Les Randos de Fred & Paul

GR 121 : Château de Jehay → Geer (20 km) - mars

L'ilot sur lequel se dresse le château de Jehay a été habité dès l'âge de la pierre ; vers 1100, un premier château se dressait ici. Démoli lors de troubles ou de guerres, il fut maintes fois reconstruit et restauré. Ainsi, du château médiéval, il ne reste que des caves voûtées du XIIIe siècle, vestiges de l'ancien donjon. Le corps principal, tel que nous le voyons aujourd'hui, est le fruit d'une reconstruction orchestrée vers 1550.

C'est à ce moment que le curieux damier de façade, constitué d'une alternance de pierre calcaire blanche et d'un petit appareillage de grès, est mis en place. Le principe du damier de façade n'est pas unique en Europe, mais son appareillage l'est peut-être. Alors que, généralement, les damiers de pierre et de brique sont très réguliers, celui de Jehay présente une distribution volontairement disparate des différents éléments, conférant à la façade un dessin moins figé.

Château de Jehay

L'ensemble, entouré de tours et de douves, comporte quatre volumes bien distincts reliés par des cours et des ponts. Le château, le parc et les bâtiments agricoles sont précédés d'une majestueuse tour-porche, datant de 1622, flanquée de deux courtes ailes aux pignons à gradins du XIXe siècle. Depuis l'an 2000, c'est la province de Liège qui est propriétaire des lieux.

Le domaine dispose de beaux jardins où l'on peut admirer plusieurs sculptures du comte Guy Van den Steen, dernier habitant des lieux. Il y a aussi, dans l'enceinte murée d'un hectare, un remarquable parc potager où nombre de légumes, plantes décoratives, céréales et arbres fruitiers de nos régions ont élu résidence.

Château de Jehay, porche Château de Jehay, potager

Par une route rectiligne, en légère montée, nous rejoignons le hameau de Rogerée. Nous entendons déjà le bruit de l'autoroute E42 que nous franchissons un peu plus loin. Après avoir aperçu, sur notre gauche, le château-ferme de Borsu, nous empruntons un petit chemin qui est l'assiette de l'ancien chemin de fer vicinal reliant Verlaine à Ampsin.

Nous arrivons à l'entrée Verlaine où nous empruntons la voie des Meuniers ; après les dernières maisons, celle-ci se prolonge entre les terres cultivées. Au carrefour suivant, nous découvrons une charmante chapelle dédiée à Saint-Urbain, Saint-Roch et Saint-Job. L’inscription sur le tympan, nous apprend que cette chapelle a été bâtie en 1870 pour satisfaire le pieux désir des paroissiens de Verlaine.

Verlaine, chapelle Saint-Roch, Saint-Job, Saint-Urbain

Pendant un kilomètre, nous avançons ensuite sur un chemin bétonné entre des vergers et des champs. Nous rejoignons une route plus importante nous menant dans le village de Seraing-le-Château. C'est à un ensemble castral d'un grand intérêt que ce village doit son nom. En effet, dominé par la masse de son château d'origine médiévale, le village était une seigneurie relevant de la cour féodale de Liège.

Au XVe siècle, cette seigneurie échoit à Guillaume de la Marck, le célèbre « Sanglier des Ardennes », qui se réfugie souvent dans le château. Ses descendants ont conservé la seigneurie jusqu'en 1774, date à laquelle elle passa à Charles d'Arenberg, dont la famille conserva le bien jusqu'à la Révolution française. La forteresse (à l’exception du donjon) a été victime d'un incendie en 1869 et a été reconstruite dans le style néogothique.

De cet ensemble, seul l'important donjon, élevé sur cinq niveaux, est d'origine médiévale. Les autres parties, à l'exception des tours d'angles du XVIe siècle, ont été reconstruites. Depuis un nouvel incendie en 2003, le château est en piteux état ; des murs sont tombés, il n’y a pratiquement plus de plancher ni de plafond, les encadrements des fenêtres commencent à crouler, le site est tagué et envahi par la végétation…

Château de Seraing-le-Château

Nous tournons vers la gauche pour rejoindre un chemin de terre suivi, pendant 2 km, jusqu’à la N65 que nous traversons. Le parcours continue en direction du hameau de Borset avant de se diriger vers le village de Les Waleffes.

GR 579 entre Seraing-le-Château et Les Waleffes GR 579 entre Seraing-le-Château et Les Waleffes

Durant ce trajet, campagnard et un peu monotone, nous apercevons sur notre gauche, l’imposant château d’eau de Borlez ; vu le relief quasiment plat, celui-ci sera longtemps visible. Sur la droite, nous découvrons, au loin, la chapelle Saint-Sulpice d’Aineffe. La chapelle primitive daterait du XIe siècle ; de cette époque, elle conserve son imposante tour trapue à trois niveaux qui aurait été, à l'origine, une tour de défense dont les murs ont, par endroits, une épaisseur de 1,80 m.

Château d'eau de Borlez Aineffe, chapelle Saint-Sulpice

Le tracé blanc et rouge passe à côté de la chapelle Saint-Éloi dont la construction remonte à 1841. L’édifice a été commandé par le notaire Dejardin en remerciement pour une grâce obtenue. Saint Éloi est le saint patron de plusieurs corporations, dont les orfèvres, les forgerons, les maréchaux-ferrants,... Il est invoqué contre certaines maladies : les furoncles, l’épilepsie, les abcès, l’entérite.

Borlez, chapelle Saint-Éloi

Par un chemin de terre, entre un verger et un bois, nous parvenons au village de Les Waleffes qui regroupe les deux anciens villages de Waleffe-Saint-Pierre et Waleffe-Saint-Georges. Nous quittons brièvement le GR 121 pour aller admirer la belle façade du château de Waleffe-Saint-Pierre.

GR 579 entre Seraing-le-Château et Les Waleffes

Construite, à partir de 1706, sur les vestiges d'une construction plus ancienne, la demeure actuelle présente le plan type du château que l'on rencontre en pays mosan : un corps de logis flanqué aux extrémités de deux ailes symétriques latérales du côté cour et de deux amorces d'ailes, côté jardin.

La façade s'élève sur deux niveaux d'habitation et comporte neuf travées percées de hautes fenêtres. Elle est devancée par un avant-corps de trois travées en léger ressaut, surhaussé d'un demi-étage percé de trois œils-de-bœuf et d'un fronton triangulaire aux armes des de Flaveau et des Piret de Châtelet.

Les Waleffes, château

La ferme seigneuriale qui accompagne le château est aussi d'un grand intérêt. Les parties les plus anciennes remontent au XIVe siècle. Elle est composée d'une grange, d'une imposante tour-porche, d'un logis et d'une brasserie. Le mur d'enceinte s'étend entre deux tours cylindriques, dont une est recouverte d'un toit conique qui s'élève à 32 mètres.

Les Waleffes, ferme seigneuriale

Devant l’église, dédiée à Saint-Georges, une stèle évoque la mémoire d’Hubert Krains. Né à Les Waleffes en 1862, il a grandi dans une famille de paysans. Cet écrivain a déjà publié quelques contes et nouvelles quand il achève « Pain noir », en 1904, l’œuvre qui fera sa réputation ; ce roman qui évoque la question sociale et le machinisme est un hymne à sa terre natale hesbignonne.

Dès 1920, il est l’un des premiers membres de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, institution fondée à l’initiative du ministre Jules Destrée. Auteur de nombreux articles dans la presse où il affiche son ardeur à défendre la langue et la culture française, ainsi que sa Wallonie, Hubert Krains s’impose également comme un critique littéraire perspicace et pénétrant. Il connaît une fin tragique, broyé sous les roues d’un train en gare de Bruxelles, en 1934.

Les Waleffes, stèle Hubert Krains

Par les rues Remikette et du Bosquet, nous quittons le village. Un chemin de terre, partiellement bétonné, nous mène jusqu’à la N69 qui serait une ancienne voie romaine. Après la traversée de cette grand-route, nous nous dirigeons vers le dépôt des bus d’Omal puis, nous empruntons, pendant un kilomètre, un chemin bétonné menant au hameau de Ligney.

GR 579 entre Les Waleffes et Geer

Nous prenons ensuite la direction du village de Geer où nous quittons le tracé du GR 121 juste avant que celui-ci ne franchisse la rivière. Le Geer, d’une longueur de 54 km, arrose successivement : Geer, Waremme, Oreye, Tongres, Bassenge, Eben-Emael et Maastricht où il se jette dans la Meuse. La rivière a pour particularité de traverser le canal Albert, à Kanne, par un système de siphon.

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GR 412 : Sentier des Terrils traverse, sur plus de 300 kilomètres, la Wallonie d'ouest en est. Entre Bernissart et Blegny-Mine, il passe notamment par le Grand-Hornu, l’ancien canal du Centre, le Bois du Cazier et le château de Franc-Waret. Le numéro d'attribution de ce sentier de grande randonnée fait référence au 4 décembre qui est le jour de la fête de Sainte-Barbe, sainte vénérée des mineurs.