Les Randos de Fred & Paul

GRP 563 : Herve → Olne (20 km) - avril 2017

C’est en novembre 1873 qu’une locomotive à vapeur passe pour la première fois par Herve. La station est édifiée dès la construction de la ligne et agrandie en 1899. Le bâtiment actuel, datant de 1926, abritait aussi le central téléphonique, dont l’histoire est souvent liée à celle du rail. La modernisation du réseau routier, la création de l’autoroute et l’augmentation du gabarit des camions sonnent le glas des lignes ferroviaires de campagne.

Le trafic des voyageurs s’arrêta en juin 1957 ; le transport des marchandises a été abandonné avec le passage du dernier train en janvier 1986. Le bâtiment abrite à présent un espace d’accueil et d’information. Une annexe, en forme de wagon, accueille une brasserie dans laquelle on retrouve les banquettes originales de l’ancienne gare. C'est d'ici que démarre et se termine le « Tour du Pays de Herve ».

Durant 1,6 km, nous cheminons sur l’ancienne ligne 38, devenue un RAVeL, avant de traverser successivement la N3, l’autoroute E40 - E42 et la ligne de chemin de fer à grande vitesse. Pour notre plus grand plaisir, un tronçon, d’un kilomètre, à travers les prairies se présente devant nous. Grâce à des portillons et des tourniquets, nous pouvons, relativement facilement, passer d’une pâture à une autre.

GRP 563 entre Herve et Soiron, ancienne ligne 38 GRP 563 entre Herve et Soiron

Peu avant la traversée de la N621, nous franchissons la Magne. Ce ruisseau prend sa source à Herve et se jette dans la Vesdre à Prayon. Au gré de son parcours, la Magne traverse Soumagne et disparaît à Saint-Hadelin pour ressurgir au Bay-Bonnet. Particularité sémantique, selon l’endroit où elle passe, mais aussi selon les époques, il lui arrive de changer de nom.

De l’autre côté du ruisseau et de la grand-route, le parcours prend un peu d’altitude (de 210 à 271 mètres). Nous suivons, sur un kilomètre, une petite route, quasi rectiligne, passant entre les prairies. Un passage étroit dans une haie nous mène dans une pâture que nous traversons.

GRP 563 entre Herve et Soiron

Dans le hameau de Stocki, nous effectuons une petite pause à côté d’une chapelle. En 1679, Denis Plousteur, échevin à Grand-Rechain, se voit obligé de payer les taxes imposées par les soldats de Louis XIV, mais il n’en a pas les moyens. Son fils unique est alors emmené à Maastricht comme otage. Désespéré, Denis Plousteur invoque Notre-Dame de Bonsecours et promet la construction d’une chapelle si son fils lui est rendu.

Son souhait exaucé, il obtient l’autorisation du seigneur de Soiron pour la construction d’une chapelle qui sera située dans la prairie en contrebas. Au milieu du XIXe siècle, la petite chapelle tombe en ruine. En 1872, Henri Monfort (un mécène du village), propriétaire des lieux à cette époque, la fait reconstruire, en brique, à son emplacement actuel. Près de la chapelle, nous découvrons une vieille croix dont l’inscription a été récemment restaurée.

GRP 563 entre Herve et Soiron, Stocki

Une petite bruine, de courte durée, vient nous arroser tandis que nous nous remettons en chemin. Par un sentier, nous rejoignons la rue du Bief, puis nous tournons à gauche dans la rue Nicolas Hardy. Le balisage jaune et rouge nous mène ensuite à un tourniquet permettant de pénétrer, après quelques acrobaties, dans une prairie.

GRP 563 entre Herve et Soiron

De l’autre côté de la rue du Tilleul, nous cheminons, pendant 800 mètres, sur un sentier sinuant au milieu d’une belle végétation. Les deux kilomètres suivants sont moins passionnants, car ils s’effectuent, en légère descente, sur l’asphalte. Sur ce trajet, je découvre, un peu cachée dans les hautes herbes, une ancienne borne frontière (Olne - Soiron). Si cette borne ne se trouve pas ici à son emplacement d’origine, il s’agit tout de même d’un élément important du petit patrimoine qu’il convient de sauvegarder.

GRP 563 entre Herve et Soiron GRP 563 entre Herve et Soiron, ancienne borne frontière Olne-Soiron

À l'entrée de Soiron, qui figure, depuis 1999, parmi les « Plus beaux villages de Wallonie », nous passons devant le château. D’après certaines sources, au XIe siècle, Soiron possédait une maison-forte en bois. Le premier château en pierres fut érigé par la famille de Woestenraedt au XIVe siècle. En 1587, Christian de Woestenraedt abandonna son château pour construire une résidence plus luxueuse et dotée de plus de commodités.

Le château devint alors la propriété de la famille de Woelmont et fut reconstruit par Nicolas Ignace II de Woelmont, de 1723 à 1749, sur les ruines de l’ancien château fort détruit par le tremblement de terre de 1692. L’ensemble architectural, de plan rectangulaire, est reconstruit en briques et pierres calcaires. C’est toujours la famille de Woelmont qui est propriétaire de ce beau château.

GRP 563 : Soiron, château de Woelmont

La première trace écrite concernant le village est un acte, daté de 1005, de l'empereur Henri II accordant au chapitre de Saint-Adalbert d'Aix-la-Chapelle les bénéfices du ban de Soiron. Pour protéger et gérer leurs biens, les chanoines recourent aux services de voués, parmi lesquels Godefroid de Bouillon (1095), puis des ducs de Limbourg. Soiron est ainsi intégré au duché de Limbourg qui est lui-même acquis par le duché de Brabant après 1288.

Au XVe siècle, le ban de Soiron devient une seigneurie. Un violent tremblement de terre secoue le village en 1692 ; les dégâts sont importants. La reconstruction s'effectue de façon somptueuse car, au XVIIIe siècle, le village prospère grâce à ses activités commerciales (marchés), manufacturières (fabriques textiles, clouteries...) et agricoles.

GRP 563, vue sur Soiron GRP 563 : Soiron

À proximité immédiate du château, une imposante ferme, datant principalement des XVIIe et XVIIIe siècles, s’inscrit au cœur du village. Ces vastes dimensions rappellent toute la puissance et la richesse du châtelain, détenteur du pouvoir local. Vers 1836, la grange attenante est prolongée par un séchoir « à chardons » en briques, témoin de l’intense activité lainière de la région.

Les très nombreuses fentes qui transpercent la maçonnerie assuraient une importante circulation d’air pour faciliter le séchage des chardons. Des brosses garnies de chardons étaient utilisées dans l’industrie textile lors du lainage, destiné à faire ressortir le duvet moelleux du drap.

GRP 563 : Soiron, séchoir à chardons

Établie sur un monticule à l’extrémité de la place centrale, l’église Saint-Roch occupe une position privilégiée dans le village. Cité pour la première fois en 1086, l’édifice se compose d’une tour amarrée à un ample vaisseau de huit travées, reconstruit, en 1723, par le seigneur du lieu après le tremblement de terre de 1692. La tour, millésimée « 1627 », semble comme absorbée par les puissantes dimensions de la nef suivie du chœur.

À l’intérieur, on peut admirer des fonts baptismaux en pierre calcaire du XIIIe siècle, témoignages du premier édifice roman, ainsi qu’un somptueux maître-autel de style Louis XIV qui a déterminé, par ses dimensions, la hauteur de la nef.

GRP 563 : Soiron, église Saint-Roch

Nous quittons Soiron en suivant un sentier qui aboutit à un tourniquet permettant d’accéder à une prairie. Nous traversons le hameau de Bouhêye et continuons l’ascension, sur des petites routes, jusqu’à une ferme isolée, à 271 mètres d’altitude. Par un chemin de terre, entre des haies vives, nous descendons progressivement jusqu’à rejoindre une route dénommée : chemin du Bois d’Olne. Au bord du chemin, nous découvrons une étrange sculpture représentant un cheval, une girafe,... ?

GRP 563 entre Soiron et Olne GRP 563 entre Soiron et Olne

Le tracé jaune et rouge parvient devant une maison et reprend un peu de hauteur avant de tourner à droite pour un parcours d’1,5 km, principalement sur l’asphalte. Dans le hameau de Grihanster, nous croisons le tracé du GR 5 qui nous tiendra compagnie jusqu'à Dalhem (étape suivante). Nous quittons ensuite l’asphalte pour emprunter un sentier descendant fortement, à travers bois, vers le hameau de Touvoye.

GRP 563 entre Soiron et Olne, Touvoye

Pendant 300 mètres, nous suivons la rue Tonvoie avant de franchir, sur un petit pont, le ruisseau de la Hazienne. De l’autre côté du cours d’eau, nous grimpons (de 140 à 235 mètres d’altitude) en direction d’Olne, classé lui aussi, depuis 2004, parmi les « Plus beaux villages de Wallonie ». Cette ascension s’effectue d’abord sur un sentier fortement raviné, puis sur un chemin de terre entre les prés.

GRP 563 entre Soiron et Olne, ruisseau de la Hazienne GRP 563 entre Soiron et Olne

C’est au début du XIe siècle que se développe le domaine primitif d’Olne, à l’instar de Soiron, don de l’empereur Henri II au chapitre de Saint-Adalbert d'Aix-la-Chapelle. L’habitat traditionnel, issu des XVIIe et XVIIIe siècles ainsi que de la Renaissance mosane, propose une architecture relativement homogène, entremêlant maçonneries de calcaire et de briques.

Il est le reflet de la population de l’époque, essentiellement constituée d’artisans, ouvriers, commerçants et marchands. Ainsi, les constructions plus modestes côtoient des maisons bourgeoises, témoignage ostensible de l'essor économique lié à la proximité des grandes villes de Verviers et Liège.

Le charme de l’église Saint-Sébastien est dû, en partie, à l’ancien cimetière qui l’entoure et à sa position surélevée au cœur du village. Bâti en 1005, sur ordre d’Henri II, cet édifice de style roman ne comprenait qu’un chœur et une nef. Au XVIe siècle, suite au délabrement de son église, le curé Bodeson entreprend des travaux de restauration pour consolider le bâtiment ; il y adjoint une tour carrée en pierres calcaires, datée de 1584.

Au départ des protestants hollandais, Olne retrouve sa sérénité et, en 1761, l’église prend l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui : trois nefs réunies sous une même toiture et un large chœur à cinq pans. 25 croix funéraires sont encastrées dans le mur d’enceinte du vieux cimetière. Deux portails classés permettent l’accès à l’église : le plus ancien, en moellons, est couvert d’un « teûtê », l’autre est pourvu d’une haute grille en fer forgé datée de 1774.

GRP 563 : Olne, église Saint-Sébastien

Au centre du village, la maison communale, ancienne demeure de notable, a été bâtie en 1747. En 1848, elle a été acquise par la commune pour héberger, notamment, la gendarmerie ; les étages étaient les appartements des gendarmes et les caves servaient de cachots. L’ajout, en 1887, d’une sixième travée n’a en rien brisé l’harmonie de ce bâtiment qui évoque l’atmosphère cossue chère à la classe bourgeoise, autant soucieuse d’apparence que de confort.

GRP 563 : Olne, maison communale

Plan du parcours

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  • Le GR 5 : Mer du Nord - Méditerranée. Ce sentier de grande randonnée relie la mer du Nord à la Méditerranée en 2 600 kilomètres. Du nord au sud, il parcourt ainsi les Pays-Bas, la Belgique, le Grand-Duché de Luxembourg, la France où il traverse les Vosges et le Jura, la Suisse près du lac Léman, puis à nouveau la France à travers les Alpes jusqu'à la Méditerranée.