Hageland : Château de Horst → Aarschot (17 km) - juin 2015
Après avoir laissé une des voitures à la gare d'Aarschot, nous venons avec l'autre jusqu'au château de Horst ; un beau panneau nous informe que nous croisons ici le tracé du GR 512.
Même si les seigneurs de Horst y séjournaient déjà au XIIIe siècle, les parties les plus anciennes du château de Horst, encore visibles aujourd'hui, datent du début du XVe siècle. Le lumineux donjon de pierres blanches, les douves-étang et toutes les fondations du château remontent à cette époque.
Tout le château féodal, mis à part le donjon, brûla en 1489 lors de la guerre entre l'empereur Maximilien d'Autriche et les citoyens de Louvain. Le donjon de 30 mètres s'élève sur cinq niveaux ; son sommet est aménagé en chemin de ronde. Depuis le XVIIe siècle, cette imposante tour est coiffée d'une toiture à clocheton.
À la fin du XVIe siècle, le château est reconstruit suivant le style Renaissance, en gardant la disposition originale (une forme de polygone irrégulier). Ce sera le premier édifice d'importance dans nos provinces à connaître des modifications qui en feront davantage un château de plaisance qu'une place forte médiévale. Le dessin de sa façade, avec ses belles lignes de pierre et de brique, appelées chaînage, date de cette époque.
Au XVIIe siècle, Maria-Anna van den Tympel, la noble occupante du château, a fait construire deux ailes autour de la cour intérieure. Elle fait aussi construire la remise à carrosses, où l'on trouve aujourd'hui le centre du visiteur, le magasin de souvenirs et une brasserie.
En octobre 2007, la comtesse d'Hemricourt de Grunne a vendu à la Région flamande un lot comprenant le domaine de 113 hectares, le château, et... le fantôme d'Almeric Ier Pynnock qui, selon la légende, hante toujours les lieux.
Nous débutons cette étape par de petits sentiers herbeux ; d'abord le long de l'étang ceinturant le château, puis entre bois et prairies. Si les trois premiers kilomètres se font sur un terrain plat, la suite sera différente avec un parcours plus accidenté en approchant du Beninksberg.
Au détour d'un chemin nous voici soudain comme transporter dans une autre région, car sur les coteaux, devant nous, se trouvent des vignobles. Le Hageland est, en effet, la région viticole la plus septentrionale d'Europe. Il y a environ 15 millions d'années, la mer s'étendait jusqu'à Diest.
Les fortes marées ont formé un paysage de bancs de sable et lorsque l'eau s'est retirée, ces bancs de sable ont durci pour former des collines de grès riche en fer. La couche pierreuse accumule la chaleur le jour pour la libérer la nuit, un phénomène favorable au processus de maturation des raisins.
Un bon sous-sol ne suffit cependant pas pour produire un vin savoureux. Un vignoble moyen a besoin de 1 800 à 2 000 heures d'ensoleillement par an, les variétés hâtives de raisins blancs nécessitant quelque 1 100 heures. Notre pays avec +/- 1 500 heures d'ensoleillement et une température annuelle moyenne de 11 °C convient bien à la culture du raisin et surtout des cépages blancs.
Dès le Moyen Âge, les habitants du Hageland avaient parfaitement compris qu'ils vivaient sur des terres précieuses. Au XIIe siècle, Godefroid Ier, duc du Brabant, possédait un vignoble à Louvain et les premiers vignobles ont fait leur apparition à Aarschot, Diest et Hoegaarden dès le XIIIe siècle.
Initialement, la viticulture était l'affaire des congrégations religieuses, mais au fil du temps, l'homme ordinaire s'est également tourné vers la plantation des pieds de vigne. Cependant, le vin du Hageland fut de plus en plus supplanté par les vins du Rhin et de France. Le refroidissement du climat et les guerres de Religion, qui ont duré des années, ont donné le coup de grâce à la viticulture à partir de 1570.
Le vin du Hageland a cependant connu une grande renaissance grâce à quelques amis qui ont décidé, en 1972, de relancer la viticulture. Ils ont fondé une association et replanté des pieds de vigne sur les coteaux méridionaux. L'Université catholique de Louvain et l'École horticole provinciale de Louvain offrent les connaissances et l'appui nécessaires, grâce à quoi la qualité des vins du Hageland ne cesse de s'améliorer.
Les viticulteurs sont de plus en plus nombreux à transformer leur hobby initial en activité professionnelle et une association professionnelle a vu le jour en 1995. La reconnaissance par une appellation d'origine contrôlée a suivi rapidement et le vin du Hageland prospère aujourd'hui comme jamais auparavant.
Après un long chemin creux en sous-bois, nous arrivons devant le portillon d'entrée de la réserve naturelle du Beninksberg. À peine celui-ci franchit que plusieurs possibilités de chemins s'offrent à nous, mais plus aucune balise ! Finalement, après plusieurs vaines tentatives, nous retrouvons le balisage jaune et rouge.
Nous passons le pont enjambant l'autoroute E314 avant d'entamer la seconde ascension du jour vers le Wijngaardberg, passant de 19 à 67 m d'altitude ! Nous cheminons sur un large chemin herbeux, au milieu des poiriers, avant de virer à droite et de grimper entre deux rangs de vigne.
Ayant déjà parcouru 8 km, nous effectuons une courte pause boisson avant de poursuivre la montée. Au sommet, nous retrouvons des plantations de poires, mais aussi de pommes. Sur la crête, un peu à l'écart du chemin, se trouve une construction unique qui s'étend sur 1 546 mètres : les restes d'un mur construit sur la ligne de séparation entre le bois, sur le plateau, et le vignoble.
Érigé, aux alentours de 1815, à l'aide de grès ferrugineux provenant des carrières de la région, ce mur protégeait les rangs de vigne contre les vents froids du Nord. À l'origine, il faisait 1,7 m de large et 2 m de haut. Actuellement, il est dans un triste état à de nombreux endroits. Avec les terrasses sur le flanc sud de la colline, c'est le dernier témoin du grand vignoble situé sur le Wijngaardberg au début du XIXe siècle.
D'agréables sentiers forestiers puis campagnards nous mènent à l'entrée de Gelrode où, une nouvelle fois, le balisage manque de précision et mériterait un passage des baliseurs ! Il est un peu plus de midi quand nous atteignons le centre du village.
Le café « De Moedermeule », attenant au moulin du même nom, serait un bel endroit pour pique-niquer. Je demande au serveur si nous pouvons nous installer pour manger nos tartines et bien sûr prendre une consommation chacun, mais celui-ci refuse... pourtant sa terrasse est quasiment déserte ! Tant pis, nous poursuivons notre route.
Ce moulin, implanté initialement à Malines, date de 1667. Il était d'une envergure supérieure à la moyenne et reçut de ce fait le surnom de Moedermeule. En raison des inconvénients que présentaient ses dimensions, il a été réduit à des proportions plus conformes à la normale. Démonté en 1830, il fut acheminé, par bateau, jusqu'à Gelrode où il fut reconstruit à l'emplacement qu'il occupe encore de nos jours.
Le Streek-GR Hageland nous fait traverser une autre réserve naturelle, celle de l'Eikelberg. Si le circuit est très beau, il n'y a malheureusement pas de banc pour nous installer afin de manger. De vieux troncs d'arbres nous permettront de nous asseoir, mais la pause sera perturbée par les piqûres de taons ! La suite de la randonnée, jusqu'à Aarschot, se fait sur des sentiers passant tantôt dans les bois, tantôt dans un surprenant paysage de landes et de bruyères.
Nous traversons une route importante avant de monter, toujours par des petits chemins, vers la tour Orléans (ou « Aurelianustoren ») sur le Kouterberg. Rare vestige des anciens remparts d'Aarschot, elle a été érigée entre 1360 et 1365 puis maintes fois détruite et reconstruite par la suite.
La tour est l'un des points les plus hauts de la ville à 40 mètres d'altitude ! Du haut, on aurait une vue panoramique sur Aarschot et la vallée du Demer, mais le vandalisme a rendu l'ascension impossible ; de plus, l'importante végétation ne permettrait pas d'observer le paysage.
Un peu au-delà de cette tour, nous quittons le tracé jaune et rouge pour descendre dans la ville et retrouver la voiture sur le parking de la gare.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GR 512 : Brabantse heuvelroute relie, en 173 km, Diest à Geraardsbergen (Grammont) et traverse donc d’est en ouest le Brabant flamand et la Flandre orientale. Il évolue au milieu des forêts de Meerdael et de Soignes et passe près des châteaux de Horst, Beersel et Gaasbeek.