GR 121 : Chaussée-ND-Louvignies → Chièvres (23 km) - avril 2022
Sous l'Ancien Régime, Chaussée-Notre-Dame, dont le nom provient de sa situation sur une ancienne chaussée romaine et de son église paroissiale dédiée à Notre-Dame, était un fief du chapitre de Soignies. Louvignies, qui découle du latin « lupus » signifiant « loup », dépendait du baillage de Silly. Ces deux villages, qui forment Chaussée-Notre-Dame-Louvignies, sont unis depuis 1805.
Vers 9 h, nous débutons cette étape au pied de l’église Notre-Dame. L’édifice, en moellons de grès local, date, pour sa partie la plus ancienne, du XIIIe siècle. Pendant 400 mètres, nous marchons le long de la rue Joseph Quintart ; nom actuel de l'ancienne chaussée romaine (Brunehault) qui reliait Bavay à Ultrecht.
Nous tournons, à droite, dans la rue d’Ath et empruntons cette dernière durant 1,4 km. Peu après une exploitation agricole, cette rue devient un chemin de terre passant, notamment, à l’arrière du château de Louvignies. Propriété de la famille Villegas de Saint-Pierre, le domaine du château fit l’objet d’une vaste et longue campagne de transformation et reconstruction au XIXe siècle, et particulièrement entre 1878 et 1885. Le château a servi à plusieurs reprises de lieu de tournage, dont le plus célèbre est Germinal de Claude Berri.
Château de Louvignies, vue depuis la rue de Villegas
Au bout de cette rue, nous entamons un parcours, quasi rectiligne, d’un peu plus de trois kilomètres. Si le début de ce tronçon se déroule sur l’asphalte, la majeure partie se passe cependant sur des chemins de terre, en légère montée, au milieu des champs.
Nous traversons la rue du Noir Jambon et découvrons, au bord de celle-ci, une stèle érigée à la mémoire d’un résistant (Edouard Vandercappellen) assassiné à cet endroit en septembre 1944. Nous longeons ensuite un bois et arrivons, un peu plus loin, au château de Thoricourt ; point culminant de cette étape (102 mètres d’altitude).
Entièrement reconstruit à partir de 1768, ce beau château daterait en réalité du XIIe siècle. À l’époque, il portait le nom de « Thorincurt », qui signifie « ferme de Thur ». Propriété de différentes familles, il passe, à la fin du XVIIIe siècle, dans les mains des Obert de Thieusies ; dont la devise est « Pro Lumine Virtus » (par la grâce de la lumière). Un parc de 15 hectares entoure le château.
Le GR 121 suit une petite route asphaltée avant d’emprunter, pendant 2,6 km, le chemin Royal ; un panneau nous informe que ce sentier a été redécouvert dans le cadre de l’action de la Semaine des Sentiers 2021. À l’entrée de ce long chemin, nous découvrons une potale en pierre, en l'honneur de Notre-Dame de Bonsecours, datant de 1766. Le premier kilomètre se passe, en descente, entre les terres cultivées. Nous passons à côté d’une chapelle, dédiée à Notre-Dame de Hal et montons ensuite en direction du bois de la Provision (de 70 à 94 m d’altitude).
Au milieu de ce parcours, nous devinons, à travers la végétation, le château de Morval. Propriété de la famille d'Outrelmont, ce château, reconstruit à la fin du XVIIIe siècle, était à l'origine une ancienne demeure du XVe, transformée au fil du temps. Son parc de 23 hectares, son orangerie et son jardin lui donnent un cachet tout particulier.
Nous atteignons le lieu-dit « les Six Chemins » où nous quittons le chemin Royal pour un autre chemin, tout aussi rectiligne, passant à travers le bois de la Provision. Isolé dans un paysage vallonné, essentiellement agricole, ce bois s'étend sur environ 260 hectares et constitue un reliquat d'un massif forestier jadis beaucoup plus vaste, auquel appartenait également le bois d'Enghien situé à 4 km. Le site est majoritairement constitué de hêtraies et de chênaies.
À la fin de cet ultime tronçon forestier (d’1,8 km), nous tournons à droite dans la rue de la Provision. Un peu plus loin, nous prenons, sur la gauche, un chemin herbeux descendant, au milieu des champs, jusqu’à la Dendrelette (affluent de la Dendre orientale). Au-delà du cours d’eau, nous montons vers la N523. Même si nous n’évoluons que sur une centaine de mètres au bord de cette grand-route, ce tronçon est assez dangereux en l’absence de trottoir et surtout à cause du trafic très important ; on estime que la moitié du trafic routier du parc Pairi Daiza passe par ici…
Nous croisons le tracé du GRP 123, qui nous tiendra compagnie pendant 6,3 km, et abordons ensuite un parcours campagnard de quatre kilomètres en direction de Mévergnies ; les chemins de terre alternent avec les petites routes de remembrement.
Pour rejoindre Attre, nous suivons la rue de la Tour Vignoux. Cette tour, située dans le parc du château d’Attre, est un immense rocher artificiel fait d’enchevêtrements de pierres ; elle mesure 24 mètres de haut. 40 ouvriers ont travaillé pendant sept ans pour arriver à ce résultat. La légende raconte que cette tour était habitée par un personnage peu recommandable. On attribue à ce vilain Vignou la capture et la mort de 14 personnes innocentes.
Nous effectuons une petite pause pour admirer le château d’Attre, classé au patrimoine majeur de Wallonie. Celui-ci a été érigé en 1752, par François-Philippe Franeau d’Hyon, comte de Gomegnies, à l’emplacement d’une ancienne forteresse médiévale. Son fils, François-Ferdinand, chambellan à la cour de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, aménagea l'intérieur. La gouvernante des Pays-Bas, l’archiduchesse Marie-Christine (sœur de Marie-Antoinette) et son mari, Albert de Saxe, fréquentaient volontiers le château pour des parties de chasse dans les bois environnants.
Le petit pont et les colonnes situées à l’entrée du parc du château proviennent de l’ancienne abbaye de Cambron. Au décès de François-Ferdinand, le château d’Attre est passé aux mains de sa sœur qui a épousé Constant Duval de Beaulieu. Cette famille, propriétaire de l'abbaye, construisit, de 1852 à 1854, sur les fondations de l'ancienne infirmerie monastique, un château semblable à celui d'Attre. Ce bâtiment sera réhabilité en aquarium géant lors de la création du parc animalier Pairi Daiza.
Peu après le château, nous franchissons la Dendre orientale. Cette rivière prend sa source près de Jurbise et passe par Lens pour rejoindre la Dendre occidentale à Ath. Nous croisons ensuite le tracé du GR 129 (avec qui nous ferons parcours commun pendant 700 mètres) et nous nous séparons, au même endroit, du GRP 123.
De l’autre côté de la ligne de chemin de fer, reliant Ath à Jurbise, nous empruntons la rue des Enfers pour monter vers la N56. Le tracé blanc et rouge évolue, pendant 300 mètres, au bord de cette grand-route ; dans le sens opposé, nous apercevons, au centre d’un rond-point, un avion et plus précisément un Hunter. Avions mythiques de l’histoire de la base aérienne de Chièvres, ce sont ces Hunters qui, de juin 1956 à septembre 1963, ont fendu le ciel de la ville.
En 1939, le gouvernement belge, décide de créer sur le site de Chièvres, un terrain de diversion pour l'Aéronautique Militaire. Les travaux sont en cours lorsque la déclaration de guerre survient le 10 mai 1940. Neuf jours plus tard, l'armée allemande occupe le terrain, et commence aussitôt les travaux d'installation d'une base aérienne pour la Luftwaffe sur les ébauches de ce que les Belges avaient commencé. Le 1er septembre 1944, les Allemands quittent les lieux après avoir dynamité les installations et brûlé toutes les archives.
Le 3 septembre 1944, les Américains de la première division d'infanterie occupent les ruines de la base. Aussitôt, le génie commence la remise en service des installations. En mars 1947, la toute jeune Force Aérienne Belge, reprend officiellement la base, et, le 1er décembre 1950, le 7e Wing est créé. Ce dernier cessera totalement ses activités le 28 octobre 1963 et sera officiellement dissous le 4 novembre de la même année. Depuis le 31 décembre 1967, la base est louée au SHAPE et est toujours occupée par les forces américaines.
Par un dernier chemin de terre, au milieu des terres cultivées, nous arrivons à l’entrée de Chièvres. Nous terminons cette étape sur la Grand-Place où nous découvrons le château d’Egmont.
C’est au XVe siècle que le pouvoir seigneurial se déplace sur la Grand-Place, alors située à la limite des fortifications de la ville. La bâtisse a été édifiée, vers 1560, pour Charles de Croÿ, seigneur de Chièvres, haut dignitaire du comté de Hainaut et proche des rois d’Espagne. La partie centrale du bâtiment, en pierre, est d’origine. L’aile latérale droite a été ajoutée vers 1700 sous la famille d’Egmont. Depuis 2007, la demeure abrite une maison de retraite.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GRP 123 : Tour de la Wallonie picarde effectue, au départ de Tournai, une grande boucle sinueuse de 260 km dans l'ouest de la province de Hainaut. L’itinéraire traverse quatre régions : le parc naturel des Plaines de l’Escaut (de Tournai au Happart), la vallée de la Dendre (de Happart à Lessines), le pays des Collines (de Lessines au mont de l’Enclus) et la plaine de l’Escaut (du mont de l’Enclus à Tournai).
- Le GR 129 : la Belgique en diagonale permet, en 575 km, de relier Bruges à Arlon en passant notamment par Audenarde, Ath, Mons, Thuin, Gerpinnes, Maredsous, Dinant, Lavaux-Sainte-Anne, Maissin, Florenville, Virton et Messancy.