Groene Gordel : Perk → Grimbergen (16 km) - octobre 2016
C’est vers 10h15 que nous commençons, en ce beau dimanche ensoleillé, la dernière étape du Streek-GR Groene Gordel. Depuis le centre de Perk, nous devons d’abord parcourir 600 mètres afin de retrouver le balisage jaune et rouge. Nous suivons un chemin gravillonné, entre deux terres cultivées, avant de tourner à droite et d'emprunter une sente herbeuse au milieu d’un bois.
Un peu plus loin, un poteau indicateur nous informe que le Streek-GR Dijleland se joint ici à notre itinéraire ; les deux parcours seront communs pendant 6,5 km. Ce sentier de grande randonnée effectue, au départ de Louvain, une grande boucle de 131 km en passant, notamment, par Malines et Tervuren. En suivant le Hoofdbosweg, nous traversons le Snijsselsbos en quasi ligne droite et rejoignons la rivière : Barebeek.
Nous passons ensuite à côté d’une école et atteignons le centre d’Elewijt. À l’époque romaine, Elewijt se trouvait à l’intersection de deux chaussées importantes. Au début du Ier siècle, un campement militaire (vicus), qui deviendra rapidement un village, s’installe sur le territoire communal. À la fin du IIIe siècle, ce vicus est détruit à la suite des invasions barbares. Lors de fouilles, en 2013, sous la Tervuursesteenweg, on a découvert près de 10 000 fragments datant de l’époque romaine. De nombreux vestiges seraient encore enfouis sous des dizaines de maisons du village...
Nous effectuons une première pause, sur un banc, devant l’église d’Elewijt. La paroisse, probablement apparue au IXe siècle, est dédiée à Saint-Hubert, le saint patron des chasseurs et forestiers. Elewijt devient, au XVIe siècle, un lieu de pèlerinage important en l’honneur de ce saint que l’on invoque principalement contre la rage. Une procession attire encore chaque année, le lundi de Pentecôte, de nombreuses personnes. L’église actuelle, de style néogothique, a été construite en 1847, mais la tour remonterait au XIIe siècle.
Nous traversons la N227 et quittons Elewijt en empruntant l’Eppegemsesteenweg. C’est au croisement de cette chaussée et de la Waversebaan que nous croisons le tracé du GR 128 : Vlaanderenroute avec qui nous cheminerons pendant 3,5 km. Ce sentier de grande randonnée relie, sur 680 kilomètres, Wissant (en France) à Aachen ; nous avions déjà croisé et suivi ce GR lors de la première étape. C’est donc en compagnie du GR 128 et du Streek-GR Dijleland que nous passons sous l’autoroute E19.
Par la Steendreef, nous nous dirigeons vers le château « Het Steen ». Le long de cette allée arborée, nous découvrons une belle demeure construite en 1735 : Het Neerhof, une ancienne ferme dépendant du château.
Le château « Het Steen », situé sur un méandre du Barebeek, était à l’origine une motte féodale avec une tour en pierres. Cette motte appartenait à la ceinture défensive de la « Terre de Grimbergen » érigée contre les ducs de Brabant. Le premier résident connu du château, et peut-être son constructeur, est Arnoldus de Wilre en 1304. Le propriétaire le plus célèbre du château est cependant Pierre Paul Rubens qui l'achète en 1635, avec sa seconde épouse, et le fait transformer en un château de style Renaissance flamande. Après la mort de Rubens, en mai 1640, son épouse continua d’habiter le château. Aujourd’hui, le château est une propriété privée et n’est hélas pas ouvert au public.
En face de l’entrée du domaine, on trouve l'ancien moulin à eau du château. Le célèbre architecte Laurent-Benoît Dewez acquiert « Het Steen », en novembre 1777, et prend l'initiative de construire un moulin à eau sur le Barebeek. Ce projet reçoit beaucoup d'opposition des villes de Bruxelles et Malines, ainsi que du seigneur de Perk, qui craignent la concurrence pour leurs moulins et parce que ce nouveau moulin est, selon eux, préjudiciable à l'écoulement de l'eau. L’autorisation de bâtir est toutefois accordée en 1779.
La Steendreef nous mène jusqu’à la N270 que nous suivons brièvement. Nous prenons ensuite la Steenvaartdreef ; une drève rectiligne de 600 mètres occupant l’emplacement d’un ancien canal. Ce petit canal, creusé entre la Senne et le Barebeek, reliait le château « Het Steen » à la Senne. Une partie de ce chemin a été asphaltée, mais il reste heureusement une bande gravillonnée sur la gauche. Au bout de ce chemin, nous trouvons un banc où nous installer pour pique-niquer.
Nous sommes ici au bord de la Senne ; cette rivière prend sa source à une quarantaine de kilomètres de Bruxelles, près de Soignies. Ses eaux traversent Rebecq, Tubize et Hal avant d’atteindre Bruxelles. À la sortie de la capitale, la Senne coule vers Vilvorde et Zemst puis se jette, après 103 km, dans la Dyle.
Sur la droite, nous apercevons les vestiges d’une écluse médiévale. Dès le XIIIe siècle, celle-ci a joué un rôle important dans la régulation du débit de la Senne. Le site se composait alors d’une tour de pierre, qui faisait office de poste de péage, et d’un moulin ducal. En 1910, les digues étaient devenues si fragiles et la vie aux abords de la rivière polluée tellement insoutenable que le moulin cessa définitivement ses activités de meunerie. En août 1914, le complexe a été détruit par les Allemands et n’a jamais été reconstruit. Seul le moulin fut épargné, mais il fut peu à peu dépouillé de ses pierres, qu’on utilisa à d’autres fins.
Nous suivons la Senne sur une centaine de mètres avant de prendre un sentier asphalté qui nous mène, à travers la campagne, vers Eppegem. Après le passage sous la voie ferrée (Bruxelles - Anvers) et la traversée de la Senne, nous arrivons au centre de ce village où le Streek-GR Groene Gordel abandonne le GR 128 ainsi que le Streek-GR Dijleland qui continuent ensemble en direction de Zemst. Alors que d’habitude en Flandre, il y a, à chaque croisement de sentiers de grande randonnée, un poteau directionnel ; ici, il n’y a rien qui annonce le changement d’itinéraire. Nous avons malheureusement suivi un mauvais balisage et ce n’est qu’un kilomètre plus loin que nous avons constaté que nous n'allions pas dans la bonne direction !
De retour sur la bonne piste, nous empruntons la Rekelstraat pendant 1,5 km. La suite du parcours, jusqu’au canal, est plus agréable puisqu’elle se déroule sur un chemin herbeux au milieu de la zone naturelle « Dorent-Nelebroek ». Dans cet espace d’environ 80 hectares, situé sur les territoires de Zemst (Eppegem) et de Vilvorde, on a recensé pas moins de 200 variétés de plantes et 70 espèces d’oiseaux. Ce beau tronçon évolue à l’arrière du zoning industriel « Cargovil » et de temps à autre, nous apercevons les deux tours de la centrale thermique à gaz de Vilvorde.
Nous effectuons une pause boisson au bord du canal maritime de Bruxelles à l’Escaut (anciennement canal de Willebroek). Jusqu’en 1561, les bateaux quittant Bruxelles suivaient les cours sinueux de la Senne, du Rupel et de l’Escaut pour rejoindre Anvers. La navigation sur la Senne était longue et rendue difficile en période de basses eaux et de crues. De plus, les droits de passage des villes situées sur son parcours (dont Malines) freinaient le développement économique de Bruxelles. En 1477, Marie de Bourgogne autorise la construction d’un canal avec un tracé différent de celui de la Senne. Mais il faut attendre près d’un siècle, et une nouvelle autorisation de Charles Quint, pour que les travaux débutent.
Construit entre 1551 et 1561, il relie, en ligne droite, Bruxelles à Willebroek en 28 km (soit 1 à 2 jours de navigation), nettement moins que les 120 km de méandres de la Senne (8 jours navigation ou plus). Lors de la dernière modernisation, entamée en 1965, le canal a été élargi à 55 m (25 m pour les écluses) et le tirant d'eau adapté. La construction de deux nouvelles écluses à Zemst et Hingene permet aujourd’hui de déboucher non plus dans le Rupel à Willebroek, mais directement dans l'Escaut à Wintam. Le port de Bruxelles est maintenant accessible aux navires de mer de 4 500 tonnes et aux convois poussés de péniches de 9 000 tonnes. Le canal a changé de nom, en 1997, pour devenir le canal maritime de Bruxelles à l’Escaut.
Nous franchissons le « Verbrande Brug », un pont levant, à proximité du hameau du même nom, qui enjambe le canal. Le pont actuel a été construit en 1968 et présente une partie mobile en acier d'une longueur de 38,4 m et d'une largeur de 11,6 m. Le nom du pont provient d'un précédent pont en bois qui fut incendié, en 1577, par la garnison espagnole de Vilvorde.
Le 26 août 1914, le caporal Léon Trésignies se proposa pour traverser le canal à la nage afin d'aller actionner le mécanisme (situé sur l'autre rive) qui abaisse le pont et ainsi permettre à l'armée belge de contre-attaquer les Allemands qui se trouvaient sur l'autre rive. Il fut mortellement blessé au moment où il actionnait le mécanisme. Sur la rive ouest du canal, on peut voir un monument en son honneur.
De l’autre côté du canal, nous continuons notre randonnée en prenant, après l’église de Verbrande Brug, un long sentier rectiligne de deux kilomètres dénommé « Grote Kerkvoetweg ».
Un peu avant d’atteindre le hameau de Veldkant, nous prenons, sur la droite, un sentier nous menant, après la traversée de la Poddegemstraat et du ruisseau Maalbeek, devant un beau bâtiment privé « Hof te Poddegem ». Ce serait la plus ancienne ferme sur le territoire de Grimbergen puisque ses origines remonteraient au Ve siècle. L’édifice que nous apercevons aujourd’hui, devant nous, ne ressemble plus vraiment à une ferme...
Pendant 1,5 km, nous progressons dans la vallée du Maalbeek. Ce ruisseau prend sa source à Relegem (Asse) et se jette dans le canal maritime de Bruxelles à l’Escaut, près de Verbrande Brug, après un parcours d’une douzaine de kilomètres. Sur le territoire de Grimbergen, il actionnait plusieurs moulins dont le Tommenmolen et le Liermolen devant lesquels nous allons à présent passer. Nous croisons, près du Tommenmolen, le tracé du GR 12 : Amsterdam - Bruxelles - Paris avec qui nous allons finir l'étape. Ce sentier de grande randonnée permet, en +/- 1000 km (dont 340 en Belgique), de relier les trois capitales européennes.
Le Tommenmolen est un moulin à farine qui appartenait jadis aux seigneurs « Ter Tommen ». Plus tard, il a été acheté par l’abbaye de Grimbergen. Le moulin actuel date du XVIe siècle, mais il a été entièrement restauré au XIXe siècle. Nous traversons le site et, en suivant le sentier le long du Maalbeek, nous arrivons devant le Liermolen. Ce moulin à farine appartenait à l’origine à la famille « de Lire » avant d’être, lui aussi, acheté par l’abbaye de Grimbergen, en 1341. Sa forme actuelle date des XVIIe et XVIIIe siècles. Depuis 1980, ces deux moulins font partie intégrante du MOT (Museum van Oudere Technieken). On trouve ici, comme au Tommenmolen, une petite plaine de jeu et un café-restaurant.
Un peu après 15h, nous traversons la N211 et entrons dans le centre de Grimbergen où nous terminons cette étape autour d’une bonne bière d’abbaye... de Grimbergen !