Les Randos de Fred & Paul

GR 12 : Ronquières → Manage (24 km) - octobre 2021

Info : nous avons réalisé ce parcours en deux parties :

  • De Ronquières à Arquennes (8,5 km). Nous sommes revenus à Ronquières (10 km) en empruntant le RAVeL, puis le GR 121.

  • D'Arquennes à Manage (15,5 km), nous avons pris le bus 72 entre Manage (Place) (1 km hors GR) et Arquennes (Place).

Nous commençons cette étape sur le parking situé entre la N533 et la rue Rosemont. Par un sentier asphalté, nous montons (de 57 à 98 mètres d’altitude) le long du plan incliné de Ronquières qui s’étend sur 1 750 mètres et comprend tout un ensemble d’ouvrages.

GR 12 entre Ronquières et Seneffe

De l’amont vers l’aval, on trouve d’abord un pont canal qui relie le plan incliné au tronçon de canal en hauts remblais. D’une longueur de 290 m et d’une largeur de 59 m, le pont canal sert de port d’attente en amont pour les bateaux qui désirent emprunter le plan incliné. Il est soutenu par 70 colonnes circulaires en béton armé de 19 m de haut et de 2 m de diamètre.

On trouve ensuite la tête d’amont qui est constituée d’une ossature en béton armé et d’une tour. Cette dernière supporte tout le dispositif de dispatching. Le plan incliné, proprement dit, comprend deux trémies en béton disposées côte à côte. Chaque trémie est équipée d’un bac et d’un contrepoids reliés entre eux par 8 câbles d’acier d’un diamètre de 55 mm.

Les deux bacs ont un fonctionnement indépendant et peuvent transporter simultanément une péniche de 1 350 tonnes ou plusieurs péniches de plus faible tonnage. Les péniches franchissent la chute en pénétrant dans un des bacs remplis d’eau mesurant 91 m de long, 12 m de large et 5 m de haut. Un bac parcourt les 1 432 mètres (en 40 minutes) en roulant sur des rails fixés à la trémie ; la pente est de 5 %.

Plan incliné de Ronquières

De l’autre côté du plan incliné, on trouve la tête aval ; elle consiste en un barrage qui isole le site du canal que surmonte un portique de manœuvres des portes. À côté, une centrale hydroélectrique assure l’autonomie électrique de l’ouvrage. Le port d’attente aval et la tranchée de raccordement amènent le canal vers la section aboutissant à l’écluse d’Ittre.

Plan incliné de Ronquières

Au terme de ce tronçon d’1,6 km, nous passons sous le plan incliné et traversons la N534. De l’autre côté de cette route, nous prenons la rue du Bois d’Horrues qui évolue en légère montée, pendant 1,5 km, entre les terres cultivées. En nous retournant, nous pouvons encore apercevoir la tour du plan incliné.

GR 12 entre Ronquières et Seneffe

Par un chemin de terre, nous descendons vers le hameau de La Warte. Peu après, nous atteignons l’ancien canal que nous traversons au niveau de l’écluse n°23. À partir d’ici et jusqu’à Seneffe, le GR 12 va emprunter le chemin de contre-halage. Nous profitons pleinement de cet agréable parcours, de neuf kilomètres, se passant majoritairement sur d’étroits sentiers, parfois fortement envahis par la végétation.

GR 12 entre Ronquières et Seneffe GR 12 entre Ronquières et Seneffe

En chemin, nous découvrons d’anciennes écluses dont les portes ont été remplacées par des batardeaux où l’eau s’écoule en petites cascades, des maisons éclusières typiques qui étaient destinées au personnel de surveillance.

GR 12 entre Ronquières et Seneffe, ancienne écluse GR 12 entre Ronquières et Seneffe, maison éclusière

L’eau n’étant pas régulièrement disponible dans le réseau hydrographique supérieur, les ingénieurs de l’époque imaginèrent un système de stockage de bief à bief dans le lit même de la Samme, contigu à celui du canal. La rivière fut ainsi barrée en certains endroits par des barrages à vantaux mobiles qui envoyaient l’eau nécessaire à l’alimentation.

En fonction de la situation, l’eau passait tantôt de la Samme au canal, tantôt du canal à la Samme. Ces bassins d’épargnes, accolés aux écluses, permettaient en outre d’économiser les eaux d’éclusage. Certains de ces ouvrages en pierre présentent encore les anciennes parties mécaniques : roues et engrenages.

GR 12 entre Ronquières et Seneffe, bassin d'épargne

Peu avant d’atteindre le village d’Arquennes, nous longeons la pile d’un ancien viaduc ferroviaire qui enjambait autrefois le canal à cet endroit. Concédée à la Belgian Eastern Junction Railway Company, la ligne entre Manage et Wavre a été inaugurée en 1855 dans le but de relier le bassin industriel du Centre aux grands axes ferroviaires et à la capitale du pays.

Les 41 kilomètres de voies ferrées desservaient Seneffe, Feluy-Arquennes, Nivelles, Genappe, Bousval, Court-Saint-Étienne et Ottignies. Reprise par l’État, la ligne a été exploitée par la SNCB jusqu’en 1953, année de sa fermeture partielle.

Arquennes, ancien viaduc ferroviaire

Le pont tournant d’Arquennes est une curiosité à part entière. Il s’agit d’un ensemble métallique datant du début du XXe siècle, qui comprend une passerelle pour piétons et un pont pour le charroi. La passerelle, accessible par des escaliers, est située à mi-hauteur, ce qui laisse un tirant d’air suffisant pour le passage de la navigation.

Le pont pivote autour d’un axe vertical situé au milieu du canal ; la partie centrale repose sur une pile ronde munie d’un pivot qui commande la rotation, laissant de part et d’autre un passage pour les bateaux.

Arquennes, pont tournant

C'est donc à Seneffe que ce parcours le long du canal se termine provisoirement. Par une belle drève, nous nous dirigeons vers le château de Seneffe, de style néo-classique, construit entre 1763 et 1768. Le comte Julien Depestre, commerçant, banquier et homme d’affaires, accorda une attention particulière à la construction de sa résidence et chargea l’architecte Laurent-Benoît Dewez de concrétiser les nouveaux concepts de la vie sociale axés sur le confort, l'intimité et l'apparat.

Le domaine, actuellement propriété de la Fédération Wallonie-Bruxelles, se situe au cœur d’un parc, aménagé en partie à la française et en partie à l'anglaise, s'étendant sur 22 hectares. On peut notamment y voir un théâtre, une orangerie et une volière.

Château de Seneffe

Par la rue Lucien Plasman, nous revenons au bord du canal et progressons sur le chemin de contre-halage pendant 900 mètres. Nous franchissons le cours d’eau et prenons la direction du pont de l’Origine, construit entre 1888 et 1890.

GR 12 entre Seneffe et Manage

Ce pont-levis, désormais fixe, pivotait en se levant autour d'un axe horizontal situé à la hauteur du tablier. Son balancement était équilibré par un contrepoids situé dans la partie supérieure ; la manœuvre ne demandait donc qu'un effort limité. Jadis, les bateliers s’y acquittaient des droits de navigation pour gagner le canal du Centre ; cette taxe était calculée en tonnes/kilomètres.

Du pont de l’Origine s’embranchaient, sur l’ancien canal, les accès au bassin industriel de La Louvière, prolongés par la suite vers Mons par le canal du Centre. L’origine de cet embranchement forme actuellement la jonction amont entre l’ancien et le nouveau canal Charleroi - Bruxelles.

GR 12 entre Seneffe et Manage, pont de l'Origine

Le tracé blanc et rouge gagne la rive opposée et monte, peu après l’écluse n°12, vers le bois de la Bomerée. Au début de ce bois, nous apercevons, l’entrée du tunnel de Godarville qui a été construit lors du passage du canal à 300 tonnes. D'une longueur de 1 049 m, il présente une section intérieure de 8 m de large et 9 m de hauteur sous clé. Son franchissement n’était autorisé qu’à sens unique, et seulement une péniche à la fois.

À partir des années 1930, la traversée du tunnel devenait de plus en plus compliquée (apparition des bateaux à moteur qui enfumaient le tunnel, embouteillages en raison du sens unique, mauvais état d’entretien, éclairage insuffisant). Une fois la décision prise de porter le canal au gabarit de 1 350 tonnes, il était devenu hors de question de rénover et de modifier la structure du tunnel. La solution telle que nous la connaissons aujourd’hui est la tranchée de Godarville (nouveau tracé parallèle à l'ancien).

Tunnel de Godarville

Par un sentier, boueux par endroits, en surplomb de la tranchée de Godarville, nous rejoignons la rue des Culots. Cette tranchée est la troisième et dernière méthode utilisée pour franchir la crête de partage des eaux (entre le bassin de l’Escaut et le bassin de la Meuse) ; la première méthode (canal 70 t) via le tunnel de la bête refaite, et la deuxième méthode via le tunnel de Godarville (canal 300 t).

GR 12 entre Seneffe et Manage Tranchée de Godarville

Nous traversons le « nouveau » canal et prenons, au bout du pont, un chemin herbeux progressant à mi-hauteur du talus. Après un kilomètre, en légère montée, nous suivons un chemin de terre aboutissant à une ferme. Au-delà de l’exploitation agricole, le GR 12 descend, la rue de la Marlette, vers la branche de Bellecourt.

D’une longueur d’1,7 km, celle-ci desservait les charbonnages de Mariemont et de Bascoup. Une ligne de chemin de fer la reliait aux puits d’extraction. L’extrémité de la branche de Bellecourt garde les traces de la vocation première du canal avec les anciens rails qui sont encore visibles. Aujourd’hui aménagé en porte de plaisance, le site abrite aussi un chantier naval et une cale sèche.

GR 12 entre Seneffe et Manage GR 12 entre Seneffe et Manage, branche de Bellecourt

À la fin de ce port de plaisance, nous passons sous la N59 et empruntons la rue du Traineau sur 850 mètres (le tronçon le moins intéressant de l'étape). Nous franchissons la ligne de chemin de fer (Braine-le-Comte - Luttre) que nous longeons ensuite jusqu’au cimetière de Longsart. Nous quittons là le tracé blanc et rouge et prenons l’avenue de Scailmont ; celle-ci nous mène au centre de Manage (1 km hors GR) où nous retrouvons la voiture.

GR 12 entre Seneffe et Manage

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GR 121 : De Liège à la Côte d’Opale. Depuis Liège, ce sentier de grande randonnée se dirige vers le château de Jehay et la vallée du Geer pour atteindre Jodoigne. Au-delà de Wavre, il traverse la forêt de Soignes et le centre de Bruxelles avant de passer par Beersel et Ittre. Via Braine-le-Comte, le château de Beloeil et Bernissart, le GR 121 quitte la Belgique. Il évolue ensuite dans les Hauts-de-France jusqu’à la Côte d’Opale.