Les Randos de Fred & Paul

GRP 563 : Raeren → Baelen (18 km) - octobre 2017

Vers 10h30, nous entamons cette étape qui, comme la précédente, se déroulera entièrement en région germanophone. À partir de la maison communale de Raeren, nous prenons le chemin goudronné menant vers le parvis de l’église Saint-Nicolas (reconstruite de 1720 à 1723). Nous poursuivons sur ce chemin devenant, après un parking, un sentier passant entre deux prairies.

GRP 563 : église Saint-Nicolas de Raeren

Nous empruntons brièvement la Bachstrasse et prenons, sur la droite, un sentier se dirigeant vers un échalier permettant de pénétrer dans une première prairie. En cette fin octobre, la rosée est, malgré la présence du soleil, encore bien présente et très vite, nous sentons nos chaussures s’humidifier. Nous traversons plusieurs pâtures grâce à des échaliers qui sont en fait ici des assemblages de planches en bois.

GRP 563 entre Raeren et Eupen, traversée de prairies

Le tracé jaune et rouge franchit la Neudorfer Strasse et se dirige, par une belle allée de châtaigniers, vers le château-ferme « Knoppenburg ». Situé dans l’ancien hameau de Neudorf, au milieu des prés, il était connu auparavant sous le nom de « Haus auf der Heyde ». Bâti au XVIe siècle, le château ne s’est vu conférer son nom actuel qu’après l’adjonction de deux tours en forme de bulbes.

GRP 563 entre Raeren et Eupen, Knoppenburg GRP 563 entre Raeren et Eupen, Knoppenburg

À la fin du chemin caillouteux, nous pénétrons dans une vaste prairie. Si jusqu’ici nous avions plus ou moins réussi à garder l’intérieur des bottines au sec ; l’herbe très haute de ce pré a vite fait de nous tremper les pieds. Nous trouvons difficilement l’échalier dissimulé dans la haie vive et, après une seconde prairie, nous traversons ce qui était, jusqu’il y a peu, un champ de maïs. Après un dernier tronçon herbeux, nous retrouvons l’asphalte sur lequel nous progressons pendant 1,7 km.

GRP 563 entre Raeren et Eupen

Nous tournons ensuite à gauche et pénétrons dans l’Hertogenwald (en français, la forêt du duc) où nous allons cheminer durant six kilomètres. Cette forêt tire son nom du fait qu'elle constituait jadis la réserve de chasse des ducs de Limbourg qui régnaient sur la région. Presque complètement déboisée et réduite à l'état de fagne, le gouvernement autrichien à Bruxelles décide, en 1775, des premiers essais de plantation d'épicéas dans cette région. Au XIXe siècle, le gouvernement prussien impose la plantation d'épicéas dans la partie orientale. La forêt est actuellement composée de deux tiers de résineux et d'un tiers de feuillus.

Avec une superficie de 12 300 ha, l’Hertogenwald est une des forêts les plus étendues d'Ardenne. Depuis 1830, on distingue la partie occidentale, appartenant alors à la Belgique, et la partie orientale (dans laquelle nous cheminons) devenue prussienne pour un siècle, avec à l'époque une frontière naturelle constituée par la rivière Helle. De nos jours encore, ces deux parties sont gérées par deux administrations forestières différentes. Si l'Hertogenwald est étroitement associé aux Hautes Fagnes, ce n'est pas uniquement parce que cette forêt jouxte et ceinture, pour une bonne part, la réserve naturelle. C'est surtout parce que l'enrésinement s'est fait au détriment des landes marécageuses qui couvraient autrefois la totalité de ce haut plateau situé aux confins de l'Ardenne et de l'Eifel.

Après 500 mètres dans la forêt, le GRP 563 croise la Vennbahn. Cette ligne, axe direct entre Aachen et la vallée de la Moselle, a été mise en service par les chemins de fer Prussiens, en plusieurs sections, entre juin 1885 et novembre 1887. La ligne connut un succès phénoménal et l'itinéraire fut mis en voie double au début du XXe siècle. Après la Première Guerre mondiale, selon le traité de Versailles, la voie ferrée ainsi que ses stations et installations se trouvent entièrement sous la souveraineté de la Belgique (même si une grande partie de la ligne est en territoire allemand) et font donc partie de son territoire, créant ainsi cinq enclaves allemandes du côté ouest de la ligne de chemin de fer.

La Vennbahn n'ayant plus le même succès qu'autrefois, vu qu'une frontière supplémentaire devait être franchie, fut remise en voie unique dans les années 1930. Ligne stratégiquement importante, elle a été plusieurs fois victime de bombardements lors de la Seconde Guerre mondiale. C'est une ligne sinistrée qui est récupérée par la SNCB au lendemain du conflit, et le transport de voyageurs n’est déjà plus assuré entre Raeren et Kalterherberg. La ligne ferroviaire acquit une vocation de transport de marchandises qu'elle conserva jusqu'en 1982 entre Waimes et Saint-Vith, et jusqu'en 1989 entre Raeren et Sourbrodt. La voie a encore servi pour le chemin de fer touristique entre 1990 et 2002, et pour la desserte du camp d'Elsenborn jusqu'en 2004. Seule la section Sourbrodt - Kalterherberg est encore exploitée par un service de draisines.

GRP 563 entre Raeren et Eupen, Vennbahn

Dans l’Hertogenwald, nous progressons sur d’étroits sentiers, parfois couverts de caillebotis afin d’éviter les zones humides. Au lieu-dit « Hasenell », nous rejoignons une route suivie sur 400 mètres avant de tourner vers la gauche, face à des installations sportives. Nous descendons une belle allée forestière et trouvons, au bord d’un petit étang, un banc où effectuer la pause pique-nique.

GRP 563 entre Raeren et Eupen, Hertogenwald GRP 563 entre Raeren et Eupen, Hertogenwald

Nous franchissons un petit ruisseau, le Diebach, et continuons la descente jusqu’à une maison isolée. Là, nous retraversons le Diebach avant de monter vers une petite route. Le parcours se poursuit, toujours au milieu de la forêt, et entame progressivement sa descente vers la Vesdre (de 360 à 283 mètres d’altitude). Au niveau du cours d’eau, le GR 15 : Sentiers de l'Ardenne rejoint notre itinéraire. Ce sentier de grande randonnée permet, en 230 km, de relier Arlon à Monschau (Allemagne) en passant notamment par Martelange, Bastogne, Houffalize, Aywaille, Spa et Eupen.

GRP 563 entre Raeren et Eupen, Hertogenwald

Les deux GR progressent ensemble, pendant un kilomètre, en surplomb de la Vesdre. Sur ce tronçon, nous avons la surprise de croiser des militaires en plein entrainement sur un genre de parcours aventure. Juste après la traversée de la N68, un panneau nous informe que le GR 15 nous quitte, poursuivant sa route vers Spa, et que le GR 573 : Vesdre et Hautes Fagnes nous rejoint. Pendant environ 200 mètres, nous ferons parcours commun avec ce sentier de grande randonnée qui permet, en 157 km, de découvrir les vallées de la Vesdre, de la Helle et de la Hoëgne (deux affluents de la Vesdre) ainsi que les Hautes Fagnes.

GRP 563 : Eupen, jonction des GR 15, 563 et 573 GRP 563 : Eupen, jonction des GR 15, 563 et 573

Peu après l’auberge de jeunesse, nous nous séparons du GR 573 et prenons la direction du centre-ville d’Eupen que nous atteignons après la traversée d’un quartier résidentiel. Lorsque le nom d’Eupen est mentionné pour la première fois en 1213, la localité appartient au petit duché indépendant de Limbourg. Après la bataille de Worringen (1288), le Limbourg est rattaché au duché de Brabant avec lequel il va partager 500 ans d’histoire mouvementée.

Suite à la défaite de Napoléon, à Waterloo, le congrès de Vienne décide de couper l’ancien duché de Limbourg en deux ; la partie orientale, avec Eupen, est octroyée à la Prusse. Après la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles règle le sort de la cité désormais belge, hormis son annexion à l’Allemagne entre mai 1940 et septembre 1944. Grâce à une industrie du drap très florissante, Eupen a connu son apogée au XVIIIe siècle comme en témoignent encore de nos jours de nombreuses maisons de maître bien entretenues.

GRP 563 : Eupen, ancienne maison de drapiers

Un document datant de 1213 mentionne une chapelle dédiée à Saint-Nicolas. Au cours des XIVe et XVe siècles, celle-ci est remplacée par une modeste église gothique. Les drapiers prospères, considérant cette église comme peu digne de leur statut socio-économique florissant font construire, entre 1720 et 1726, un nouvel édifice ; ils font appel à l’architecte aixois Laurenz Mefferdatis. À la fin du XIXe siècle, on souhaite donner à la façade un aspect plus monumental. Le clocher de l’ancienne église, transformé et surélevé, devient la tour de droite du nouvel édifice. À gauche, une seconde tour, construite à l’identique, est édifiée.

L'intérieur de l’église Saint-Nicolas marie les styles baroques, aixois et liégeois. Le maître-autel, aménagé à l'extrémité de la nef centrale, a été conçu selon les plans de l'architecte aixois J.J. Couven. Les noms des commerçants de draps de cette époque ont été gravés dans les bancs.

GRP 563 : Eupen, église Saint-Nicolas

Dans Eupen, nous découvrons diverses fontaines. Réalisée en bronze, la fontaine des Tisserands se compose de différents éléments provenant d’un métier à tisser, comme par exemple des navettes ; c’est un hommage à l'industrie textile d’antan de la ville vesdrienne. La fontaine de l’Euregio, conçue aussi en bronze, représente un jeune arbre dont la cime est ornée des blasons des différentes régions partenaires de l’Euregio Meuse - Rhin.

GRP 563 : Eupen, fontaine des Tisserands et fontaine de l'Euregio

C’est par l’Hufengasse, où nous admirons encore quelques belles maisons, que nous quittons le centre-ville. Le tracé jaune et rouge traverse le parc « Klinkeshöfchen » et contourne le centre d’examen pour le permis de conduire. Nous suivons ensuite, pendant deux kilomètres, une petite route parallèle à la N61.

GRP 563 : Eupen, Hufengasse

De l’autre côté de la grand-route, nous progressons sur un chemin de campagne évoluant entre deux prairies. Nous passons sous une première ligne à haute tension et au niveau d’une deuxième, nous tournons vers la droite. Ce chemin, lui aussi campagnard, se dirige vers une exploitation agricole. Peu après cette ferme, nous empruntons la rue du Thier et atteignons l’église Saint-Paul, au centre de Baelen. C’est là que nous terminons, peu avant 16h, cette étape.

GRP 563 entre Eupen et Baelen

Tracé de l'étape