GR 65 : Ussac → Mas de Dalat (22 km) - juin 2016
Après un bon petit déjeuner, où nous avons pu goûter huit confitures différentes (pastèque, melon, tomates vertes, ...), nous quittons ce petit coin de paradis. L’étape du jour, qui s’annonce tout aussi chaude et ensoleillée que la précédente, commence par 2,5 km d’asphalte afin de rejoindre le parcours du GR 65.
De retour sur le tracé blanc et rouge, nous retrouvons les petits chemins, mêlant terre et cailloux, où nous aimons tant cheminer. L’itinéraire passe à travers bois jusqu’au lieu-dit « Semberot », où nous trouvons un panneau annonçant « Cajarc... et ses bières à 3 km ».
Nous mettrons un peu moins d’une heure pour descendre vers cette petite ville, au bord du Lot. Nous progressons sur des chemins gravillonnés, entre des murets de pierres, et retrouvons une compatriote belge rencontrée au gîte à Figeac. Avant d’entamer la partie la plus pentue de la descente, nous profitons d’un beau point de vue sur Cajarc et ses alentours.
Le sentier, très abrupt par endroits, passe au pied de la falaise et nous permet de découvrir une grotte où quelqu’un a bivouaqué récemment. Nous prenons un sentier herbeux, puis retrouvons le goudron jusqu’à la D662. Le GR 65 ne pénètre pas dans Cajarc, mais nous décidons d'effectuer un petit détour afin de visiter la cité.
Bastide ronde, ceinte par un tour de ville témoignant de l’emplacement d’anciennes fortifications (détruites au XVIIe siècle), Cajarc voit ses origines remonter à l’âge celtique. Le village apparaît dans l’histoire lorsque le colon romain Caïus Hebrardus fit édifier, sur un éperon rocheux, une construction fortifiée qui prit le nom de « Maison de l’Hébrardie ».
C’est autour de ce robuste édifice que s’organisa et se développa le bâti de la cité nommée successivement Caïac, Caïarc, puis Cajarc. Malgré les destructions répétées au cours des siècles, la ville a su conserver un patrimoine médiéval et renaissance de grande qualité.
La cité présente un ensemble de structures en bois, charpentes murales improprement dénommées colombages, d’un modèle particulier. Ni d’influence figeacoise, ni d’influence cadurcienne, elles sont la marque d’un artisanat local assez puissant pour échapper aux grands modèles régionaux.
L’église Saint-Etienne, du XIIIe siècle, comptait treize autels et une relique majeure : une hostie miraculeuse ; il ne reste de cette église que les bases du clocher. L’édifice, presque entièrement refait à partir du XVe siècle, fut endommagé par les Protestants lors de la prise de la ville en 1574 et reconstruit après 1622.
Cajarc est connu pour avoir abrité plusieurs personnalités importantes :
- La romancière Françoise Sagan y a vu le jour, en juin 1935, sous le nom de Françoise Quoirez
- Georges Pompidou, ancien Premier ministre et président de la République, y acquit une résidence sur le causse en décembre 1962
- Coluche était un habitué du café « Chez Moulino » qui l'inspira pour écrire, en 1975, son fameux sketch « Le schmilblick ».
Vers 11 h, nous quittons le centre de Cajarc, après avoir découvert, à l’office de tourisme, qu’il nous faut encore marcher 1 241 km avant d’atteindre Saint-Jacques-de-Compostelle !
Nous avons une petite hésitation sur la direction à suivre, mais grâce au topo-guide, nous retrouvons rapidement le bon itinéraire. Le GR 65 circule entre des potagers et des champs pour aller rejoindre les rives du Lot. Nous passons sous le tunnel de l’ancienne ligne SNCF (Cahors - Capdenac), désaffectée en 2011, avant de grimper un petit raidillon pour rejoindre la D662.
Depuis la départementale, nous découvrons la vue sur Cajarc ainsi que l’entrée d’un canal souterrain de 360 mètres qui permettait autrefois aux gabares d’éviter un méandre du Lot. Si la rivière est aujourd'hui paisible et la navigation impossible, il régnait pourtant au XIXe siècle une intense activité ; de nombreuses gabares chargées de phosphate, de vin ou de bois partaient d’ici vers Cahors.
Après 500 mètres sur la D662, nous tournons à gauche sur une route passant dans un lotissement, puis dans un zoning. Au début de cette voie, nous découvrons « La Capelette », l’autre nom de la chapelle Sainte-Madeleine dont il ne reste que l’abside. Cette chapelle remonte au XIIe siècle et dépendait d’une léproserie qui hébergeait aussi les pèlerins avant la traversée du causse.
Nous rejoignons la D19 et franchissons le Lot, puis nous passons au pied du hameau de Gaillac avant d’entamer la partie la plus difficile de la journée : une montée de deux kilomètres. Nous allons grimper à la même altitude que celle où nous étions avant la descente sur Cajarc : 340 mètres alors que nous sommes ici, au niveau du Lot, à 150 mètres d’altitude.
Le GR 65 longe d’abord un champ, mais très vite, c’est à travers une forêt de chênes qu’il se faufile. C’est sur ce large chemin caillouteux, où nous avançons péniblement à cause de la chaleur, que nous pénétrons dans le causse de Limogne qui fait partie du Parc naturel régional des Causses du Quercy.
À la sortie de la forêt, nous découvrons un large panorama et retrouvons, hélas, le goudron qui nous accompagnera pendant plusieurs kilomètres. Le tracé blanc et rouge poursuit sa lente ascension jusqu’à atteindre 375 mètres d’altitude. Tout comme hier, ne trouvant aucun banc, c’est par terre dans une prairie, à l’ombre de quelques arbrisseaux, que nous nous asseyons pour manger.
Nous reprenons notre périple en direction du Mas de Jantille, toujours sur la même route, au milieu d’un beau paysage tantôt forestier, tantôt campagnard. À l’approche du Mas de Poulard, le GR 65 emprunte brièvement un chemin herbeux jusqu’à une aire de pique-nique. Cette halte, composée d’un abri et de quelques tables, est décorée de guirlandes de petits drapeaux et de coquilles Saint-Jacques coloriées.
L’endroit est charmant avec un petit étang et surtout un « lavoir papillon » qui doit son nom à la forme en V de la dalle calcaire devant laquelle s'agenouillait la lavandière pour battre son linge ; ce type de lavoir est une spécialité du causse de Limogne.
Le parcours continue sur d’agréables sentiers traversant plusieurs petits villages ou hameaux que l’on appelle ici « mas ». Au Mas de Borie, nous découvrons, à côté du lavoir papillon, une ancienne pompe à godets.
Les trois derniers kilomètres, vers Mas de Dalat, sont une succession de beaux sentiers le long de murets de pierres. Vers 15 h 30, nous arrivons devant le gîte et sommes accueillis par Dominique. Nous avons le choix de la chambre, car à nouveau, nous ne sommes que Paul et moi dans ce gîte. Ici aussi, les bagages sont interdits dans la chambre et nous devons donc mettre le nécessaire pour la nuit dans des bacs.
À 19 h, Dominique, qui gère seul cet hébergement, nous sert un succulent et copieux repas : entrée, plat, salade, fromage et dessert ; le tout arrosé d’une bonne bouteille de vin... pour 14 € ! Bien qu’il ne mange pas avec nous, Dominique nous tiendra compagnie pendant tout le repas.