GRP 563 : Baelen → Grand-Rechain (20 km) - novembre 2017
C’est dans le parc communal, situé près de l’église de Baelen, que nous commençons cette étape. Après avoir franchi un portillon, un panneau nous informe que nous entrons sur le site de l’ancien vivier. Créé au XIVe siècle, l’étang situé au lieu-dit « Au vivier » appartenait au duché de Limbourg. D’une superficie d’environ trois hectares, il était alimenté par le ruisseau de Baelen et hébergeait principalement des carpes qui étaient capturées et réservées pour les ducs limbourgeois. L’étang disparut dans le courant du XVIIe siècle.
En nous retournant, nous profitons d’un beau point de vue sur le village avec, en son centre, l'église Saint-Paul. L’édifice possède une tour romane, construite vers 1100, qui représente l'élément architectural le plus ancien de l'entité. Cette tour massive de 10 mètres sur 10, refuge salutaire pour nos ancêtres lors d'incursions militaires et de pillages, sera, vers 1545, coiffée d’un clocher tors haut de près de 35 mètres. Le reste de l’église, de style gothique, date du XVIe siècle.
Après 400 mètres, nous passons un second portillon et entamons la première côte de la journée (de 243 à 285 mètres d’altitude). Cette ascension s’effectue sur de larges chemins caillouteux passant entre les prairies. Peu après une ferme isolée, le GRP 563 emprunte un petit chemin asphalté descendant vers une route plus importante. De l’autre côté de cette route, la descente se poursuit sur un chemin de terre longeant une carrière.
La carrière de Dolhain, située au nord du village du même nom, a une zone d'extraction d'environ 47 hectares. On y extrait, de juin à décembre, du calcaire à haute teneur en CaCO3 (carbonate de calcium) destiné à l'industrie sucrière et, de janvier à juin, du calcaire à basse teneur en CaCO3 sous forme de concassé pour le bétonnage, la construction, les voiries et le génie civil. Actuellement, la production atteint 200 000 tonnes par an.
En bas de cette descente, nous atteignons la ligne de chemin de fer Liège - Aachen. Nous traversons la voie ferrée et prenons, sur la gauche, un sentier herbeux passant entre deux haies. Après 500 mètres, le sentier s’élargit un peu et se poursuit en bordure d’un champ. Nous pénétrons ensuite dans une prairie et suivons une piste peu marquée, probablement la trace faite par les vaches.
Sortis de la prairie, nous descendons une sente herbeuse rejoignant un chemin de terre. Là, plutôt que de nous diriger vers la voie ferrée et la carrière, nous effectuons un virage à 180° et montons en direction de la chapelle Saint-Roch. Afin d’atteindre cette chapelle, nous devons d’abord escalader une petite échelle en bois permettant d’entrer dans une pâture, puis passer sous une clôture électrique.
Située à l’écart des chemins, au bout d’une drève de douze tilleuls plantés en 1901, la chapelle Saint-Roch a été construite en 1740 par les habitants du hameau de Hoyoux, à l’occasion d’une grave épidémie d’épizootie dans le bétail. L’édifice a été agrandi en 1760, comme en témoigne le cartouche au-dessus de la porte. C’est sur un des nombreux bancs devant la chapelle que nous nous installons pour la pause de midi.
Ayant encore 15 km à parcourir, nous ne nous attardons pas trop longtemps. C’est en grimpant deux petites échelles en bois, menant dans une prairie, que nous quittons ce bel endroit. Un peu plus loin, nous franchissons un portillon et pénétrons dans une autre prairie dont nous longeons la clôture jusqu’à un échalier.
Par une petite route de campagne, nous montons ensuite vers la rue Hoyoux. Nous abordons à présent le tronçon le moins « beau » de l’étape puisque pendant trois kilomètres, à l’exception d’un bref chemin caillouteux, nous allons progresser sur l’asphalte. Au milieu de ce parcours, nous longeons la forêt domaniale de Grünhaut. D'une superficie légèrement supérieure à 100 hectares, elle constitue l'un des principaux massifs forestiers de la région. Le bois est séparé en deux parties par les liaisons autoroutières et ferroviaires reliant Liège à Aachen. Un passage faune a été aménagé récemment permettant aux animaux de franchir ces obstacles.
Au bout d’un quartier résidentiel, nous entrons dans ce qui est annoncé comme étant une propriété privée. Nous rejoignons, peu après, le « Chemin des échaliers », suivi sur environ un kilomètre. Ce parcours est jalonné de balises marquées du logo de l’itinéraire et d’un rectangle de couleur rouge pour l’itinéraire nord - sud (33,5 km entre l’abbaye du Val-Dieu et Jalhay), vert pour l’itinéraire ouest - est (14,5 km entre Stembert et Eupen). Des panneaux d’information se trouvent à tous les points importants du parcours.
Les échaliers sont des dispositifs permettant aux piétons de franchir une clôture ou une haie, entourant une prairie, sans permettre au bétail de s’échapper. Un échalier peut prendre la forme d’une échelle, d’un portail, d’un tourniquet. Les plus anciens sont complétés par une « pierre debout » ou « pierre dressée ». Si l’on trouve de plus en plus d’échaliers, les haies vives ont par contre tendance à disparaitre.
Les haies vives constituent pourtant un biotope extrêmement riche. Elles sont peuplées d’insectes, de chauves-souris, de papillons, de hérissons et d’amphibiens. Elles sont une excellente source de nourriture pour les oiseaux de nos contrées qui y font leur nid. On trouve fréquemment de l’aubépine dans les haies, car les vaches qui paissent dans les prés ne l’appréciant pas, elles ne la considèrent pas comme un petit supplément à leur menu habituel.
Au haut Moyen Âge, les haies séparaient les champs des pâturages, créés au fond des vallées et dans les clairières. Elles coupaient le paysage en parcelles, délimitaient les propriétés et offraient nourriture et protection aux animaux. Leur hauteur était telle que le fermier pouvait voir son bétail dans les pâturages. Au XXe siècle, le fil de fer barbelé a de plus en plus souvent remplacé les haies qui servaient de clôture naturelle. Depuis quelques dizaines d’années, l’augmentation de la productivité dans l’agriculture a entraîné une réduction de la longueur totale des haies.
Nous traversons deux prairies et, après 300 mètres, nous arrivons sur une route. Le tracé jaune et rouge emprunte brièvement celle-ci, puis tourne à droite dans un petit chemin, lui aussi asphalté. Nous pénétrons dans une autre prairie où nous passons au milieu des vaches, ce qui n’est pas pour rassurer Paul. De portillons en tourniquets, nous progressons dans les pâtures et, après un petit raidillon, nous abandonnons le Chemin des échaliers.
Nous descendons ensuite un chemin de terre sinuant à travers un bosquet et, après la traversée d’un ruisseau, nous remontons sur l’autre versant. Au bord du chemin, nous découvrons une croix en pierre, de 1801, portant cette inscription : « Vous qui ici passez, priez pour délivrer les âmes du purgatoire ». Après une ferme, le chemin devient asphalté et poursuit son ascension campagnarde vers le village d’Andrimont. Selon un historien local, l’étymologie du nom Andrimont dérive d'Hadrianus Mons ou Mont d’Adrien, du nom de l’empereur romain qui régna de 117 à 138 après J.-C., mais ce nom pourrait également venir d’un autre prénom, parce qu’Andri signifie André en wallon.
Le point culminant (289 mètres d’altitude) de cette étape se situe ici à Andrimont. Si Grand-Rechain, où nous terminerons notre parcours, est à la même altitude ; les sept kilomètres séparant les deux villages ne seront pas plats pour autant, bien au contraire ! À la sortie d’Andrimont, nous suivons, pendant 1,5 km, la rue Clisore. Cette rue est en fait un chemin caillouteux descendant, entre les prairies, dans le vallon du Bois des Monts (235 mètres d’altitude) et remontant sur l’autre versant.
C’est au milieu de ce parcours que s’amorce un itinéraire de liaison (8 km) permettant de rejoindre, en passant par Verviers, le GR 573 : Vesdre et Hautes Fagnes. Malheureusement, comme bien souvent, la jonction entre les deux parcours est mal indiquée. Tandis que le ciel s’assombrit de plus en plus et que le vent se renforce, nous empruntons la rue de Mont. Dans cette rue, nous apprenons, grâce à une dalle en pierre située dans un jardin, que nous sommes à 270 mètres d’altitude.
Après la traversée d’un quartier résidentiel, le tracé jaune et rouge entame la descente vers le ru de Dison et l’E42. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, Dison faisait partie de la seigneurie de Petit-Rechain et du ban de Herve, dépendant du duché de Limbourg. La première mention connue de Dison remonte à 1268, du nom du ruisseau qui l'arrose. L'agriculture était l'unique ressource de ses habitants jusqu'au XVIIIe siècle qui vit l'avènement de l'industrie lainière. La révolution industrielle favorisa la construction d'usines et de maisons, doublant ainsi l'importance de Dison qui fut érigée en commune en 1797.
Nous franchissons le cours d’eau (219 mètres d’altitude) puis l’autoroute et grimpons, vers Petit-Rechain, en empruntant divers chemins goudronnés passant entre les prairies. Nous descendons, sur 200 mètres, la N627 et prenons ensuite, à droite, la rue du Midi. Après un hôtel, nous empruntons un sentier herbeux en lisière d’un champ puis d’une prairie.
Le GRP 563 contourne une école et rejoint la rue du Tillet qu’il suit pendant 600 mètres. C’est sous la pluie que nous parcourons le dernier tronçon campagnard nous amenant, vers 16h, à Grand-Rechain. L’origine du nom de cette commune est incertaine. Rechain, qui s’orthographiait Richeim en 888, signifierait « ferme riche » ou « ferme de Ric ». L’église, construite en l'honneur de Saint-Pierre, a été ouverte au culte en 1847. Il faut remarquer sur la place de Grand-Rechain, les douze platanes honorant les douze apôtres.