Sentier du Nord : Troisvierges → Drauffelt (20 km) - juin 2020
Info : pour effectuer cette étape de 21 km dont 20 sur le GR, nous avons pris le train (gratuit) entre les gares de Drauffelt et de Troisvierges (1,2 km hors GR).
Depuis la gare de Troisvierges, nous devons d’abord marcher 1,2 km, à travers la ville, afin de rejoindre le parcours du Sentier du Nord. Cet itinéraire commence officiellement dans le village de Weiswampach (9 km plus à l’est). Nous effectuons un petit détour pour visiter l’église Saint-André dont la première mention date de 1489. Il s’agissait alors d’une chapelle dans laquelle on vénérait les trois vierges Fides (Foi), Spes (Espérance) et Caritas (Charité).
Dès 1630, des moines franciscains bâtirent un monastère, auquel on ajouta plus tard une église. En 1653, on entama la construction de nouveaux murs autour de l’ancienne chapelle, qui fut conservée jusqu’au parachèvement de l’église en 1658. Aujourd’hui, l’église est un monument historique majeur. De style baroque, elle abrite un des plus anciens orgues du pays, des peintures de l’école de Rubens et des statues des « trois vierges » qui donnèrent son nom à la localité. Le clocher date de 1924.
Nous empruntons la rue du cimetière et prenons, juste avant celui-ci, un petit chemin évoluant dans un parc. Les balises, en forme de losange jaune, nous mènent au milieu du camping de Troisvierges que nous quittons en grimpant un sentier en lacets. Après 70 mètres au bord du CR 337, nous tournons à droite sur une petite route asphaltée sur laquelle l’ascension se poursuit durant 900 mètres.
Par un chemin empierré, nous atteignons un bois dans lequel nous progressons pendant un kilomètre. En suivant des sentiers, parfois fort envahis par la végétation, nous descendons vers la Woltz et la ligne de chemin de fer. Le parcours du Sentier du Nord est souvent proche de la rivière et de la voie ferrée. Depuis sa source, située près de Huldange (530 m d’altitude) le cours d’eau s'appelle Woltz puis, à partir de Clervaux, il change de nom pour devenir la Clerve. La rivière arrose Troisvierges, Clervaux, Drauffelt, Wilwerwiltz et Kautenbach où elle se jette, après 48 km, dans la Wiltz (250 m d’altitude).
Dans la vallée, nous suivons brièvement un beau chemin herbeux et découvrons, de l’autre côté de la Woltz et du chemin de fer, le couvent de Cinqfontaines. Construit au début du XXe siècle par la congrégation des prêtres du Sacré-Cœur, ce couvent est malheureusement connu comme étant le seul lieu d’internement des juifs au Grand-Duché de Luxembourg pendant la Seconde Guerre mondiale.
À partir de 1941, l’occupant expulsa la communauté religieuse et transforma les lieux en maison de triage et de rassemblement, dernière étape avant la déportation vers les camps de concentration de l’Est. Plus de 300 juifs passèrent par ce lieu de transit jusqu’en juin 1943. En 1944, l’armée américaine transforma les lieux en hôpital de campagne. Après la guerre, le couvent retrouva sa vocation initiale, avant de devenir un lieu de retraite et un centre de ressourcement spirituel en 1973. Depuis quelques années, le couvent abrite à nouveau une petite communauté religieuse.
Nous montons un sentier, mal indiqué, à flanc de colline, et continuons sur un chemin herbeux bordé de genêts. Un peu plus loin, nous évoluons, pendant 400 mètres sur un étroit sentier, en lisière d’un pré, avant de descendre vers la ligne de chemin de fer.
À hauteur d’un passage à niveau, nous prenons le CR 373 sur 500 mètres et arrivons ainsi à Maulusmühle. Le nom du hameau est lié à la présence (encore aujourd'hui) d'un moulin à eau sur la Woltz. Le Sentier du Nord suit le CR 335 jusqu’à la gare de Maulusmühle où il traverse les voies. Après 300 mètres sur une petite route, au bord de la Woltz, nous grimpons un escalier (de 394 à 467 mètres d’altitude) menant vers un bois.
Au début de ce massif forestier, dans lequel nous allons cheminer pendant trois kilomètres, nous effectuons une pause devant le « Monument SRA » où l’on trouve les vestiges (un bout de fuselage calciné, deux moteurs déchiquetés et une aile) d’un avion anglais abattu le 21 mars 1945 au retour d’une mission en Allemagne. À l’exception du pilote, tous les militaires (3 Belges et 3 Anglais) ont perdu la vie ; ils reposent ici. Depuis quelque temps, un grillage protège le site.
Nous descendons un chemin empierré, au milieu des conifères, et atteignons le CR 335. De l’autre côté de cette route, nous empruntons un sentier au bord de la Woltz jusqu’à une passerelle en bois ; celle-ci permet de franchir la rivière et de passer sous la ligne de chemin de fer. Ce bel ouvrage a été créé spécialement pour l’Eislek Trail (nous en parlerons lors de la prochaine étape).
Pendant deux kilomètres, nous marchons sur de larges chemins, empierrés ou herbeux, à quelques mètres de la voie ferrée. Cet agréable parcours nous amène à l’entrée de Clervaux où nous traversons, près de la gare, la ligne de chemin de fer ainsi que la Clerve.
En avançant vers le centre-ville, nous découvrons, en face de la gare, la chapelle Notre-Dame de Lorette. Consacrée à « Marie Immaculée, Santé des Malades », elle se trouve dans l’ancienne propriété des comtes de Clervaux et a été érigée, en 1762, dans un style baroque tardif.
Plutôt que de suivre l’itinéraire, nous effectuons un petit détour afin d’admirer l’église des Saints-Côme-et-Damien avec son impressionnant double clocher. Située sur une crête rocheuse, elle a été construite, entre 1901 et 1911, dans un style néo-rhénan.
Non loin de l’édifice religieux, se dresse, sur un éperon rocheux, le château. Datant du XIIe siècle, il a été érigé en étapes successives. La construction des parties les plus anciennes, notamment l’aile ouest, est attribuée à l’initiative du comte Gérard de Sponheim, frère du comte de Vianden. Dans les siècles qui suivent, le château s’agrandit et se transforme sous l’impulsion de la maison de Brandenbourg, et de la famille de Lannoy. Détruit en décembre 1944, pendant l’offensive des Ardennes, le château est acquis par l’État et entièrement restauré. À partir des années 1970, le château est réinvesti par différentes institutions qui occupent dorénavant ses salles.
Nous quittons Clervaux en franchissant la Clerve qui enserre la cité dans un de ses méandres. Nous grimpons le long de la N18 puis, près d’une maison de repos, nous quittons cette route pour un chemin asphalté montant (de 370 à 467 mètres d’altitude) vers le plateau agricole. En nous retournant, nous découvrons l’abbaye bénédictine Saint-Maurice qui domine majestueusement la vallée. Ce bâtiment de style néo-roman a été érigé, en 1909-1910, par les moines bénédictins de l’abbaye Saint-Maur de Glanfeuil (Maine-et-Loire, France).
Après environ 500 mètres entre les champs de maïs, nous pénétrons dans une forêt (essentiellement des résineux) dans laquelle nous allons progresser durant quatre kilomètres jusqu’au terme de cette étape. Il est près de 17h quand nous atteignons la gare de Drauffelt.