Les Randos de Fred & Paul

GR 576 : Hamoir → Les Avins (25 km) - août 2013

Vers 9h15, nous commençons cette dernière étape de notre semaine consacrée au Tour du Condroz liégeois. À peine avons-nous franchi le pont sur l’Ourthe que nous nous séparons du GR 57 : Sentiers de l’Ourthe qui part, le long de la rivière, en direction de Comblain-au-Pont. Le GR 576 se dirige lui vers la rue du Vieux Moulin avant de passer sous la ligne de chemin de fer.

GR 575-576 : Hamoir, quai du Batty

Nous empruntons la rue Gilles Del Cour pour atteindre la N831, suivie sur une centaine de mètres, et croisons le Néblon. Ce ruisseau prend sa source sous le nom de « ruisseau de l'Abîme », au nord du village de Méan, dans la commune de Havelange. Il devient le « ruisseau de Chardeneux » en traversant le village du même nom puis, après avoir arrosé Bonsin, il marque la frontière entre les provinces de Liège et de Luxembourg. Le Néblon évolue ensuite entre les villages d'Ocquier et d'Oneux avant de se jeter, après un parcours de 18 km, dans l’Ourthe à Hamoir.

Nous passons dans le parc de la maison communale avant d’entamer une longue montée, dans un bois de feuillus. Nous avons déjà grimpé près de 60 mètres lorsque nous quittons la forêt pour suivre un chemin bétonné, entre des champs. Le tracé blanc et rouge traverse le hameau d’Hermanne où nous sommes à 266 mètres d’altitude, soit 150 mètres plus haut que notre point de départ.

GR 575-576 : Hamoir, maison communale GR 575-576 entre Hamoir et Ocquier GR 575-576 entre Hamoir et Ocquier

Pendant quatre kilomètres, nous avançons, en quasi ligne droite, sur le chemin de crête. Si la grande majorité de ce trajet se fait sur le béton, nous avons aussi de temps à autre un chemin empierré.

GR 575-576 entre Hamoir et Ocquier

Nous passons à côté de la croix Mouchette dont l’histoire est nébuleuse. Déjà au XVIIIe siècle, on comptait bien des habitants qui portaient le nom « Mouchette » dans la région. On raconte qu’un de ceux-ci passait en ce lieu avec une charretée de foin lorsqu’un violent orage éclata. Le fermier eut beau se réfugier sous le char, il fut néanmoins mortellement foudroyé. Si cette version est la bonne, il s’agit alors d’une croix d’occis, c'est-à-dire un petit monument de pierre, en forme de croix, généralement érigé au niveau du sol, à l’endroit exact où une personne trouva la mort, souvent de manière violente (criminelle ou accidentelle). Très souvent, une épigraphe gravée dans la pierre ou inscrite sur la croix rappelle le souvenir de la personne disparue et parfois les circonstances de sa mort.

Au niveau d’une autre croix : la croix des Combes, nous sommes au point culminant de cette étape à 310 mètres d’altitude. Nous traversons la N814 puis, 100 mètres plus loin, nous prenons sur la droite un chemin partiellement herbeux descendant vers Oneux. C’est dans ce hameau, près d’une chapelle, que nous effectuons une première pause.

GR 575-576 entre Hamoir et Ocquier

Nous reprenons notre parcours sur un chemin passant entre champs et vergers avant la traversée d’une forêt. Le GR 576 franchi, à nouveau, le Néblon et quitte ainsi la province de Luxembourg, dans laquelle il a cheminé pendant environ 10 km.

GR 575-576 entre Hamoir et Ocquier

Vers 12h30, nous entrons dans Ocquier où nous profitons d’un banc pour manger nos tartines. L'église Saint-Remacle a été bâtie à partir de 1017 et non, comme indiqué sur la tour, en 1814, date d’une restauration. Édifiée en moellon, comme tous les édifices du « premier âge roman », elle présente une importante décoration de bandes lombardes (une bande lombarde est une surface de maçonnerie surmontée d'une arcature constituée de petits arcs en plein-cintre et rythmée par des pilastres appelés lésènes). La nef et la travée du chœur ne sont pas à proprement parler ornées de bandes lombardes : elles sont surmontées d'arcatures, mais ne présentent pas de lésènes. Les fonts baptismaux en pierre datent du XVIe siècle ; la cuve octogonale est ornée de visages humains aux quatre angles.

GR 575-576 : Ocquier, église Saint-Remacle GR 575-576 : Ocquier, église Saint-Remacle (fonts baptismaux)

Nous nous dirigeons vers le moulin dont nous admirons la roue à aubes. En Ardenne, les moines de Stavelot ne savaient cultiver que du seigle. Quand ils sont venus s'installer à Ocquier, pour évangéliser la région, ils y ont trouvé de la bonne terre pour cultiver le froment. Ils ont alors construit des moulins pour moudre leurs grains. En 1653, le moulin fut incendié par les troupes du prince de Condé. En 1903, il est racheté par la famille Clément, propriétaire actuel. On ne moud plus depuis 1956, mais la roue à aubes tourne toujours sous le poids du Ru d'Ocquier, un des principaux affluents du Néblon ; ce cours d'eau prend sa source à Vervoz, en amont des étangs qu'il traverse ensuite.

GR 575-576 : Ocquier, moulin sur le ru d'Ocquier

Après avoir contourné le moulin, sur un sentier herbeux, nous arrivons à la N641 que nous empruntons brièvement. Nous effectuons un petit détour pour admirer la ferme aux Grives. Ce bâtiment, également dénommé « ferme aux Cint Finièsses » (cent fenêtres) ou encore « ferme des Moines », était une possession des moines de Stavelot. Elle dut avoir pour origine un établissement des Frères Hospitaliers de Jérusalem et servait de relais aux pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle venant de Liège.

GR 575-576 : Ocquier, ferme aux Grives ou ferme aux 100 fenêtres

À partir d’ici et jusqu’à notre arrivée à Les Avins, dans onze kilomètres, nous ne cheminerons que sur de petites routes bétonnées. Le tracé blanc et rouge nous mène à Vervoz. Ce hameau, implanté au creux d'un vallon, est situé sur l'ancienne voie romaine Tongres - Arlon. Vervoz a été le siège d'une importante bourgade romaine (une cinquantaine de villas) s'étendant sur plusieurs hectares, mais vers le Ve - VIe siècle, celle-ci est délaissée, sans doute à cause de l'invasion des Germains.

Le château, propriété depuis le XVIIIe siècle de la famille de Tornaco, est une intéressante construction en moellons calcaires disposée autour d'une cour. Le manoir, aménagé à partir d'un noyau beaucoup plus ancien, est accolé à un porche surmonté d’une tour (XVIIe siècle), seule survivante des pillages.

GR 575-576 : Vervoz, château Tornaco

La chapelle Saint-Hubert, en face du château, date de 1867. Elle est intéressante par la disposition irrégulière des pierres appareillées sans ciment à la manière d'un puzzle. Pour ce faire, les pierres ont dû être taillées sur place. On dit que, lors de la construction du bâtiment, le baron de Tornaco passait la lame de son canif entre les pierres ; si la lame entrait, on démontait, retaillait et remontait les pierres jusqu'à un assemblage parfait.

GR 575-576 : Vervoz, chapelle Saint-Hubert GR 575-576 : Vervoz, chapelle Saint-Hubert

À la sortie de Vervoz, au carrefour à cinq branches, nous continuons, en face, dans une allée bordée de peupliers. Par des chemins asphaltés, passant au milieu des champs, nous montons lentement vers Bois-et-Borsu que nous atteignons après avoir fait un crochet pour pouvoir passer sous la N63, la « route du Condroz ».

GR 575-576 entre Vervoz et Bois-et-Borsu

L’orage, qui nous menaçait depuis un moment, s’abat sur nous à l’entrée du village. Le groupe se sépare temporairement tentant de trouver le meilleur abri possible. La paroisse Saint-Lambert de Bois est mentionnée dès 911, mais l'église romane actuelle date du XIIe siècle ; sauf la tour qui a été rebâtie au XIXe siècle. À l’intérieur, on trouve d’intéressantes peintures murales de la seconde moitié du XVe siècle.

GR 575-576 : Bois-et-Borsu, église Saint-Lambert

Dans le village, on peut aussi découvrir une ferme construite autour d'une tour forte, probablement des XIIIe et XIVe siècles, flanquée d'une construction circulaire de datation incertaine et complétée d'un logis et de dépendances agricoles. L’ensemble semble cependant abandonné depuis quelque temps.

C’est sous un ciel couvert, mais sans pluie, que nous parcourons les trois kilomètres de chemins de remembrement filant, en ligne droite, à travers la campagne. La fin de l’étape se déroule sur le RAVeL, appelé ici « la Traversine ». À Les Avins, nous retrouvons le parcours de liaison (parcouru en avril) et clôturons ainsi cette grande boucle de près de 300 km à travers le Condroz.

Balisage GR 575-576 dans les Avins

La guerre de Trente Ans embrase toute l'Europe, dès mai 1618. Ce conflit, qui a commencé sous Louis XIII, se termine sous la régence de Louis XIV, en octobre 1648. La première bataille entre la France et l'Espagne se déroule à Les Avins en mai 1635. Elle va opposer l'armée de Philippe IV, roi d'Espagne (14 000 hommes), aux armées de Louis XIII (35 000 hommes). Piégées par l'armée française qui s'était scindée en deux à Rochefort, les troupes espagnoles subirent toute la furie de l'ennemi qui ne cherchait qu'à éliminer le plus grand nombre possible de soldats. Si à notre époque, les armes utilisées lors de cette bataille, nous semblent archaïques, elles étaient, en réalité, terriblement meurtrières, mais aussi efficaces pour mutiler. Sans compter les blessés, les deux armées laissèrent environ de 7 000 à 12 000 morts.

Le village eut encore à subir des dévastations et des exactions pendant la guerre de Hollande de 1671 à 1697. Jusqu'au début du XIXe siècle, Les Avins vécut uniquement de l'élevage des moutons, de la culture du seigle, de l'épeautre et de l'avoine. On y ouvrit alors une carrière de petit granit, pierre calcaire. L'exploitation des carrières fut florissante au début du XXe siècle et exerça une influence considérable sur la métamorphose de la commune. On y comptait environ 15 exploitations ; elles occupaient plus de 300 ouvriers. De nos jours, deux carrières de petit granit sont toujours en activité.

En parcourant la rue principale, nous découvrons, un peu par hasard, de belles gargouilles sculptées au pied des descentes de gouttières des maisons.

GR 575-576 : gargouilles dans Les Avins

Tracé de l'étape