Camino : Triacastela → Sarria (23 km) - mai 2025
Pour info : le parcours décrit ci-dessous emprunte, sur la fin, une variante (partiellement balisée) pour éviter un tronçon de 5 km proche de la route.
En 1228, le roi Alfonso IX fonda Vilanova de Triacastela. La cité, comme mentionné dans le Codex Calixtinus, devint un lieu stratégique sur le chemin de pèlerinage en tant que terminus de la onzième étape qui débutait à Villafranca del Bierzo.
Lieu important au Moyen Âge, on peut supposer que plusieurs centres d'assistance aux pèlerins existaient. L'un de ces hôpitaux était peut-être lié à l'église paroissiale dédiée à Santiago.
L’église conserve encore la quasi-totalité de son plan roman d'origine de la fin du XIIe siècle à l’exception de la tour, de style baroque, ajoutée en 1790. Sur le clocher à trois niveaux, on peut voir les trois châteaux qui sont à l’origine du nom de la ville.
Le rez-de-chaussée de l'hôtel de ville abritait l'une des rares prisons destinées aux pèlerins, ou plutôt, à ceux qui prétendaient l'être. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, le pèlerinage forcé à Saint-Jacques-de-Compostelle figurait parmi les peines infligées par les tribunaux ecclésiastiques et civils de nombreuses villes d'Europe. La distance et la durée du pèlerinage « expiatoire » étaient déterminées en fonction du crime commis.
Dès la sortie de Triacastela (663 m d’altitude), un choix d’itinéraire se présente à nous. Soit prendre vers la gauche, en direction du village de Samos, où l’on peut visiter le monastère bénédictin, fondé au VIe siècle, puis remonter vers le nord pour rejoindre le parcours « officiel ».
L’autre option, plus traditionnelle et directe (18 km au lieu de 25 km par Samos), s’en va vers la droite. Ce parcours, via San Xil, est annoncé comme étant bien plus bucolique et traversant quelques villages pittoresques ; nous optons pour cet itinéraire.
Nous passons devant la « Casa da Ponte ». Cette forge, datant du XVIe siècle, servait également d'auberge pour les pèlerins, ce qui est parfaitement compréhensible dans le contexte jacobéen, puisque les pèlerins y recevaient leurs repas et que leurs chevaux y étaient ferrés.
Le premier kilomètre se passe sur une petite route montant doucement sous les chênes et les châtaigniers. Nous prenons un chemin bétonné franchissant le ruisseau de Balsa avant d’emprunter, sur la gauche, un chemin de terre montant vers A Balsa.
Dans ce hameau (749 m d’altitude), nous découvrons la chapelle San Antonio, dont l’intérieur semble à l’abandon. De plan rectangulaire, avec ses murs enduits à la chaux, elle possède un petit retable néoclassique du XIXe siècle.
Après avoir, à nouveau, franchit le ruisseau de Balsa, nous nous éloignons d’A Balsa en empruntant un agréable « corredoira ». Ce chemin creux, sous les châtaigniers, avec ses murets recouverts de mousse monte jusqu’à retrouver la route suivie en début d’étape.
Au bord de celle-ci, se trouve une imposante fontaine (fonte dos Lameiros) décorée d’une coquille Saint-Jacques.
Au-delà de cette fontaine, le Camino Francés atteint San Xil, mais évite cependant le centre du hameau pour continuer sur la route qui monte en pente douce, durant 2,5 km. Par moments, nous profitons, sur le côté gauche, de beaux panoramas.
Arrivés à 893 m d’altitude (point culminant de l’étape), nous quittons l’asphalte pour descendre, sur la droite, un chemin forestier. Celui-ci nous amène, en un kilomètre, à Montán (750 m d’altitude).
Au bas de la descente, nous rejoignons la LU-P-5602, une route départementale qui nous tiendra souvent compagnie durant les six prochains kilomètres. Nous passons devant l’église romane Santa María et y découvrons un premier cimetière typique de la Galice.
Nous quittons la route pour monter un chemin bétonné entre les maisons du hameau ; l’une d’elles abrite un « donativo » où l’on peut se ravitailler en fruits et légumes.
À la sortie de Montán, nous descendons un agréable chemin de terre, bordé de chênes, qui rejoint, après 900 m, la LU-P-5602. Ce tronçon traverse le hameau de Fontearcuda, composé de quelques fermes, qui tirerait son nom d’une source d’eau intarissable.
Le Camino Francés emprunte la départementale mais, alors que celle-ci va faire une boucle, il l’abandonne, après 200 m, pour un sentier descendant vers le ruisseau de Nabares das Barxelas. Grâce à une dalle de pierre, nous franchissons le cours d’eau.
Nous revenons à la LU-P-5602 et marchons au bord de celle-ci pendant 1,4 km. Seule petite entorse à ce trajet, un détour par le hameau de Furela pour y effectuer une petite pause devant la charmante chapelle San Roque.
Nous nous éloignons de la route pour emprunter un chemin de terre descendant, entre les prairies, vers Pintin (623 m d’altitude). À la sortie du hameau, nous poursuivons la descente, sur une sente forestière, pour rejoindre la départementale.
Un peu à l’écart de la LU-P-5602, traversée une dernière fois, nous apercevons l’église San Esteban de Calvor ; son origine remonterait au VIIIe siècle. Nous descendons un sentier et, peu avant le retour sur le tracé « officiel » de la variante passant par Samos, nous quittons l’itinéraire du Camino Francés.
S’il ne reste que 5 km jusqu’à l’arrivée Sarria, ce parcours s’effectue presqu’exclusivement le long de la LU-P-5602. L’itinéraire que nous choisissons est deux fois plus long, mais il permet, sur les cinq derniers kilomètres, de profiter d’un magnifique tronçon au bord de la rivière Sarria.
Nous descendons vers le hameau de Perros et, malgré le rappel à l’ordre de quelques autochtones voulant rendre service à ces deux pèlerins égarés, nous continuons notre progression.
Nous franchissons, une première fois, la Sarria avant d’emprunter un chemin de terre rejoignant le cours d’eau. De l’autre côté, nous suivons un chemin herbeux (envahi par les orties) jusqu’aux premières maisons de Lier ; hameau situé sur l’autre rive.
Après la pause de midi, sous l’auvent de l’église Santa Maria, nous marchons, pendant deux kilomètres au bord d’une petite route, quasi sans circulation, aboutissant à la LU-633. Nous traversons la route et suivons la voie d’accès menant, de l’autre côté de la Sarria, aux quelques maisons de Pedrachantada.
C’est à la sortie de ce hameau que débute le plus beau tronçon de l’étape. Pendant cinq kilomètres, nous évoluons sur la « Ruta da Foz das Aceas ». Ce sentier balisé, sans difficulté, longe la rivière ; le parcours (normalement en boucle) comprend plusieurs passerelles et escaliers.
Sur le trajet, on peut voir quelques vestiges d’« aceas ». Ce mot galicien désigne un type de moulin qui recevait et transmettait la force motrice de l'eau de la rivière à un mécanisme actionné par une roue verticale, généralement en bois.
À l’entrée de Sarria, tandis que nous retrouvons le Camino Francés, nous franchissons, une dernière fois, la rivière. Celle-ci prend sa source dans la Serra do Oribio ; elle traverse Triacastela et Sarria avant de se jeter, à Láncara, dans la Neira, un affluent du Miño. En amont de Sarria, la rivière est souvent appelée l’Oribio.
En chemin vers notre hébergement, nous découvrons une grande fresque rendant hommage à Elías Valiña (voir étape précédente).
