Les Randos de Fred & Paul

GR 12 : Virginal → Ronquières (18 km) - avril 2021

Nous commençons cette étape en suivant, pendant 900 mètres, un ancien bras du canal Bruxelles - Charleroi. Même s’il ne fut inauguré qu’en 1832, l’idée d'un canal reliant le bassin de Charleroi, spécialisé dans l’extraction de la houille, à Bruxelles remonte à plusieurs siècles. De nombreux projets se succédèrent, mais la construction demandait de mobiliser d’importants moyens financiers et la dénivellation entre Charleroi et Bruxelles ajoutait une difficulté supplémentaire. De plus, ce territoire de la région a appartenu à différentes nations au fil du temps.

Le canal, dont les travaux ont débuté en 1827, prend naissance à Dampremy, où il est relié à la Sambre. Il traverse quelques communes carolorégiennes et continue vers Seneffe, Ronquières, Tubize, Hal et Bruxelles, où il rejoint le canal maritime de Bruxelles à l’Escaut (anciennement canal de Willebroek). Le percement de ce canal permettait, via le canal de Willebroek et l'Escaut, de livrer du charbon aux Pays-Bas.

Les premières études de mise au gabarit de 300 tonnes débutent en 1841. Les travaux, entamés en 1882, sont ponctués par diverses interruptions dont la Première Guerre mondiale ; ils se termineront en 1933. Après la Deuxième Guerre mondiale, un nouvel agrandissement pour permettre le passage de bateaux d'un gabarit de 1 350 tonnes est nécessaire. Achevé en avril 1968, le canal de Charleroi à Bruxelles, compte désormais douze ouvrages d’art dont dix écluses, un plan incliné (Ronquières) et une porte barrage.

GR 12 entre Ittre et Virginal, ancien canal

Au terme de ce tronçon, nous arrivons à proximité de l’écluse d’Ittre qui est la plus haute du canal. Elle a une dimension de 90 x 12 m et rachète une dénivellation de 13,30 m. Lors d'un éclusage, une quantité très importante d'eau (environ 14 000 m³) passe du bief amont vers le sas, puis du sas vers le bief aval.

Pour atténuer les variations de niveau d'eau et les ondes consécutives au sassement, des élargissements du bief ont été réalisés à l'amont et à l'aval de l'écluse. C'est dans l'élargissement amont que le port de plaisance d'Ittre a été implanté.

Écluse d'Ittre

Par la rue de Samme, le GR 12 monte (de 55 à 96 mètres d’altitude) jusqu’à la N280. De l’autre côté de l’axe routier, l’ascension se poursuit sur un sentier passant d’abord entre un champ et un pré, puis à l’arrière d’un quartier résidentiel.

GR 12 entre Ittre et Virginal GR 12 entre Ittre et Virginal

Nous arrivons ainsi au centre de Virginal, où nous croisons, peu après le cimetière, le tracé du GRP 127 avec qui nous ferons parcours commun pendant 1,7 km.

Virginal : jonction GR 12 et GRP 127

Plusieurs découvertes, faites au début du XIXe siècle, prouvent l’existence du village de Virginal dès l’époque romaine. Vers 655, sainte Renelde, fille du comte de Hainaut, Waubert III, légua les terres de Virginal et de Saintes à l’abbaye de Lobbes. Comme cette abbaye faisait partie de la principauté de Liège, Virginal devint une enclave de cette principauté.

Reconstruite entre 1827 et 1828, l’église Saint-Pierre, sous son aspect extérieur assez austère, n’en est pas moins accueillante. Une partie du chœur de cette nouvelle église repose sur d’anciennes fondations romanes. De style néoclassique, l’édifice renferme quelques trésors.

Virginal, église St-Pierre

Nous empruntons plusieurs sentiers, assez vallonnés, passant entre prés et sous-bois et atteignons le bois des Nonnes où nous nous séparons du GRP 127. À la sortie de ce bois, nous prenons, sur la gauche, la rue Maurice Brancart.

GR 12 entre Virginal et Henripont

Après 750 mètres, nous quittons cette rue et pénétrons dans le bois de la Houssière ; cette forêt couvre une superficie de 650 ha sur une butte de cinq kilomètres de long entre les villages d'Henripont, Ronquières et Virginal. Une houssière est une partie de forêt qui renferme beaucoup de houx. Avec le chêne, cet arbuste dominait le bois jusqu’au XVIIIe siècle.

Sous l’impulsion du gouverneur général Charles de Lorraine, on a entrepris de les remplacer systématiquement par des hêtres, plantés en ligne ou en quinconce, dont le rendement était réputé meilleur. Par endroits, on trouve encore des peuplements de chênes et de châtaigniers, souvent accompagnés de houx dans les petites clairières.

Principale forêt de moyenne Belgique, le bois de la Houssière appartenait depuis le XVIIe siècle à la famille d’Arenberg (d’origine allemande). En 1917, ils ont vendu les arbres à une société d’exploitation forestière et le sol à des industriels intéressés par le sable se trouvant en sous-sol. Tous les arbres devaient être abattus pour 1923.

À la fin de la Première Guerre mondiale, l’État belge pour récupérer les dommages de guerre mis sous séquestre les nombreuses propriétés boisées de la famille d’Arenberg. Mais ici, les arbres poussant sur des sols appartenant à différents propriétaires privés, il s’ensuivit de nombreuses tractations à l’amiable ou judiciaires.

Protégé depuis 1940, le bois a ainsi échappé aux divers projets de création de lotissement et à la multiplication des décharges sauvages. Les pouvoirs publics régionaux et locaux se sont ensuite employés à racheter systématiquement des parcelles au point d’être aujourd’hui propriétaires du tiers de la superficie du bois.

Bois de la Houssière Bois de la Houssière

Après deux kilomètres, presque rectiligne, nous parvenons sur une ancienne voie vicinale que nous suivons, elle aussi, pendant 2 km. À la fin du XIXe siècle, l’État belge décida de permettre la création de lignes ferroviaires à vocation locale concédées à des privés.

Ces lignes devaient répondre à certains critères, notamment rayon de courbure, pente, voie métrique,… Ici, le vicinal reliait la gare de Braine-le-Comte à la gare vicinale du Planois. Démontée durant la Première Guerre mondiale, elle fut reconstruite en 1922, et finalement démontée par l’occupant nazi en 1942 ; elle n’a jamais été rétablie.

Bois de la Houssière Bois de la Houssière

Au croisement avec le GR 121, qui nous accompagnera pour les huit derniers kilomètres de l’étape, nous abandonnons le « sentier de la voie du tram ». Nous empruntons un sentier entre deux prairies avant de revenir dans le bois de la Houssière pour un dernier tronçon, vallonné, de 2,5 km. Sur ce parcours, nous longeons une des nombreuses sablières qui existaient jadis dans la forêt ; la dernière a cessé d’être exploitée en 2002.

De ses multiples cavités aux doux noms de Tête du bois (7,4 ha), du Planois (25 ha), du Marouset (44 ha), du Clos du Vert Bois (10 ha), de la crête du Haut Bois (3 ha), du Long Jour (26 ha), on exploitait du sable dit bruxellien jaune ocre pour la construction et du sable métallurgique, gras rouge, pour la fabrication des moules de fonderie.

Bois de la Houssière

Le GR 12 atteint le village d’Henripont où nous découvrons l'église dédiée à Saint-Nicolas. Elle date de 1785 et dépendait autrefois de l'abbaye de Cambron. Une partie du cimetière entourant l'église était réservée aux Sœurs Récollectines.

Henripont, église St-Nicolas

Par la rue de la Sennette, nous descendons, entre les champs, rejoindre l’ancienne ligne de chemin de fer qui reliait Ecaussinnes à Lembeek via Clabecq. Inaugurée en 1884, elle fut définitivement fermée en 1984 ; si une grande partie de cette ligne a déjà été transformée en RAVeL, pour notre plus grand plaisir, un morceau n’est pas encore asphalté.

GR 12 entre Henripont et Ronquières GR 12 entre Henripont et Ronquières

En chemin vers Ronquières, nous passons à côté d’un petit bâtiment dans lequel pousse un arbre dont le feuillage sert de toit. Ce n'était pas un arrêt du chemin de fer, mais un endroit où les ouvriers pouvaient stocker leur matériel et manger leur casse-croûte.

GR 12 entre Henripont et Ronquières

Après 2,5 km, nous quittons le RAVeL pour un sentier le long de la Sennette ; cours d’eau qui était parallèle à notre parcours depuis que nous étions sur le RAVeL. Cette rivière prend sa source à Familleureux, dans le Hainaut, puis passe à Écaussinnes et Ronquières. Dans le Brabant wallon, elle arrose Virginal, Ittre et Oisquercq avant de se jeter dans la Senne, près de Clabecq.

Vers 16 h, nous parvenons sur la place de Ronquières où se termine cette étape. Le côté droit de cette place est occupé par le moulin de Cambron. Ce vénérable moulin à farine, établi à l’origine à la confluence de la Sennette et de la Samme (qui se déverse aujourd’hui dans le canal Bruxelles - Charleroi) a été entièrement reconstruit en 1530 à l’initiative du seigneur d’Enghien et est, à ce titre, la plus ancienne bâtisse de ce type dans le Hainaut.

Le seigneur l’avait racheté un siècle plus tôt afin de disposer d’un pied-à-terre qu’il utilisait lors de ses visites dans son fief. Le nom du moulin évoque son ancien propriétaire, l’abbaye cistercienne de Cambron qui l’avait acquis à l’abbaye Saint-Ghislain en 1182.

Ronquières, moulin seigneurial

L’église, dédiée à Saint-Géry, est un mélange de moellons, de pierre taillée et de brique comme on en rencontre partout dans la région. À sa petite nef unique terminée par une tour-donjon massive (XIVe siècle) ont été ajoutés, au XVIe siècle, des bas-côtés, un faux transept et un chœur de style gothique tardif.

Le reste révèle le goût du pittoresque d’Alphonse Dufour, cet architecte tournaisien chargé, en 1924, de réparer les dégâts causés par un grave incendie. C’est ainsi qu’il n’a pas hésité à profiter de la reconstruction du clocher pour garnir ses flancs d’une tourelle et d’un baptistère.

Ronquières, église St-Géry

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GRP 127 : Tour du Brabant wallon. Au départ de Wavre, ce sentier de grande randonnée effectue une grande boucle de 266 km à travers la plus petite des provinces wallonnes. Il passe notamment par Waterloo, Rebecq, Nivelles, Villers-la-ville, Perwez, Hélécine, Jodoigne et Grez-Doiceau.

  • Le GR 121 : De Liège à la Côte d’Opale. Depuis Liège, ce sentier de grande randonnée se dirige vers le château de Jehay et la vallée du Geer pour atteindre Jodoigne. Au-delà de Wavre, il traverse la forêt de Soignes et le centre de Bruxelles avant de passer par Beersel et Ittre. Via Braine-le-Comte, le château de Beloeil et Bernissart, le GR 121 quitte la Belgique. Il évolue ensuite dans les Hauts-de-France jusqu’à la Côte d’Opale.