GR 121 : Florival → Wavre (12 km) - janvier 2025
Info : pour effectuer cette étape, nous avons pris le train entre les gares de Wavre (300 m hors GR) et de Florival.
En descendant du train, nous nous dirigeons vers la rue de Florival et marchons, durant 900 mètres, le long de celle-ci. Peu après avoir franchi la Dyle qui marque ici la frontière entre la province du Brabant wallon et celle du Brabant flamand, nous quittons la Florivalstraat.
Nous empruntons un chemin de terre se dirigeant vers les terres cultivées. 800 m plus loin, ce chemin devient un sentier sur lequel la progression campagnarde se poursuit jusqu’à la lisière d’un bois. Sur ce tronçon, nous découvrons quelques vestiges de la ligne KW.

En 1927, l’état-major belge commence à imaginer un nouveau système de défense du pays afin de faire face aux invasions allemandes. Si l’armée compte encore sur les forts, notamment autour de Liège, elle pense aussi à tirer à travers le territoire une série de lignes défensives derrière lesquelles les forces alliées devaient se positionner en cas d’invasion.
L’idée de la ligne KW (« K » pour Koningshooikt, au sud d’Anvers, et « W » pour Wavre) était de relier la place fortifiée d’Anvers à celle de Namur pour se prolonger par la Meuse vers la France. Fin 1939, des appels d’offres sont lancés aux entrepreneurs civils et les travaux réalisés début 1940, juste avant l’invasion. De Louvain à Rixensart, 42 casemates ont ainsi été construites.
Si la plupart étaient conçues pour abriter des mitrailleuses, certaines étaient des abris de connexion téléphonique ou de commandement ; mais elles n'ont jamais connectées au réseau par manque de temps. De nombreux « bunkers » sont toujours visibles aujourd’hui, plusieurs ayant été rapidement détruits, tandis que d’autres sont inaccessibles ou recouverts de végétation. En outre, certains sont situés dans des propriétés privées.

Alors que nous aurions dû poursuivre le cheminement en lisière du bois, un écriteau nous demande d’emprunter, jusqu’à nouvel ordre, un autre itinéraire, passant par le haut du massif forestier, car plusieurs arbres menacent de tomber sur le parcours. Ce tronçon, bien qu’un peu plus long (700 m), s’avère très agréable.

De retour sur le tracé blanc et rouge, peu avant un pont sur la Dyle, à proximité de la gare de Gastuche, nous tournons à droite dans la drève de Laurensart. Sur le pont, une stèle évoque la défense des forces alliées sur la Dyle.
Les 15 et 16 mai 1940, le pont était défendu par le 2e bataillon de l’infanterie légère Durham. Le lieutenant en second, Annand, était au commandement du peloton de part et d’autre de ce pont. Durant la nuit, une attaque des Allemands a été repoussée par le 2e DLI, mais le lendemain matin, ils attaquèrent de nouveau en force.
Malgré le fait que le 2e DLI défendait encore le lieu, la position devenait intenable, car l’ennemi avait traversé la rivière à plusieurs endroits. Le bataillon reçut l’ordre de se retirer. Leurs actions héroïques eurent un coût élevé. 35 militaires alliés ont perdu la vie dans la défense de la Dyle ; leurs noms figurent ici.

Durant 400 mètres, nous marchons dans cette drève et apercevons, sur la gauche, l'ancien puis le nouveau château de Laurensart. Ce nom lui a été donné au début du XVIe siècle, lorsque son propriétaire se nommait Laurent de Bioul. Le château fort, cerclé de douves, faisait partie de la seigneurie médiévale de Sart.
L'état actuel de cet ancien château résulte de transformations intervenues dès la fin du XVIIIe siècle au XIXe et au début du XXe siècle. Seuls le châtelet d'entrée et les restes d'une tour engagée subsistent. En 1907, les propriétaires édifièrent sur la colline un nouveau château néo-rococo.


L'ancien château de Laurensart en 1910
Au bout de la drève, nous continuons tout droit sur un sentier évoluant, pendant un kilomètre, entre le bois de Laurensart (à droite) et des champs (à gauche). À la fin de ce tronçon, revenus dans le Brabant flamand, nous prenons, sur la gauche, la Poelstraat.

Ce chemin de terre progressant sur le plateau campagnard, nous ramène rapidement en Wallonie. Après 1,7 km, à l’approche d’un zoning industriel, le GR 121 part à gauche et descend un chemin rural aboutissant à la ferme de l’Hosté.



La « cense de l'hostel » est l'ancienne exploitation du seigneur de Wavre qui possédait sa demeure à proximité. Celle-ci, primitivement château, devint au XIVe siècle un manoir cossu que l'on appelait « l'hostel du seigneur » et qui fut démoli et incendié en 1506 ; c'est de là qu’elle tire son nom.
Vaste quadrilatère enserrant une cour carrée, cette ferme présente une physionomie bien brabançonne au creux de la vallée de la Dyle. Les bâtiments tels que nous les voyons aujourd'hui datent des années 1752 - 1760. La ferme est toujours en exploitation et propose aussi des chambres d’hôtes.

Sur le mur de la ferme, un panneau récent nous informe sur la villa gallo-romaine de Basse-Wavre. Cette villa, qui doit plutôt être assimilée à une exploitation agricole composée d’un ensemble de bâtiment, est enfouie, derrière nous, dans un champ. Les archéologues supposent qu’elle a été construite au Ier siècle de notre ère avant d’être abandonnée ou partiellement détruite lors des incursions germaniques des IIIe et IVe siècles.
Le site a été fouillé en 1904 et les résultats ont été révélés l’année suivante. Hélas, à l’aube de la Première Guerre mondiale, les vestiges furent remblayés et n’ont plus été fouillés depuis. On sait que cette villa gallo-romaine mesure environ 130 mètres et qu’en son centre, on trouve une grande salle carrelée chauffée par hypocauste.

Nous contournons la ferme de l’Hosté en empruntant un sentier parallèle aux bâtiments puis, par une drève, nous rejoignons la chaussée du Tilleul. Peu après la gare de Basse-Wavre, le tracé blanc et rouge effectue une petite boucle qui permet de découvrir la basilique Notre-Dame de Basse-Wavre.
Une légende écrite au XVe siècle raconte l’origine d’une chapelle (dont l’emplacement est situé derrière les grilles du chœur de gauche) construite en plein marécage à la demande de la Vierge déclarant : « J’habiterai cette vallée parce que je l’ai choisie ».
Par un document de 1086, le comte Henri de Brabant et son frère Godefroid offrirent à l’abbaye d’Affligem de nombreux terrains entourant la chapelle existante, afin que des moines installent un prieuré et s’occupent des pèlerins visitant ce lieu. À plusieurs reprises, les moines ont agrandi l’église, jusqu’en 1710, date de l’achèvement de l’édifice tel que nous le voyons aujourd’hui.
En 1999, suite au rayonnement séculaire du sanctuaire, le Pape Jean-Paul II a élevé l’église de Basse-Wavre au rang de basilique mineure. C’est le plus haut titre qu’une église puisse recevoir dans l’Église catholique. L’édifice est le seul bâtiment restant du complexe monastique qu’occupèrent jusqu’en 1797 les moines d’Affligem.

La chapelle mariale abrite la statue d'une Vierge à l'enfant du XVIIe siècle ainsi qu'une châsse miraculeuse. Cette dernière, exécutée en 1628, a été offerte par l'archevêque de Malines ; elle est en cuivre doré et ses côtés sont ornés de quatorze médaillons illustrant la légende de Basse-Wavre.
Il s’agit d’une « châsse vivante » car elle est exceptionnellement, mais périodiquement, ouverte pour y accueillir de nouvelles reliques. De nos jours, cette châsse est encore l'objet d'une procession annuelle : « le Grand Tour » qui parcourt la région sur un trajet de 9 km.

À la sortie de la basilique, nous prenons un sentier le long de la Dyle avant d’emprunter la Belle-Voie. Créée en 1628, pour relier Wavre au sanctuaire marial de Basse-Wavre, elle mesurait alors 585 mètres de long sur 11 de large. Cette avenue droite, large et praticable en toute saison pour les passants et les pèlerins, avait fière allure et les Wavriens l’appelèrent spontanément la « Belle-Voie ».

De l’autre côté de la N4, nous longeons à nouveau la Dyle en marchant sur le quai du Trompette. Au bout de cette rue, nous découvrons une grande fresque qui illustre les aventures de Yoko Tsuno. Cette fresque, réalisée avec la collaboration du dessinateur Roger Leloup (qui résida à Wavre), rend hommage aux écoliers qui étudient dans les nombreuses institutions de la cité du Maca.

Par la rue piétonne Charles Sambon, anciennement rue du Cul de Sac, nous parvenons sur la place Cardinal Mercier, au pied de l'église Saint-Jean Baptiste. Si une église existait déjà à cet endroit au XIe siècle, l'édifice actuel, de style gothique brabançon en briques et grès ferrugineux, date de la fin du XVe siècle.
Endommagée par deux incendies, l'église voit, en 1636, sa tour ornée d'un bulbe ; ce qui lui donne un aspect plus élancé et porte sa hauteur totale à 80 mètres. En 1695, un nouvel incendie ravage la ville, détruisant également ce bulbe ; la rénovation dure jusqu'en 1720, mais, pour des raisons financières, le bulbe n'est pas remplacé. Depuis lors, la tour présente un aspect trapu, accentué par les énormes contreforts qui la soutiennent.

À l’intérieur de l'église, on peut notamment voir un boulet de canon français tiré en 1815 et incrusté dans un des piliers latéraux. Dans le clocher, un carillon de 50 cloches, dont 49 datent de 1954 et la dernière de 2003, égrène à chaque heure le chant des Wavriens « Nous aimons notre bonne ville » et à la demie de chaque heure un air différent selon les saisons.

Par la rue Haute, nous atteignons la place de l’Hôtel de Ville où nous quittons le tracé blanc et rouge pour rejoindre, 300 m plus loin, la gare de Wavre.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GRP 127 : Tour du Brabant wallon. Au départ de Wavre, ce sentier de grande randonnée effectue une grande boucle de 266 km à travers la plus petite des provinces wallonnes. Il passe notamment par Waterloo, Rebecq, Nivelles, Villers-la-ville, Perwez, Hélécine, Jodoigne et Grez-Doiceau.