dorénavant être submergée de plus de 2 m, en amont, pour prévenir les inondations dans les quartiers résidentiels situés en aval. La création de nouveaux méandres a aussi permis un véritable rétablissement de l'écosystème du cours d'eau.

Sint-Pieters-Leeuw, Volsembroek

Au-delà de cette réserve naturelle, nous abordons un agréable tronçon, d’environ 2,5 km, jusqu’à Sint-Laureins-Berchem. Légèrement vallonné, ce parcours est une alternance de chemins de terre au milieu des champs et de sentiers en lisière de bosquets.

GR 512 entre Sint-Pieters-Leeuw et Sint-Laureins-Berchem GR 512 entre Sint-Pieters-Leeuw et Sint-Laureins-Berchem

Le village de Sint-Laureins-Berchem a été construit le long de la Molenborresstraat, mais curieusement l'église ne se trouve pas dans cette rue. Elle se situe, un peu plus loin, à un emplacement stratégique en direction de Gaasbeek. Au Ve siècle, il y avait une chapelle en bois qui, selon la tradition, a brûlé à cause de la foudre, après quoi les habitants ont édifié une chapelle en pierre.

L'église a ensuite été construite en différentes phases qui se distinguent clairement les unes des autres. Le chœur, la partie la plus ancienne, date du XIIe - XIIIe siècle. À partir du XVe siècle, l'église fut progressivement agrandie et rénovée dans le style gothique. Au-dessus du portail, du XVIIIe siècle, se trouve une niche où figure le saint patron des lieux, Saint-Laurent.

Sint-Laureins-Berchem, église

Via un sentier campagnard, nous parvenons à l’entrée du parc du château de Gaasbeek. Si le GR 512 reste au bord du domaine, nous décidons d’en faire le tour (un kilomètre plus long) en compagnie du Streek-GR Groene Gordel. En cheminant, le long des étangs, nous apercevons le flanc sud du château et un peu plus loin, la chapelle Sainte-Gertrude.

Château de Gaasbeek, chapelle Sainte-Gertrude

Le château de Gaasbeek a été érigé, aux alentours de 1240, par le duc de Brabant, Godefroid de Louvain, afin de défendre son duché contre les comtés voisins de Flandre et de Hainaut. Au cours des générations suivantes, la seigneurie de Gaasbeek devint, par le biais de mariages et d’héritages, la propriété des familles de Horne et d’Abcoude.

En 1388, le château est assiégé et ravagé par les Bruxellois en représailles à l’assassinat d’Éverard t'Serclaes par deux émissaires du seigneur de Gaasbeek qui le blessèrent mortellement et lui arrachèrent la langue. t'Serclaes a été transporté mourant de Lennik à Bruxelles et fut déposé à la maison de l'Étoile (située sur la Grand-Place). La reconstruction du château, après ce saccage, a duré près de 150 ans.

En 1565, Lamoral d’Egmont acquiert le domaine de Gaasbeek, comprenant le château et dix-sept villages. Ce personnage est surtout connu pour sa mémorable arrestation par le duc d’Albe et sa décapitation sur la Grand-Place de Bruxelles, le 5 juin 1568, en compagnie du comte de Hornes. Durant la Guerre de Neuf Ans (1688 - 1697), le château est bombardé par les troupes françaises de Louis XIV ; l’aile sud-est est entièrement détruite.

Château de Gaasbeek

Lors de la conférence de paix qui met un terme à cette guerre, Louis Alexandre Schockaert intervient en tant que délégué du roi d’Espagne. Il restaure le château et le transforme en demeure résidentielle. L’aile détruite n’est pas reconstruite ; la fonction défensive est, en effet, devenue obsolète, étant donné que les murs du château ne font plus le poids face aux nouveaux canons.

La petite-fille de Louis Alexandre Schockaert épouse le marquis Giovanni Galeazzo Arconati Visconti, chambellan de l’impératrice autrichienne Marie-Thérèse à Bruxelles. En 1796, leur plus jeune fils devient propriétaire du château ; l'extravagant marquis l'utilise comme résidence d’été. Fervent admirateur de Napoléon, il fait ériger un arc de triomphe dans le parc (l’objectif était de construire une route reliant directement Bruxelles et Paris le long de cet arc de triomphe).

Château de Gaasbeek, arc de triomphe

Le dernier descendant de cette famille épouse, en 1873, Marie Peyrat qui devient ainsi la marquise Arconati Visconti. Ce mariage ne dure pas longtemps puisqu’il meurt trois ans plus tard. La marquise fait restaurer le château, alors dans un état pitoyable, dans le style néo-renaissance. À l’extérieur, on conserve le caractère défensif, mais à l’intérieur, tout est transformé dans le style gracieux de la Renaissance.

Pour la décoration des chambres et le mobilier, l’architecte-décorateur va chercher l’inspiration dans des châteaux et des musées, principalement français. En 1921, Marie Peyrat fait don du château et d’une partie du mobilier à l’État belge pour qu’il en fasse un musée. Elle décède à Paris, trois ans plus tard, ne laissant aucun héritier.

Château de Gaasbeek

Après avoir contourné le château, nous empruntons l’Onderstraat jusqu’au centre du village de Gaasbeek. L’église Notre-Dame se dresse sur le côté est de la place (Arconateplein). Ce bâtiment en briques, dont l’aspect actuel remonte au XVIIIe siècle, date de 1381 lorsque Sweder Abcoude, seigneur de Gaasbeek, éleva la chapelle locale au rang d’église paroissiale.

Le lien avec les seigneurs de Gaasbeek était très fort, comme on peut notamment le voir, au-dessus de la porte d'entrée, avec les armoiries de la famille Schockaert qui vécut dans le château au XVIIIe siècle ; ainsi que sur les vitraux aux armoiries des Sweder d’Abcoude et des Arconati Visconti. L'intérieur de l’édifice est de style baroque et rococo.

Gaasbeek, église Notre-Dame Gaasbeek, église Notre-Dame (vitrail)

Par des petites routes, tantôt pavées, tantôt bétonnées, au milieu de la campagne, nous nous dirigeons vers Lennik. Au terme de ce tronçon de trois kilomètres, nous passons à côté de l’imposante ferme « Hof te Ilingen », datant du XIXe siècle, mais dont l’origine remonterait au XIIe siècle.

GR 512 entre Gaasbeek et Lennik GR 512 entre Gaasbeek et Lennik

Une succession de sentiers, à travers les quartiers résidentiels, nous amène au centre de Lennik où nous terminons cette étape.

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le Streek-GR Groene Gordel est une grande boucle de 157 km permettant de découvrir la ceinture verte qui entoure la région bruxelloise. Le circuit passe, notamment, par Hal, la forêt de Soignes, Hoeilaart, le parc de Tervuren, Eppegem, Grimbergen, le Jardin botanique de Meise, les hameaux bruegheliens (Sint-Anna-Pede et Sint-Gertrudis-Pede), le château de Gaasbeek.