GR 15 : Houffalize → Odeigne (23 km) - février 2021
Info : pour effectuer cette étape de 25 km dont 23 sur le GR, nous avons pris le bus TEC 1011 entre Manhay (Bellaire) (2 km hors GR) et Houffalize (Place Albert Ier).
Le 6 janvier 1945, Houffalize est quasiment rayée de la carte. Les bombardements de l’aviation américaine détruisent 310 des 354 maisons de la ville. Les habitants, obligés de vivre dans une situation très précaire, sont aidés par la commune de Schaerbeek. En reconnaissance, la N30, dans sa traversée du centre-ville, porte le nom de la commune amie et une statue du « Pogge », personnage folklorique de Schaerbeek, a été installée dans cette rue.
L’église Sainte-Catherine a été complètement restaurée après la Seconde Guerre mondiale. Ancienne chapelle du prieuré des Augustins fondé en 1235, elle est de style gothique primaire et comprend un autel baroque de la fin du XVIIe siècle. L'édifice abrite un lutrin représentant un aigle aux ailes déployées réalisé, en 1370, par l'école d'orfèvrerie de Dinant. Deux gisants sont particulièrement intéressants : la dalle funéraire en haut-relief de Thierry Ier d’Houffalize et le monument funéraire de Thierry II, sculpté dans une roche calcaire noirâtre le représentant gisant sur un socle de pierre bleue revêtu de sa cotte de mailles et paré de ses armoiries.
Peu après avoir franchi l’Ourthe, nous quittons la ville en montant la rue du Bois des Moines ; cette petite mise en jambes nous fait passer de 335 à 375 mètres d’altitude. Le tracé blanc et rouge traverse la N30 et poursuit son ascension, au milieu d’un quartier résidentiel, jusqu’à l’E25. De l’autre côté de l’autoroute, nous suivons une petite route de campagne avant d’emprunter un chemin caillouteux, en lisière de forêt.
Pendant 600 m, nous évoluons sur un chemin asphalté, entre les prairies, puis nous descendons un agréable sentier aboutissant à l’entrée d’Achouffe. Si le GR 15 ne passe pas dans le village, nous effectuons quand même le petit détour…
Achouffe se situe à la confluence des ruisseaux de Martin-Moulin et de Chevral. Le village s’organise autour de la chapelle Saint-Joseph, construite au début du XIXe siècle, de quelques établissements de restauration, et bien sûr, de la brasserie. L’histoire de cette dernière commence à la fin des années 1970, lorsque deux beaux-frères, Pierre Gobron et Chris Bauweraerts, décident de créer leur propre bière.
Le premier brassin est produit en août 1982 et compte 49 litres. La brasserie d’Achouffe connaît un tel développement que les beaux-frères décident de racheter la ferme dans laquelle ils brassaient depuis 4 ans et se lancent à plein temps dans l’aventure en 1986. Année après année, la Chouffe rencontre de plus en plus de succès en Belgique, mais aussi à travers le monde. Des installations adaptées et perfectionnées sont alors développées pour pouvoir répondre à cette demande grandissante.
À l’origine, la brasserie produisait uniquement des grandes bouteilles de 75 cl et des fûts de 20 litres ; ce n’est qu’en 2009 que les bouteilles de 33 cl sont apparues. Les fondateurs voulaient quelque chose de sympathique pour symboliser la brasserie ; en avril 1983, le logo représentant un lutin, portant de l’orge et du houblon sur son dos, est apposé pour la première fois sur les bouteilles.
Par un discret sentier, montant fortement, nous quittons Achouffe (333 mètres d’altitude). L’ascension se poursuit sur un large chemin herbeux, entre les prairies, jusqu’au lieu-dit « Pad-La-Les-Waai » où nous trouvons un banc pour effectuer une petite pause. Via un sentier rocailleux, bordé de charmes, nous contournons le village de Mont (455 mètres d’altitude).
Le tracé blanc et rouge retrouve l’asphalte et monte encore pour atteindre la lisière d’une forêt. Nous descendons ensuite, à travers bois, vers le ruisseau du Pont du Mont. Au-delà du cours d’eau, nous parvenons, par un chemin herbeux, au cimetière de Dinez. La nouvelle église Saint-Urbain, construite en 1938 en face de l’ancienne, remplace cette dernière qui fut démolie à cette époque et dont ne subsiste, au centre du cimetière, que la tour classée, datant de 1755.
À midi, nous profitons d’un banc, au centre de Dinez... pour manger nos tartines. À la sortie du village, nous descendons vers le ruisseau de la Planchette et progressons brièvement au bord de celui-ci avant d’entamer un parcours forestier d’environ 4,5 km. Ce beau tronçon, presque rectiligne, principalement au milieu des résineux, nous fait passer de 431 à 553 mètres d’altitude.
Après avoir franchi le ruisseau des Colas, nous sortons progressivement de la forêt. Nous traversons le hameau de Colas et parvenons, par un chemin caillouteux entre les prairies, à Chabrehez. Ce village se situe sur le « plateau des Tailles ». Avec des altitudes supérieures à 600 mètres (le point culminant étant la Baraque de Fraiture à 652 mètres), ce plateau, traversé de part en part par l'autoroute E25, constitue la seconde région la plus élevée de Belgique, après les Hautes Fagnes. Une multitude de ruisseaux naissent du plateau ; ils appartiennent quasi à parts égales aux bassins hydrographiques de l'Ourthe et de l'Amblève.
Le plateau des Tailles, situé aux confins des provinces de Luxembourg et de Liège, est en grande partie couvert de forêts, dans lesquelles l'épicéa domine largement, suivi par le hêtre. Ces zones boisées sont entrecoupées par des milieux ouverts, pour la plupart largement modifiés par l'homme : prairies pâturées, prairies de fauche, landes sèches et humides. Les tourbières n'occupent que des surfaces très marginales. Cette réserve naturelle a été créée en 1967, soit 10 ans après celle des Hautes Fagnes, et sa surface s’est progressivement agrandie pour atteindre 682 hectares, répartit sur différents sites.
Dans le village, nous franchissons le ruisseau de Martin-Moulin (déjà croisé ce matin à Achouffe) et découvrons, peu après, un monument rendant hommage à la compagnie du 3e Chasseurs Ardennais qui tint tête, ici à Chabrehez, à la 7e Panzerdivision le 10 mai 1940, empêchant celle-ci de reprendre sa progression avant le lendemain. Plusieurs militaires belges trouvèrent la mort, dont trois furent abattus alors qu'ils se rendaient.
Nous évoluons ensuite, pendant près de deux kilomètres, sur des chemins herbeux au milieu des épicéas (essence majoritaire sur le plateau des Tailles) et des bruyères. Sur ce tronçon, nous profitons pleinement d’un beau spectacle visuel et très sonore : la migration des grues cendrées.
De l’autre côté de la N89, nous prenons un chemin forestier où la progression est rendue compliquée par les nombreux arbres couchés au milieu du parcours (probablement à cause des chutes de neige). C’est là que nous atteignons le point culminant de l’étape à 642 mètres d’altitude. Pour rejoindre le village d’Odeigne, nous devons à présent traverser la « Fagne du Pouhon » : une vaste zone ouverte s'étendant d'est en ouest sur près de 2 km.
Jusqu'au début des années 2000, le site était occupé en majeure partie par des plantations d'épicéas plus ou moins âgées et le plus souvent malvenues parce qu'installées sur des sols très humides et tourbeux. Les zones de tourbières, de landes et de bas-marais acides ne subsistaient plus qu'au sein de petites clairières non connectées les unes aux autres.
À partir de 2005, de vastes travaux d'élimination des épicéas sont engagés sur le site afin de rouvrir les zones tourbeuses et de permettre leur restauration progressive. Ces opérations de déboisement ont également rétabli des connexions avec d'autres sites voisins. En outre, plus de soixante mares ont été créées, essentiellement par bouchage de drains et ennoiement.
Aujourd’hui, les objectifs de restauration ont été en grande partie atteints et on peut de nouveau y observer, sur des surfaces conséquentes, différentes variantes de ces habitats rares et menacés. La majeure partie de la fagne est inscrite au sein du réseau Natura 2000.
Si ce site est très beau, notre progression y est, par contre, compliquée. Difficile de trouver son chemin et surtout de garder les pieds secs ! Par un chemin caillouteux, nous arrivons, au centre d’Odeigne. Pour retrouver la voiture, laissée sur la N30, près de l’arrêt de bus, il nous faut quitter ici le GR 15 et encore marcher deux kilomètres (en partie sur le GR 14).
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GR 57 : Sentiers de l'Ourthe remonte, au départ de Liège, le cours de l’Ourthe jusqu’au barrage de Nisramont. Ce sentier de grande randonnée se divise ensuite en deux branches : une qui suit l’Ourthe occidentale jusqu’à Libramont ; une autre qui remonte le cours de l’Ourthe orientale vers Houffalize et Troisvierges (Grand-Duché de Luxembourg).
- Le GR 14 : Sentiers de l'Ardenne permet, en 276 km, de relier Monschau (Allemagne) à Sedan (France) en passant par Malmedy, Trois-Ponts, La Roche-en-Ardenne, Saint-Hubert, Transinne et Bouillon. Ce sentier de grande randonnée propose ainsi une traversée de l’Ardenne en s’enfonçant dans les forêts et en longeant plusieurs rivières : Warche, Amblève, Lienne, Ourthe, Lomme, Lesse, Our ou Semois.