Groene Gordel : Grimbergen → Mazenzele (22 km) - octobre 2015
Mise à jour, février 2024 : le tracé du Streek-GR a été largement revu et modifié ; le parcours décrit ci-dessous n'est donc plus d'actualité en de nombreux endroits.
Quelques mots sur l’histoire de Grimbergen et de son église abbatiale, avant de commencer cette étape. Au XIIe siècle, le seigneur de Grimbergen cherche à consolider son prestige par l’établissement d’une abbaye sur ses terres. Après deux essais infructueux, son successeur s’adresse à Norbert de Xanten, fondateur d’un nouvel ordre religieux.
Celui-ci lui envoie de Prémontré (village près de Laon) un groupe de chanoines qui s’installent à Grimbergen en 1124 et, huit ans plus tard, l’abbatiale est consacrée. L’essor est rapide même si les religieux sont souvent victimes des conflits fréquents entre le duc de Brabant et le seigneur de Grimbergen. Ainsi, l’abbaye (avec le bourg) subit un premier ravage en 1159.
Les XIVe et XVe siècles se passent dans une relative tranquillité, à part quelques catastrophes naturelles (épidémies) et parfois des troubles internes. Par contre, au XVIe siècle, les guerres de Religion sont dévastatrices. En 1542, et de nouveau en 1566, l’abbaye est pillée par les iconoclastes. En 1579, elle est incendiée ; les dégâts sont tels que les 27 chanoines doivent l’abandonner.
À partir de 1660, une nouvelle église est érigée suivant les plans de Gilbert de Soignies. Les travaux sont lents. En 1725, le chantier de l’église est définitivement interrompu ; il manque deux travées à la nef (qui ne seront jamais réalisées). Durant le XVIIIe siècle, un ensemble de nouveaux bâtiments monastiques est édifié.
Mais, comme pour les autres abbayes de la région, l’administration révolutionnaire française dans les Pays-Bas méridionaux sonne le glas de Grimbergen. En 1796, l’abbaye est supprimée et la cinquantaine de chanoines qui en dépendent en sont chassés et dispersés dans les paroisses environnantes.
À partir de 1835, l’abbaye, tel le Phénix (l'emblème de l'abbaye que l'on peut voir sur l'étiquette des bouteilles des bières Grimbergen), renaît peu à peu de ses cendres. Aujourd’hui, elle est toujours habitée par une communauté de chanoines prémontrés.
L’église dénommée « basilique Saint-Servais », un titre accordé en 1999 par le pape Jean-Paul II, mérite une visite... À l’intérieur, les murs sont travaillés de façon sculpturale. Les quatre confessionnaux, la chaire, les stalles, l’autel et la tombe du comte de Grimbergen font de cet intérieur un des plus beaux ensembles baroques du pays.
Nous nous dirigeons d’abord vers le château fort de Grimbergen, baignant dans de larges douves au sein d'un beau parc. La famille Berthout (de puissants seigneurs) régnait, aux XIe et XIIe siècles, sur d’immenses territoires délimités par l'Escaut, le Rupel et la Dendre.
Ces terres leur apportaient richesse et respect, mais surtout une soif de pouvoir devenant menaçante, aussi bien pour leur propre suzerain que pour les seigneurs voisins. La « guerre de Grimbergen » opposa ainsi les ducs de Brabant à la famille Berthout qui cherchait à s'emparer de ces riches terres.
Cette guerre sanglante, qui s'étala de 1141 à 1159, a abouti à la défaite des seigneurs de Grimbergen et, comme annoncé plus haut, à la destruction totale du bourg et du château initial que l'on disait gigantesque. Les Berthout deviendront ensuite, bien que forcés et contraints, les plus fidèles vassaux des ducs les ayant démis.
On ignore quand les descendants des seigneurs de Grimbergen se sont installés sur le lieu du château actuel. Tout ce que l'on sait, c'est que vers 1500, il existait déjà et est même agrandi. Ce château fort de plaine verra ses propriétaires s'élever au rang de princes de Grimbergen en 1686. Il passera plus tard dans le giron de la famille Merode et sera transformé, en 1800, en château de plaisance.
En 1901, les Merode y offrent l'hospitalité aux Norbertines de Bonlieu, des moniales chassées de France par la loi interdisant les congrégations religieuses. Elles y resteront jusqu'en 1933. Durant la Seconde Guerre mondiale, le château est réquisitionné par des soldats allemands. À l'approche des alliés, avant de prendre la fuite, ils font exploser leur dépôt de munitions.
Le château est décapité et un incendie le ravage le laissant dans l'état qui est le sien aujourd'hui. Malgré tout, les ruines gardent belle allure ; surtout la façade nord, avec ses deux tours d'angle en bon état et consolidées, qui présente toujours un aspect de forteresse médiévale. Les autres façades, plus dégradées, dévoilent des parements de briques du XIXe siècle.
Après la traversée de la N202, nous abandonnons le GR 12, avec qui nous étions depuis le début de cette étape. Nous empruntons ensuite un chemin pavé et découvrons deux anciennes fermes : « Hof ter Weerde » et « Spiegelhof » datant toutes deux du XVIIe siècle.
À hauteur du ’s Gravenmolen, nous franchissons le Maalbeek. Ce ruisseau prend sa source à Relegem (Asse) et se jette dans le canal maritime de Bruxelles à l’Escaut (anciennement canal de Willebroek) après un parcours d’une douzaine de kilomètres. Le long de son cours, il actionnait plusieurs moulins dont le ’s Gravenmolen.
Ce dernier est probablement l’un des plus anciens sur le territoire de Grimbergen puisqu’il en est déjà fait mention en 1220. Comme son nom le laisse deviner, il s’agissait du moulin banal appartenant aux comtes de Grimbergen.
Nous suivons la Rooststraat, pendant un kilomètre, avant de franchir, un peu plus loin, l’A12. De l’autre côté de l’autoroute, nous atteignons l’entrée du Jardin botanique de Meise que nous ne visiterons pas, mais que nous allons cependant contourner durant 2 km.
Il faut attendre la Révolution pour voir Bruxelles réellement dotée d'un jardin botanique. Celui-ci, probablement créé dans le but de sauver la collection de la Cour de Nassau, se situait rue de Ruysbroeck, dans le jardin de l’ancien palais de Charles de Lorraine. En 1826, l’agrandissement de la Bibliothèque royale et d’autres transformations urbanistiques menacent son existence.
La société créée afin de sauver les collections aménage un nouveau jardin botanique en un endroit, à l'époque, plus champêtre, entre l'actuelle place Rogier et la Porte de Schaerbeek. Les 6 ha de terrain, aménagés en terrasses, sont inaugurés en 1829. L’État belge décide de le racheter en 1870 et de garantir à la fois son panorama, sa vocation scientifique et son statut de promenade publique.
Les collections du jardin s'enrichissant constamment, celui-ci s'est rapidement senti à l'étroit dans un environnement devenu urbain. De plus, la construction de la jonction ferroviaire souterraine entre les gares de Bruxelles-Nord et de Bruxelles-Midi entraîna d’importantes amputations.
En 1938, l'État belge achète le domaine de Bouchout, situé sur le territoire de Meise. Ce domaine, qui s'étend actuellement sur 92 ha, est le résultat de la fusion des deux domaines seigneuriaux contigus de Meise et de Bouchout que le roi Léopold II avait prévu pour sa sœur Charlotte, l'impératrice du Mexique. Les premiers bâtiments et serres sont érigés dès 1939 et les premières plantes déménagées de Bruxelles à Meise, de même que la serre de Balat.
Originellement conçue pour le zoo de Bruxelles, au parc Léopold, puis utilisée par le Jardin botanique de Bruxelles pour la culture des nénuphars géants, cette serre est actuellement réservée aux plantes sensibles au gel. Elle a été conçue par Alphonse Balat qui créa également les serres royales de Laeken et de nombreux autres bâtiments intéressants de Bruxelles.
La Deuxième Guerre mondiale retarda la poursuite des transferts, mais les activités reprirent après la guerre. Le château de Meise, dont il ne subsiste actuellement que l'orangerie et quelques bâtiments plus petits, a été entièrement détruit pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Le château de Bouchout dut affronter sur tous les fronts les atteintes du temps, sa plus ancienne tour datant du XIVe siècle. En 1967, le nom officiel de l'institut devint « Jardin botanique national de Belgique ». Le 1er janvier 2014, le Jardin botanique a été transféré du Fédéral aux Communautés.
Vers 13 h, après un tronçon campagnard, presque rectiligne, de 3 km, nous arrivons à Ossel où nous effectuons la pause casse-croûte.
Les douze kilomètres de l’après-midi débutent par la traversée de la Brusselsesteenweg avant de suivre un chemin gravillonné. Celui-ci nous mène, 400 mètres plus loin, à un croisement où nous prenons vers la droite un chemin partiellement bétonné. Bien que nous ne soyons ici qu’à 60 mètres d’altitude, nous profitons d’un large panorama et apercevons même, à l'horizon, l’Atomium !
Après 700 mètres sur ce chemin, nous atteignons un carrefour où un poteau nous annonce que nous croisons le GR 126 avec qui nous cheminerons durant 2,5 km.
Nous revenons, à nouveau, à la Brusselsesteenweg et atteignons le point culminant de cette étape, à 77 mètres d’altitude ! Nous tournons à gauche et évoluons à présent, et jusqu'à la fin de l'étape (8 km), avec le GR 128. Le parcours emprunte la Mollemstraat et descend progressivement jusqu’à Mollem, situé deux kilomètres plus loin.
Ce trajet, sur une route bétonnée à travers champs, nous fait passer à côté d’une table d’orientation située sur le Steenberg. Cette table, érigée en 1952 par le Vlaamse Toeristenbond, a été rénovée en septembre 2006.
Avant d’atteindre Mollem, nous longeons une ferme dénommée « Spanjaardshof ». Au XVIe siècle, celle-ci faisait partie d’un vaste domaine comprenant notamment un moulin et un château appartenant à un Espagnol (d’où son nom). Les bâtiments actuels datent des XVIIIe et XIXe siècles. Un peu plus loin, nous franchissons la rivière « Grote Molenbeek » et entrons ainsi sur le territoire communal d’Asse.
Mollem doit son nom aux nombreux moulins qui jalonnaient jadis le Grote Molenbeek. Le Streek-GR Groene Gordel et le GR 128 traversent le village en passant à côté de l’église Saint-Stéphane, d’une école et d’un cimetière. Après ce dernier, nous tournons à droite pour emprunter un sentier herbeux cheminant d’abord à l’arrière d’un quartier résidentiel, puis entre deux prairies.
Le balisage nous mène dans le hameau de Vrijlegem où nous traversons la ligne de chemin de fer (Bruxelles - Termonde). Juste après le passage à niveau, nous prenons la rue longeant la voie ferrée qui, une centaine de mètres plus loin, devient un chemin de terre sinuant dans la campagne.
Nous marchons, pendant 500 mètres, sur une route asphaltée et, à un carrefour en Y, nous prenons la branche de gauche qui s’en va, entre champs et prairies, vers le Paardenbos. Le tracé suit la lisière de ce bois puis, après quelques maisons, s’en va, à nouveau, à travers les terres cultivées pendant un kilomètre.
Une succession d’agréables petits sentiers nous conduit au centre de Mazenzele où nous terminons, vers 16 h 30, cette étape. La place du village, de forme triangulaire, présente la particularité d’appartenir aux 28 membres de la séculaire guilde des archers de Saint-Pierre.
Cette guilde a été créée, en 1541, afin de protéger les habitants des pillages et des vols ; chaque année, le jour de la Pentecôte, le Tir du roi a lieu sur la place. L’église Saint-Pierre, autrefois entourée d’un cimetière, date du XIIIe siècle.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GR 12 : Amsterdam - Bruxelles - Paris relie, en +/- 1 000 km, les trois capitales européennes. En Belgique, ce sentier de grande randonnée contourne d’abord Anvers, puis traverse Lier et Malines avant de rejoindre Grimbergen. À la sortie de Bruxelles, il se dirige vers Beersel et Braine-le-Château puis, de Ronquières à Seneffe, il progresse le long de l’ancien canal. Après avoir franchi la Sambre, à l’abbaye d’Aulne, le GR 12 suit l’Eau d’Heure jusqu’à Walcourt. Au-delà de Philippeville, par la vallée du Viroin, il se dirige vers la France.
- Le GR 126 : De Bruxelles à la Semois. Ce sentier de grande randonnée débute au pied de l'Atomium et passe au centre de Bruxelles avant de traverser le Brabant wallon. Il suit les rives de la Meuse entre Namur et Dinant, puis s’engage, au-delà du château de Freyr, le long de la Lesse. Le GR 126 pénètre ensuite dans la forêt ardennaise pour terminer son parcours, de 236 km, au bord de la Semois.
- Le GR 128 : Vlaanderenroute part du village de Wissant, à mi-chemin entre le Cap Griz-Nez et le Cap Blanc-Nez, et parcourt quelque 170 km à travers la France. Il traverse ensuite toute la Flandre, en 480 km, pour se terminer dans la ville d'Aachen.